Note du Blog : Feu le Professeur Faurisson avait perdu de vue cette transcription d’un entretien oral avec une personne dont il ne se souvenait pas de l’identité, et a ainsi omis de la faire publier dans le tome V de ses Ecrits Révisionnistes (1999-2004) comme dans les tomes ultérieurs. C’est le 7 septembre 2018 qu’il nous a adressé par voie postale les 16 pages et demi du texte avec la note manuscrite suivante, qui reprend quelques points exprimés dans l’additif sous forme de note qu’on lira à la toute fin de la présente publication :
Je prends connaissance de la transcription de cet entretien treize ans plus tard, en avril 2012. En 2012 j’apporterais des modifications. Par exemple, je serais moins indulgent avec les Américains et je rappellerais le leitmotif de mon père (dans les années 1970) : « Les Américains sont des voyous ; ils nous mènent à l’abîme »). Pour ce qui est des juifs, je mettrais plus en cause les organisations juives que les individualités juives ; j’ai conservé de bonnes relations avec Jacob Assous, que j’ai reçu à Vichy.
***
Interviewer
Professeur Faurisson,
j’aimerais connaître votre sentiment intime sur Hitler et sur les juifs,
sentiment que vous n’avez peut-être pas complètement exprimé dans vos écrits et
interviews publiés jusqu’ici.
Robert Faurisson
La question est difficile. Effectivement, j’ai dû être prudent dans mes
écrits notamment à cause de la loi Fabius-Gayssot qui interdit de remettre en cause
une partie, et une seule, du jugement de Nuremberg et qui prévoit de lourdes
peines à l’encontre de ceux qui contesteraient certaines affirmations des juges. J’ai défié
cette loi mais je ne suis pas allé jusqu’à exprimer le fond de ma pensée. Vous
me prenez en plein combat et il m’est présentement difficile de faire une pause
et de faire le point. Faire le point pour aller plus loin suppose que l’on
admette qu’il n’y a jamais eu de génocide des juifs ni de chambre à gaz nazie
et que le chiffre de six millions de morts est fictif, symbolique, en tout cas
faux. Si l’on part de là et du fait qu’un certain nombre d’affirmations aussi
bien acceptées que celles-là sont fausses, on est obligé de procéder à une
révision si profonde qu’il y faut du temps, du calme et l’absence de crainte.
Or, le temps, je n’en ai guère, et la crainte, elle est toujours là. Voilà
pourquoi il m’est difficile de vous répondre.
Interviewer
Je trouve pourtant que vous
n’avez pas eu beaucoup de crainte dans vos écrits car, même si vous n’êtes pas
allé au fond de votre pensée, vous dites tout de même des choses qui vous ont
valu des sévices, des poursuites, des persécutions !
RF
Oui, mais je vous étonnerai peut-être en vous disant que je pense avoir
été raisonnable, que j’aurais peut-être pu aller plus loin et que je me suis
réfréné. Vous allez me dire : à ce compte là, vous nous cachez quelque
chose, que vous auriez pu dire si vous aviez été libre, comme on l’est par
exemple aux Etats-Unis, qui sont le seul pays au monde où l’on soit vraiment
libre de s’exprimer sur ce sujet. Il n’est pas vrai qu’en Chine, au Japon ou
même dans certains pays arabo-musulmans on soit libre de s’exprimer sur ce
sujet-là. Par exemple, si je suis dans un pays arabo-musulman, je pourrai dire
que je ne crois ni au génocide ni aux chambres à gaz nazies ni aux six
millions. Mais si j’ouvre le chapitre des faux dans l’autre sens – car il faut
toujours juger d’un faux par rapport à d’autres faux, en fonction de l’histoire
des faux et des croyances – à ce moment-là je risque de dire : « Partout,
chez vous, je trouve Les Protocoles des sages de Sion ; c’est un
faux grotesque, on s’en aperçoit quand on en a lu trois lignes ». Ou
bien : « Vous êtes là à nous parler de la religion musulmane d’une
façon qui me paraît, à moi, aberrante. Les propos que je pourrais être amené à
tenir sur la religion musulmane pourraient vous offusquer, vous offenser,
pourraient me conduire en prison ». Si je dis que je ne fais guère de différence
entre toutes les religions, toutes les croyances, il y a beaucoup de gens que
je vais offusquer … .
Int.
Oui, on offense toujours
quelqu’un en disant la vérité …
RF
Je ne sais pas si c’est la vérité mais je dis pour l’instant ce que je
crois être exact.
Int.
Stendhal aurait dit :
« Tout bon raisonnement offense. »
RF
C’est bien possible, je n’en sais rien, c’est trop vague ; alors je ne peux
pas dire si je suis d’accord ou non. Mais, voyons, vous me demandez ce que je
peux penser d’Adolf Hitler. Je vais vous dire d’abord ce que j’en ai pensé au
cours de ma vie. D’abord, beaucoup de mal, puisque j’ai partagé sur ce sujet
les opinions de ma famille, de mon entourage, je pourrais presque dire du
peuple français tout entier à une époque. J’ai considéré que les Allemands
n’étaient pas des êtres humains ; mais ça, ce sont des opinions d’enfant
et d’adolescent. Je pourrais dire que j’ai commencé à virer ma cuti peut-être
en août 1944, quand j’ai vu en action le glorieux maquis, dans mon coin de
Charente limousine. Il y avait des gens que je détestais, les Allemands, et des
gens que j’admirais, les Résistants, et, c’est une expérience que tout le monde
fait dans sa vie, je me suis peu à peu rendu compte que les gens que j’admirais
n’étaient pas à ce point admirables. J’ai vu d’abord la lâcheté de ces glorieux
maquisards, battant en retraite devant une unité allemande qui était en train
de remonter vers le Nord. Et puis surtout, il y a eu dans ce coin une épuration
abominable. Il y a eu des exécutions, des tortures, y compris dans mon petit
village de La Péruse. Je viens d’apprendre que celle qu’on appelait la
Tueuse vient de mourir, mais avant de mourir, elle a fait mourir bien du
monde, cette dame ! Donc, j’ai été déçu déjà en août 44, mais j’ai
continué à être très anti-allemand jusqu’au 8 mai 1945. A cette date, j’étais à
Paris, 68 rue de Vaugirard, au cinquième étage, lorsque le matin, tout d’un coup,
nous avons entendu les cloches ou les sirènes, je ne me souviens plus, qui nous
annonçaient la cessation des combats en Europe. Mon père est entré dans ma
chambre, nous avons ouvert la fenêtre, nous avions donc compris que c’était la
fin, et il m’a posé une question que j’ai trouvée tout à fait gênante. Il m’a
dit : « Robert, est-ce que tu es heureux ? ». Je n’étais pas
habitué, dans ma famille, à ce genre de question intime. Alors, pour me
débarrasser du questionneur, j’ai répondu : « Oui ». Mais sur le
moment, j’ai ressenti, pour la première fois de ma vie, une grande tristesse
pour ce peuple allemand contre lequel j’étais totalement braqué, prêt à croire
n’importe quoi. Le 8 mai 1945, j’ai pensé : ce qui est une joie pour nous
doit être au fond terrible pour ce peuple complètement écrasé…
Int.
Et qui allait subir peut-être
des sévices pires que ceux…
RF
Je n’y ai pas pensé ! Je n’ai pas pensé aux sévices qu’il pouvait
subir et je ne crois pas qu’en mai 45 j’aie été au courant des sévices qu’il
subissait déjà depuis un bon moment dans la partie occupée soit par les
Soviétiques, soit par les Anglo-Franco-Américains. Les sévices n’ont pas
commencé dès l’occupation des villes allemandes ; peut-être que les
Américains ont eu un comportement à peu près correct à ce moment-là. C’est
lorsque a été lancée la grande opération, le show du général Eisenhower à
propos des camps de concentration, que les Allemands ont été terriblement
maltraités par les Américains, les Anglais et les Français ; pour les
Soviétiques, c’était déjà fait. Il faut bien voir que cela commence
probablement vers la fin de la première quinzaine d’avril 45. Vers le 10-12
avril s’opère un revirement dans l’occupation de l’Allemagne, occupation qui
deviendra totale le 8 mai 1945.
Je n’ai donc pas pensé aux sévices, j’en suis sûr, mais simplement au
fait qu’il s’agissait d’un peuple vaincu, après une terrible bataille. A propos
de cette tristesse soudaine, je me suis demandé, longtemps après, si ce n’était
pas celle qu’on ressent lorsqu’on vient d’atteindre un but longtemps recherché.
Toute l’énergie tendue vers ce but se trouve désœuvrée en quelque sorte, on ne
sait plus quoi en faire, c’est presque physiologique. Je me rappelle avoir
éprouvé ce sentiment lorsque j’ai passé l’agrégation : j’ai été ensuite
complètement démoralisé, j’ai passé un été affreux !
Int.
On dit que les femmes
enceintes, lorsqu’elles ont accouché, ont parfois un moment de dépression, même
si le bébé est magnifique.
RF
Oui, on est en train de faire de la psychologie de comptoir …,
mais c’est pour vous dire à quel point c’était sincère. Quelques années après,
j’ai commencé à m’intéresser à l’Epuration, que j’ai trouvée abominable. J’ai
trouvé, par la suite, terrible qu’on ait fusillé Brasillach, mais sur le
moment, le 6 février 1945, je ne l’ai même pas noté. Puis, il y a eu le contact
avec certains camarades de cagne et le livre très important de Maurice Bardèche
Nuremberg ou la Terre promise
(1949). Je me vois près du Sénat, près des grilles du jardin du Luxembourg, avec
quelques camarades de cagne, et je dis que ce qu’on fait à Goering, à ce
moment-là, à Nuremberg, est infâme, et je me souviens que ceux qui m’ont
entendu ont été outrés.
Int.
Est-ce qu’il a été torturé,
Goering ?
RF
Non, mais ils ont subi cette forme de torture qui consiste par exemple à
ne pas pouvoir dormir. A partir d’un certain moment, ils ont eu dans leur
cellule une lumière crue le jour et la nuit. De la part des Américains,
c’était, paraît-il, pour éviter qu’il y ait un autre suicide, car il y avait eu
celui de Robert Ley. Ils ont exigé que les prisonniers dorment dans une seule
et même position, sur le dos et les deux mains sur les couvertures et avec la
lumière en pleine figure. Pas question de se protéger les yeux. Imaginez ces
gens-là : leur pays venait d’être vaincu dans des conditions abominables,
leur parentèle était arrêtée ou menacée de l’être, ils ne savaient pas ce que
leurs parents étaient devenus ou leurs enfants, il y avait du chantage. On peut
prendre l’exemple de l’un d’entre eux qui était père de dix enfants… [Int. Goebbels ?] Non, pas du tout, Goebbels n’était pas au procès de Nuremberg,
il s’était suicidé [Int. Oui, avec sa femme après avoir endormi pour
toujours leurs six enfants.] Il s’agit de Sauckel, il était chargé du recrutement
pour le travail obligatoire. Il y avait aussi toutes sortes de tortures
psychologiques…
Int.
Vous avez le livre de Bardèche,
celui de Rassinier aussi ?
RF
Oui, bien sûr, j’ai tous les livres de Rassinier, les deux livres de Bardèche et sa
Lettre à François Mauriac, qui est très bien, sur l’Epuration. J’ai
rencontré par la suite Maurice Bardèche, mais beaucoup plus tard. Bref,
j’essaie d’en venir à votre question, c’est-à-dire à Adolf Hitler. Je vais vous
faire une confidence : je n’arrive pas à être naturel avec les Allemands.
J’ai eu trop de haine autrefois pour eux, on m’a raconté trop d’histoires à
leur propos et il doit en rester quelque chose. J’apparais à beaucoup comme un
défenseur des Allemands ; en réalité, je suis un peu comme François
Brigneau à ce sujet. Il parle de l’ironie de l’histoire qui veut que, lui, qui
est beaucoup plus porté vers les Anglais que vers les Allemands, il se trouve
en quelque sorte en train de défendre les Allemands contre les Anglais.
Moi-même, je suis à moitié Anglais ou Ecossais et j’éprouve beaucoup plus
d’attirance pour le monde anglo-saxon et en particulier pour les Américains. A
l’égard des Allemands, je suis toujours un peu sur la réserve. Je fais
exception par exemple pour Ernst Zündel qui est d’origine allemande et reste
profondément allemand, mais qui a vécu si longtemps au Canada français et au
Canada anglais qu’il en a pris la teinte.
Int.
Peut-être n’aimez-vous pas chez
les Allemands leur esprit systématique, leur manie de l’ordre ?
RF
Cela se dit d’un mot : la lourdeur.
Int.
Cela se sent dans le langage,
ils ont besoin de précision excessive.
RF
Ils ont, ces gens-là, beaucoup de qualités, mais cette lourdeur me fait
souffrir. Je connais quelques exceptions, elles sont rarissimes. J’ai beaucoup
de difficultés notamment avec mes traducteurs allemands. Dès que j’introduis
une nuance, elle leur échappe. Maintenant, je suis peut-être mal tombé. J’ai
beau leur dire : traduisez-moi en évitant toute formule qui soit un peu
familière, par exemple si je dis : cacher ou dissimuler,
n’utilisez pas cette expression très courante en allemand : glisser sous le
tapis. Non, je ne glisse rien, je ne reproche à personne de glisser quelque
chose sous le tapis, je reproche de cacher ou de dissimuler. Que fait le
traducteur ? Il me met : glisser sous le tapis ! et il
ajoute : c’est très courant en allemand. Je n’ai jamais dit que c’était
courant ou pas courant, je lui ai dit : ne faites pas cela. Et il le fait.
Non par entêtement mais parce que quelque chose lui a échappé, dès que c’est un
peu nuancé. Par exemple, je me souviens d’avoir employé l’expression qui est
recherchée et pas très claire de compensation sensorielle. En effet,
j’ai remarqué que le faux témoin ne pouvant pas utiliser parmi les cinq sens
ceux qui sont les sens privilégiés du témoignage, à savoir la vue et le
toucher, compense cela par les trois autres sens. « Il a senti, il
a humé, il l’a eu dans la bouche, il l’a entendu. »
Par exemple, dans les histoires de crématoire, de gazage, ils n’ont pas vu, ils
n’ont pas touché le mur, mais c’était là, c’était dans l’air etc. Donc,
j’emploie compensation sensorielle, j’insiste là-dessus, et mon Allemand
traduit par confusion des sens !
Int.
Tout cela pour dire que vous
n’avez pas de… pour ce peuple que vous avez
été amené à défendre pour des raisons objectives et à la suite de ce que vous
avez appris.
RF
Revenons à Adolf Hitler, pour dire que ses discours me mettent mal à
l’aise. Je ne comprends pas ses façons de parler, même si la situation est
dramatique. Je ne marche pas, je rentre dans ma coquille, je n’aime pas cela.
Int.
En tout cas, les Allemands ont
marché, eux, ils ont été séduits…
RF
Moi, cela ne m’aurait pas séduit, cela m’aurait immédiatement fait
rentrer dans ma coquille.
Int.
… et les documentaires qui sont
passés à la télévision française montrent en Hitler un personnage convaincu,
sincère, enthousiaste, enflammé, et c’est peut-être ce qui a séduit le peuple
allemand.
RF
Oui, je pense que les hommes politiques en général ne donnent pas
l’impression qu’ils sont sincères ; Adolf Hitler, quand il parle, donne
l’impression qu’il est sincère. Cela me met mal à l’aise ; un tel jugement
paraît bien superficiel mais cela va teinter tout le reste…
Int.
Autrement dit, si vous avez été
amené à réviser votre jugement sur Hitler, c’est plus pour des raisons
d’enquête intellectuelle que pour un sentiment personnel, inné, subjectif, non
communicable, etc. [RF Certainement.] Ce n’est pas une sympathie.
RF
Non, ce n’est pas une sympathie. Cela va même plus loin, c’est une
certaine incompréhension. Il y a des choses que je ne comprends pas. Je ne
crois pas du tout à ce qu’on appelle la responsabilité particulière d’Adolf
Hitler dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Je ne marche pas.
Je trouve que ces responsabilités sont indiscernables. On peut considérer que
Roosevelt porte une très lourde responsabilité ou Churchill ou la France ou
l’Union Soviétique ou la Pologne. On oublie toujours le comportement de la
Pologne.
Int.
Tout cela, vous l’avez écrit,
mais il serait peut-être utile que vous développiez ce point : qui est
responsable de cette guerre ?
RF
Alors, voici. Dans le cas d’un conflit mondial, il n’est pas possible, il
n’est pas sérieux de dire que les responsables sont ici et non pas là.
J’illustrerai cela par une anecdote. Un jour, ma fille, qui devait avoir neuf
ou dix ans, m’a demandé : « Mais, qui est responsable de la guerre de
1914 ? » [Int. Bonne question, question d’enfant.] Alors,
quelques jours après, dans une salle des professeurs, j’ai eu la chance de
trouver trois ou quatre professeurs d’histoire. Il me semble que, parmi eux, il
y avait Jean Lesquibe. Je leur ai dit : voici la question posée par ma
fille. Eh bien ! cher ami, vous auriez dû entendre ce silence. Ces
professeurs bavards sont devenus muets comme des carpes et ont commencé à
bredouiller des explications et, au terme de toute une discussion, sans chaleur
particulière d’ailleurs, on pouvait conclure que la responsabilité de la guerre
de 14 incombait… au Tsar, tout bien pesé, et encore ils n’en étaient pas sûrs.
Cela m’a marqué, cette conversation. Je me suis dit : « Voilà des
gens qui se sont étripés, ç’a été un massacre abominable et on n’est pas
capable de dire qui a été responsable ! Et encore moins pourquoi
cela avait eu lieu ». Je parle de la responsabilité, on ne peut pas
le dire, et je pense qu’il est honnête de conclure qu’on ne peut
pas le dire.
Int.
C’est comme dans Les Voyages de
Gulliver de Swift où une guerre sans merci éclate entre les Grosboutistes et les
Petitboutistes, entre les partisans de ceux qui veulent casser les œufs par le
gros bout et ceux qui veulent les casser par le petit bout ! Quant à moi,
je pense que l’agressivité humaine étant ce qu’elle est, ainsi que la mauvaise
foi qui refuse de voir avec lucidité les responsabilités que l’on peut avoir,
sont des explications psychologiques fortes de toutes les guerres.
RF
Ce qui est important, je crois, c’est de s’abstenir… [Une interruption
a lieu dans l’enregistrement. La fin de la phrase doit être : s’abstenir
de trouver un bouc émissaire responsable de tous les maux et qui dispense de
reconnaître ses propres responsabilités. L’enregistrement reprend ensuite sur
les considérations suivantes :] J’en étais à vous raconter l’anecdote
suivante : j’étais en voiture entre Los Angeles et San-Francisco et le
chauffeur de la voiture, me montrant ces vastes espaces, me dit :
« Dire qu’en Europe on s’est battu pour de tout petits lopins de terre, c’est incroyable ! »
Et en effet, c’est tout à fait mesquin. Et j’ai pensé que si Adolf Hitler avait
fait un tour aux Etats-Unis, s’il avait vu d’abord l’immensité géographique des
Etats-Unis – il faut la voir, il ne suffit pas de la contempler sur un
globe ou un planisphère – et s’il avait vu la capacité qu’ont les Américains de
construire du jour au lendemain une industrie quelle qu’elle soit, il se serait
dit : « Méfiance ! Si j’ai ces gens-là contre moi, je risque
d’aller dans le mur. » C’est un homme qui a fait la guerre de 14-18 et il
n’a pas vu que le XXe allait être le siècle des Etats-Unis, et non le siècle du
communisme. Quant au national-socialisme, attention ! Hitler n’a jamais
pensé que c’était une denrée à exporter ; il voulait conserver le
national-socialisme pour l’Allemagne, l’Autriche, etc.
Int.
Bien. Je résume ce que je crois
être un premier point de ce que vous venez de développer, à savoir le caractère
de Hitler qui s’est pris d’enthousiasme pour une entreprise dont il n’a pas vu
l’impossibilité et qui a donc commis une erreur stratégique. Mais on pourrait
maintenant se demander quel était le projet fondamental de Hitler et ce qu’il
valait. Est-ce que c’était un projet fou, monstrueux ou bien est-ce qu’on peut
encore le défendre ?
RF
Ni fou ni monstrueux, mais démesuré, et en même temps cela témoignait
d’une certaine étroitesse
d’esprit. Démesuré en ce sens qu’il voulait non seulement réparer le traité de
Versailles, c’est fondamental, refaire des Allemands une communauté vivante non
diminuée, c’est sûr, mais en plus s’étendre vers l’Est, ce qu’il appelait Drang
nach Osten, la poussée vers l’Est. C’est très Sturm und Drang tout
cela. Drang, cela veut dire : il
n’y a rien de stable, il faut faire une poussée vers l’Est. Il n’est pas
question de s’en prendre à la France ni à la Grande-Bretagne.
Int.
Croyait-il à la supériorité du
peuple allemand ? Il ne semble pas.
RF
Si. Je pense qu’il croyait que c’était vraiment le cœur de l’Europe et le
meilleur. Mais méfiez-vous à propos du racisme d’Hitler ! Pour lui, la
race, ce n’est pas quelque chose qui est en arrière, c’est quelque chose qui
est en avant. « Fais ton enfant meilleur que toi », c’est-à-dire
qu’il faudra aller vers une race qui soit meilleure que celle qui existe. C’est
l’amélioration de la race, pas chevaline mais humaine. Il y a chez cet homme
une idée de l’avenir, du mouvement, mais, pour lui, en résumé, les Etats-Unis
n’existaient pas vraiment comme puissance dangereuse, capable d’affronter
l’Europe et même de la vaincre. L’ennemi, c’était par exemple le communisme, et
peut-être partageait-il les peurs de toute une partie de ce siècle, en tout cas
pendant soixante-dix-sept ans au moins, la peur, en France, du succès du
communisme. Il est évident que si l’on ne parle pas de cette peur du
communisme, on ne peut pas comprendre cette guerre. Mais ce qu’il fallait voir,
c’était les Etats-Unis. Je pense qu’un homme aujourd’hui qui n’a pas mis les
pieds aux Etats-Unis et n’a pas su ouvrir les yeux sur cette puissance ne peut
pas porter un jugement aussi bien sur les Etats-Unis que sur le reste du monde.
Int.
Je vais vous poser une question
très indiscrète. Malgré ces erreurs de jugement que vous venez d’expliquer, ce
projet de Hitler était-il valable, avait-il raison de lutter contre le
communisme, de vouloir s’étendre non pas indéfiniment mais, si j’ai bien
compris, un peu vers l’Est, d’améliorer, oui, la race allemande, de réparer le
traité de Versailles, faire le bien de son peuple ? Est-ce que, malgré ces
erreurs et l’impossibilité de le réaliser, ce projet était bon ?
RF
Non, il n’était pas bon. Les intentions étaient, pour certaines d’entre
elles en tout cas, bonnes, mais s’il y a de l’aveuglement, si on ne prévoit pas
les conséquences possibles… Je prendrai une comparaison. Je suis dans la rue et
c’est un aveugle qui veut me montrer
le chemin. Il peut avoir les meilleures intentions du monde, tenir des propos
raisonnables, je peux lui faire confiance, lui confier mon portefeuille, il
reste un homme qui ne peut pas vraiment
me montrer le chemin à suivre. En France, on est souvent anti-américain
d’une façon bête et les intellectuels en particulier se permettent de juger les
Etats-Unis d’une façon que je trouve sommaire. Je les vois bien les défauts des
Américains, et puis laissez-moi vous dire qu’il n’y a pas mieux pour se moquer
des Etats-Unis que les Américains eux-mêmes. Ils ont fait des films en quantité
pour tourner en dérision le système de vie américain. Donc Hitler était un peu
casanier, il pouvait avoir des vues magnifiques mais il n’avait pas de vision
globale. Il voyait un globe terrestre avec des puissances qui pouvaient être
pour lui en état de décomposition et qui s’appelaient les démocraties anglaise
et française et là, il se trompait un peu, à mon avis. Il voyait des puissances
redoutables comme l’Union Soviétique, le communisme international. Il voyait la
puissance juive et là je dis qu’il voyait clair. Je me compromets en disant
cela. Mais pour le reste, que d’aveuglement, me semble-t-il !
Int.
Néanmoins, dans ce projet de
Hitler, tel qu’on tente de le reconstituer, il y a peut-être de bonnes choses,
par exemple sa lutte contre le communisme. Le communisme, d’une certaine
manière a gagné, même si l’Union Soviétique s’est effondrée…
RF
Non, le communisme a perdu.
Int.
Dans les idées ? Le
communisme est ambiant, il est à la télévision, dans les média, partout…
RF
Non, non, je sais qu’on le dit, mais je n’appelle pas cela communisme.
Int.
Ou dans sa version affadie du
socialisme…
RF
Oui, mais quand c’est affadi justement, ce n’est plus du communisme. Cela
s’est tellement affadi que le parti communiste français, ce n’est plus
grand-chose, et ce n’est pas l’avenir.
Int.
Par son poids politique,
peut-être, mais, par l’influence des idées, le parti communiste a gagné…
RF
Non, non, ce qui gagne, c’est l’idéologie des droits de l’homme,
l’antiracisme, etc. mais ce n’est pas le communisme. Vous connaissez le mot de
Céline, déjà, à propos de Krouchtchev, Malenkov et Boulganine. (Il les appelait
BKM, comme le Bacille de Koch !) Il notait déjà combien par rapport à
Staline ils faiblissaient. Staline, c’était ce qu’on appelait la dialectique du
tank ! Eh bien, Céline disait d’eux : « Ils tortillent du tank,
ils dialectalotent ». Céline, c’était un devin, une chienne de traîneau,
en tête, qui savait repérer les crevasses, les abîmes, etc. Mais revenons à
Hitler. Il voyait donc dans le communisme un danger énorme, une puissance
considérable et il avait raison, mais il y avait quelque chose de beaucoup plus
fort que le communisme, c’était les Etats-Unis d’Amérique. Il s’est représenté
le fantassin américain qu’il avait pu connaître en 1917-18 et qui probablement
n’était pas extraordinaire.
Int.
Un deuxième point qu’on
pourrait peut-être mettre à l’actif de Hitler, c’est l’amour de la nature. Nous
constatons aujourd’hui dans nos démocraties un magnifique désintérêt, un mépris
envers la nature dont l’homme peut faire ce qu’il veut, puisqu’il est
« maître et possesseur de la nature ». Peut-être y avait-il chez
Hitler un respect de la nature que
nous ne connaissons plus. Un troisième point, c’est la résistance de cet homme
face à la montée de l’art moderne que personnellement je considère – dans
l’ensemble car il y a des exceptions – comme une profonde décadence et comme la
négation même de l’art. De même, Tartuffe niait la religion tout en s’en
réclamant. Voyez par exemple ces tas de ferraille qu’on installe comme œuvres
d’art avec arrogance et à grands frais aux carrefours. Hitler a essayé de
lutter contre cette décadence, maladroitement sans doute, sans succès, avec
exagération. J’essaie de faire l’avocat du diable – le diable c’est
Hitler ! – et je vous demande si vous iriez dans cette direction ou non.
RF
Pour ce qui concerne la nature et l’environnement, il semble qu’on soit
obligé de vous donner raison. Il apparaît de plus en plus qu’il existait en
effet dans le monde national-socialiste un souci de ces valeurs-là qui
n’apparaît pas chez nous quarante ans après, et l’Allemagne était en avance
dans ce domaine-là comme en beaucoup d’autres. Bien. Mais, encore une fois,
vous me parlez d’intentions et moi, je vais vous parler de résultats. Le
résultat, c’est une Allemagne qui est complètement dévastée, qui a connu un
désastre écologique, environnemental sans précédent.
Int.
Parce qu’elle a perdu ?
RF
Parce qu’elle a perdu. Vous comprenez, ce qui compte, c’est la dernière
ligne dans la page. On additionne les plus, on retranche les moins, on regarde
le total, il est complètement négatif. C’est comme pour Napoléon, qui a pensé
ceci, qui a pensé cela. Oui, mais le résultat a été une France exsangue. Il a
raté son coup.
Int.
Un peu comme un joueur d’échec
qui part trop vite, mais qui est stoppé à la fin par un autre qui a un jeu plus
solide.
RF
Oui, des coups brillants etc. et, à la fin de la partie, on peut
dire : il a perdu parce qu’il n’a pas vu ceci ou cela. De
même, vous me parlez de l’art … D’abord, il est difficile de juger de sa propre
époque du point de vue de l’expression artistique. Il faut souvent attendre
trente, cinquante ans pour savoir ce qui s’est passé. Mais prenons ce que
Hitler admirait. Il admirait Arno Breker. Moi, je trouve cela très
mauvais ! Ne prenons pas ce que vous trouvez, vous, mauvais, par exemple
peut-être Niki de Saint Phalle. Il y a des moments où je préférerais presque un
tableau de Chagall à une sculpture d’Arno Breker. Je préfère Brancusi à Arno
Breker. Par conséquent, c’est un domaine où il faut se risquer avec beaucoup de
précaution.
Int.
Pourtant, quand nos démocraties
arrivent à exposer dans des endroits dont le mètre carré vaut une fortune, un
tableau monochrome où il n’y a aucune invention, aucun travail, aucune
réalisation … On ne va pas se lancer dans la définition de ce qu’est l’art ou la
beauté, dont d’ailleurs on nous dit aujourd’hui qu’elle n’existe pas !
Est-ce que justement Hitler n’aurait pas été un rempart contre ce que je crois
être une décadence ?
RF
Il ne s’agit pas d’être simplement un rempart, il s’agit de promouvoir
quelque chose. Je fais l’expérience comme tout le monde de salles de musée
consternantes. Je me souviens notamment à Washington d’une salle où l’on
pouvait voir quelque chose qui s’appelait, je crois, les quatorze stations du
Chemin de Croix. C’était quelque chose d’abominable et d’ailleurs il paraît que
les gardiens de cette salle n’étaient pas maintenus plus de huit jours…
Int.
Voilà qui nous change des
gardiens de nos musées qui s’ennuient ferme et somnolent devant les
chefs-d’œuvre qu’ils sont censés surveiller !
RF
… Je me souviens d’un Noir à qui une dame avait dit : « C’est
abominable ! Et vous vivez là-dedans ? » Il lui a répondu, non :
« Oh ! mais Madame, rassurez-vous, ça ne dure que huit jours ! »
Int.
Oui, mais attention ! vous
allez apporter de l’eau au moulin d’un éventuel contradicteur. On va vous
dire : « Donc, cet art-là avait bien une efficacité ! »
RF
Mais attendez ! Une efficacité, laquelle ? C’était une
abomination, mais elle se trouvait dans un musée où par ailleurs il y avait des
choses magnifiques. C’est très américain de laisser les gens s’exprimer et puis
ce qui est le meilleur peut-être surnagera, mais brider, dire : on ne fera
pas ci, on ne fera pas ça … ? Ainsi, à New York, on vient d’exposer des
choses, on ne peut même pas dire que ce sont des tableaux, qui viennent d’une
exposition qui se tenait à Londres où elle avait fait scandale. A New York, le
maire veut couper les crédits au musée qui montre ces choses-là. Je
sais notamment qu’il y a des excréments d’éléphant, dont on fait je ne sais
quoi. C’est certainement lamentable, mais la question est de savoir si vous
avez pour autant à ordonner qu’on fera ceci ou cela dans ce domaine.
Int.
Non, mais le problème, c’est
qu’il y a des journalistes stipendiés pour dire que c’est merveilleux, et
convaincre une masse amorphe et assez méprisable, tout compte fait …
RF
Vous savez, prenez l’histoire de la critique littéraire ou de la critique
de peinture, quel sottisier ! On est en plein dedans, vous comprenez, il
faudrait avoir je ne sais quel regard …
Int.
Je vois que sur ce point je
suis plus sévère que vous. Une autre question me vient à l’esprit : celle
du métissage. En ce qui me concerne, je considère que c’est une mauvaise chose.
Je pense que, dans le projet de Hitler, il y avait tout de même le souci de
« pureté de la race », c’est une expression très mal vue – d’ailleurs «
les races n’existent pas, pas plus que la beauté ! » – en tout cas le
désir de ne pas mélanger les hommes de toute origine. Dans nos démocraties
actuelles, il y a tout de même, je crois, l’illusion que la paix universelle va
naître du mélange universel. Or, l’agressivité des hommes les uns envers les
autres ne demande qu’à s’exprimer, sous le premier prétexte venu. Voyez encore
une fois la guerre des Grosboutistes contre les Petitboutistes. Au Brésil,
paraît-il, des conflits naissent entre les métis plus ou moins noirs ou plus ou
moins blancs, avec même, c’est un comble, une suprématie des plutôt
blancs ! Le métissage ne me paraît pas une bonne chose pour un peuple,
d’autant plus qu’il coupe les racines, il mène à ignorer l’histoire. Or, il y
avait tout de même chez Hitler une résistance à ce processus. Est-ce que vous
me suivez dans cette direction, ou bien quelle est votre position sur ce
sujet ?
RF
Il est vraiment difficile de vous répondre ! Encore une fois, Hitler
ne parlait pas de « pureté de race » au sens de : il y a une
race et il faut la préserver. Il parlait d’améliorer, il regardait l’avenir et
il souhaitait en effet qu’il n’y ait pas de métissage. Pas de mélange des
races, et en tout cas pendant la guerre il y avait des mesures sévères dans ce
domaine-là. Mais il faudrait y voir de plus près parce que ce n’était pas
seulement dicté par un souci racial, c’était aussi autre chose. Je me souviens
qu’à l’un des procès de Zündel [1985 et 1988, à Toronto] était venue témoigner
en notre faveur une Autrichienne qui avait été mise en camp de concentration
parce qu’elle avait eu des rapports avec un Polonais en Autriche pendant la
guerre. Je trouvais cela un peu sévère ! Mais Zündel m’a fort bien
expliqué ceci : « Réfléchissez ! Imaginez un instant que ces
jeunes hommes de la Wehrmacht qui étaient là-bas sur le front apprennent que
leur femme ou leur fiancée pouvait copuler avec les gens de l’arrière,
librement. Il fallait bien prendre des mesures contre ce qui était un facteur
de démoralisation possible ». C’est un élément pour expliquer en temps de
guerre la sévérité de la répression. Cela ne veut pas dire qu’en temps de paix,
il en serait allé de même. Il est difficile de juger une idéologie comme le
national-socialisme, alors qu’il a été pris dans une formidable tourmente
guerrière. Cela en dénature les aspects. On ne sait pas ce qui se serait
produit si la paix avait pu continuer. National-socialisme et guerre, guerre et
national-socialisme sont constamment liés dans l’esprit des gens.
Int.
Je crois qu’un homme cherche,
d’une manière poétique, à voir dans l’enfant la résurrection de l’aïeul qu’il a
aimé. C’est un vieux thème poétique. Or, l’aïeul ne réapparaît plus dans le
métissage.
RF
Il est incontestable qu’Hitler voulait préserver ce qu’on appellera la
race blanche. Il n’empêche que dans toutes ses divisions, musulmanes et autres,
il y avait des quantités de gens qui n’étaient pas du tout de la race aryenne,
y compris dans...
Int.
Je croyais que vous alliez dire
qu’en plus il respectait tout à fait les races noires d’Afrique et des pays
dans lesquels il avait envoyé des missions.
RF
Cela nous ne le savons pas, parce que ce que nous croyons savoir sur le
sujet, méfiez-vous, nous vient de ce qu’on appelle le Testament politique
d’Adolf Hitler, titre tout à fait abusif donné par François Genoud à de
prétendus propos de table d’Adolf Hitler. [Int. Est-ce
authentique ?] Oui, jusque vers 1942, c’est authentique, ensuite,
c’est une fabrication de François Genoud, et c’est très grave, beaucoup de gens
s’y sont laissé prendre. Moi-même, d’ailleurs, à un moment, j’y ai cru,
jusqu’au jour où j’ai voulu voir le texte allemand, et j’ai rencontré François
Genoud et j’ai vu sa gêne et je lui ai posé la question. Donc Hitler est
raciste, il est pour la préservation de la race blanche et contre le métissage.
Et vous me demandez ce que moi, j’en pense…
Int.
Excusez-moi. Il y a au moins
deux acceptions du mot racisme. Croire que la race est une chose intéressante
et bonne est une chose et croire qu’une race est supérieure à une autre et a le
droit, un peu comme chez Aristote pour les esclaves, de dominer les autres,
c’en est une autre.
RF
Oh ! vous savez, ne soyons pas dupes ! Je trouve que c’est une
position de repli et que les gens qui disent : « Ce n’est pas que je
considère que ma race soit supérieure, c’est tout simplement que je veux que
toutes les races puissent, comme la mienne, être préservées », ces gens-là
croient qu’ils appartiennent quand même à une race supérieure. Ils me font
penser à ceux qui prônent « les élites ». Bien entendu, ils
commencent par se mettre dans les élites. Bon, disons les choses bien
franchement. Le racisme est une chose qui me gêne, parce que l’expérience de la
vie m’a amené à me rendre compte que je suis prêt à donner toute mon estime à
tel homme, telle femme qui n’est pas de race blanche.
Int.
Ah ! mais moi aussi !
Mais je vous pose la question toute bête : aimeriez-vous avoir un
petit-fils de couleur ? Avec des lèvres qui ne seraient pas les vôtres, un
nez qui serait différent, et en plus qui ne serait ni d’un type ni d’un autre.
Je crois que la notion platonicienne de beauté a quelque chose à voir avec la
notion de type.
RF
Oui, encore qu’il existe des Noirs qui sont absolument superbes, des
Noirs abyssins. [Int. Absolument, c’est le fond de ma pensée.]
Par conséquent, ils ne sont pas forcément lippus, crépus, etc. Comme tout le
monde, j’ai mon idéal de beauté. Probablement, je vais trouver que telle femme
est belle et vous trouverez, vous, que ce n’est pas le cas. Je suis incapable
d’ailleurs de définir cela. Mais je veux répondre à votre question.
Personnellement, lorsque je me trouve dans certains arrondissements de Paris où
je vois pléthore d’Arabes et de Noirs, eh bien, je suis gêné, cela ne me plaît
pas. Mais je réfléchis là-dessus et je me dis : si je prenais ces gens un
par un et qu’au lieu de la tenue lamentable qu’ont la plupart d’entre eux, je
leur mette une tenue de prince saoudien ou bien d’intellectuel à cravate, tiré
à quatre épingles et que le bonhomme se trouve être fils d’ambassadeur, est-ce
que tout d’un coup mon jugement ne va pas changer ? Eh bien, si, il va
changer ! Donc, ce qui me gêne là-dedans ne serait-ce pas le spectacle
d’une forme de pauvreté répugnante, parce que cela sent mauvais ? Mon
attitude ne serait-elle pas comparable à celle des gens qui, au XIXe siècle, se
pinçaient le nez quand ils se trouvaient dans les corons ouvriers du Nord,
parce qu’effectivement, cela puait ? Et ces gens-là attribuaient les vices
que pouvaient avoir effectivement ces ouvriers au fait que ces derniers
appartenaient à une classe qui de père en fils avait été méprisée.
Int.
Soit. Mais je vous répète ma
question toute bête : aimeriez-vous avoir un petit-fils de couleur ?
RF
Je n’aimerais peut-être pas,
quoique j’aie une petite-fille…
Int.
C’est peut-être le cas,
d’ailleurs, je m’avance beaucoup ! Si c’est le cas, ne me répondez pas.
RF
… Mais si ! j’ai une petite-fille qui est à moitié franco-écossaise
et à moitié libanaise et elle est très belle ! Et cela m’ennuierait
beaucoup qu’arrive un Adolf Hitler qui décrète que demain l’Europe doit être
libérée de tous ceux qui n’ont pas une peau blanche. Voilà. Je crois que j’ai
répondu à votre question. [Int. Ah oui ! Tout à fait.] Mais je
crois que je suis sincère quand je dis que… [Nouvelle interruption de
l’enregistrement, due, comme les précédentes, à un appel téléphonique.]
Int.
Je voudrais savoir maintenant
quelle est votre opinion sur le conflit qui a opposé Hitler et les juifs.
Quelles sont, selon vous, les responsabilités respectives ? Est-ce que
Hitler a été un diable, un monstre, un destructeur ou bien est-ce que les juifs
ont aussi des responsabilités qu’il est désormais interdit de désigner ?
RF
Je répète que, pour juger avec un peu de sérénité du conflit entre Hitler
et les juifs, il faut se rappeler que, bien entendu, si les chambres à gaz
avaient existé, les Allemands en général et Hitler en particulier auraient été
de fieffés criminels. En revanche, si elles n’ont pas existé, les juifs sont de
fieffés menteurs. Plus précisément, si les chambres à gaz ont existé, Adolf
Hitler s’est comporté pendant trois ou quatre ans en fieffé criminel. Si elles
n’ont pas existé, les responsables des organisations juives ont pendant plus de
cinquante ans – et elles continuent aujourd’hui – colporté un fieffé mensonge.
Donc, d’un côté, vous avez un homme, et on pourrait presque dire un peuple, qui
agit en criminel, et puis, de l’autre côté, vous avez des responsables d’un
groupe humain qu’on appelle les juifs, quelle que soit leur diversité comme pour
les Allemands, qui défendent un abominable mensonge, une horrible diffamation,
une atroce calomnie, dont ils font de l’argent. Alors, pour moi
révisionniste, comme ces chambres à gaz n’ont pas existé, je vous dis tout à
trac, très clairement et les yeux dans les yeux, et je le dirais aujourd’hui
devant un tribunal : les juifs, pour moi, ont colporté, colportent et
utilisent un abominable mensonge, une atroce calomnie, une horrible
diffamation. Et si vous me demandez mon opinion sur les juifs, comment voulez-vous
qu’après un constat de ce genre, je puisse m’exprimer sur leur compte avec un
peu de sérénité ? Cela m’est très difficile. Je veux bien faire un effort
mais vous vous rendez compte de ce que vous me demandez !
Int.
Oui, mais ce que vous venez de me
dire là, d’une manière abrupte, vous l’avez déjà plus ou moins écrit et publié.
RF
C’est exact. Cela prouve que vous êtes un lecteur attentif parce que je
ne l’ai pas tellement dit, mais effectivement je l’ai écrit. Alors, je vais
ajouter quelque chose aujourd’hui, qui n’a jamais été dit. Supposez qu’on me
pose la question suivante : « Monsieur Faurisson, êtes-vous
anti-juif (non pas antisémite mais anti-juif) ? » C’est une
question à laquelle il y a cinquante, quarante ans, trente ans, vingt ans, dix
ans et même deux ou trois ans, j’aurais répondu : « Non, je ne suis
pas anti-juif. » Et maintenant, le 30 septembre 1999, je peux vous
dire : je le suis devenu.
Int.
Ça, c’est nouveau
effectivement !
RF
C’est nouveau parce que c’est encore une question d’expérience. Quittons
là aussi le domaine de la chimère, du rêve, des considérations philosophiques
et autres. Que m’a enseigné l’expérience, en ce qui concerne les juifs ? Vous
connaissez cette expression latine : « Experto crede Roberto »,
c’est-à-dire : « Crois-en Robert qui en a l’expérience ». J’ai
l’expérience des juifs. Dans l’introduction de mes Ecrits révisionnistes,
j’ai écrit que pendant des années, j’ai perçu les juifs comme autant
d’individualités, qui étaient donc à juger comme telles. Voici Jacques Brunschwig
que j’admirais beaucoup lorsque j’étais en cagne, voici Jean Pierre-Bloch, le
plus nul, le plus détestable et le plus menteur des hommes. Les juifs avaient
le droit d’être jugés individuellement, et puis voici ce que j’appelle le schibboleth,
mot que les Hébreux faisaient prononcer aux gens au passage d’un gué. S’ils le
prononçaient d’une certaine façon, cela voulait dire qu’ils n’étaient pas
hébreux et alors, on les tuait, sans pitié, sans rémission et, s’il était
prononcé comme il faut, ça allait. C’était, si vous voulez, la pierre de
touche, le critère par excellence. Eh bien ! le schibboleth, dans
ce cas-là, c’est tout simplement leur prétendu holocauste, leur prétendu
génocide, leur prétendue tentative d’extermination des juifs. Quand on touche à
ce sujet, tout d’un coup, je m’aperçois que Jacques Brunschwig et Jean Pierre-Bloch
font cause commune, et Jacques Brunschwig devient bête, a des raisonnements
imbéciles, tout à fait indignes de l’intelligence qu’il était, et ce que je dis
de Jacques Brunschwig, je peux le dire d’une quantité d’autres juifs. Ils
tiennent des raisonnements d’une incroyable bêtise, d’une incroyable mauvaise
foi. Ils mentent, ils défendent le mensonge à tel point que je me demande si ce
personnage antipathique de Victor Hugo qui, dans Marie Tudor, dit à un
marchand juif de Bruxelles : « Juif qui parle, bouche qui ment »
n’aurait pas raison. Je leur trouve, à ces gens, en tant que membres d’un groupe,
une aptitude au mensonge, un goût du mensonge et une capacité à exploiter le
mensonge à vous couper le souffle !
Elisabeth Loftus, juive américaine, spécialiste de l’étude des
témoignages, lorsque le procès Demjanjuk est arrivé, a découvert que ce
malheureux Demjanjuk allait à la potence alors qu’il était innocent. Analysant
les témoignages de ceux qui accusaient Demjanjuk, elle voyait – d’ailleurs qui
ne l’aurait vu ? – qu’il s’agissait de faux témoins. Qu’a-t-elle
fait ? Elle le raconte ! (A mon avis, il n’y a que les juifs pour
raconter de telles histoires). Elle raconte qu’elle s’est tournée vers ses amis
juifs pour prendre conseil : « Si je dis la vérité, j’épargne la
potence à cet homme mais c’est un désastre pour ses accusateurs israéliens et
pour les juifs dans leur ensemble. Que dois-je faire ? » Et son
entourage lui a répondu : « C’est mauvais pour les juifs, donc il ne faut
pas le faire. » « Et, dit-elle, je me suis soumise, et selon leur
recommandation, j’ai accepté cela, et je ne suis pas intervenue. »
Int.
N’est-ce pas une attitude
humaine en général ?
RF
C’est certainement une attitude humaine en général, puisqu’il existe
depuis toujours ce qu’on appelle « le pieux mensonge », mais... [Nouvelle
interruption. Le téléphone sonne et au bout d’un moment Robert Faurisson
revient en déclarant :] Je viens de recevoir un coup de téléphone de
Vincent Reynouard, de Belgique, qui m’annonce qu’un enseignant révisionniste de
cinquante-cinq ans vient d’être mis en prison en France. Il s’agit de
Jean-Louis Berger, enseignant le français et le latin, à Bitche, en Moselle. On
m’a dit ceci : les gendarmes se sont présentés à son domicile pour
rechercher une pièce qu’en fait, paraît-il, ils possédaient déjà et ont demandé
à Berger de les suivre à la gendarmerie. Une fois là-bas, les gendarmes ont
téléphoné à Mme Berger pour lui dire que son mari avait été placé sous écrou. Voilà un certain
temps que Jean-Louis Berger connaît de graves ennuis avec l’Education nationale
car il est soupçonné d’être révisionniste. Je précise que, d’après les
renseignements que j’ai obtenus, les gendarmes disent agir sur le fondement de
la loi antirévisionniste Fabius-Gayssot. Voilà. [Jean-Louis Berger a ensuite
été relâché, mais radié de l’enseignement le 12 mai 2001.] Telle est la vie
à Tel-Aviv. Je l’ai souvent dit, un révisionniste doit s’attendre à une
mauvaise nouvelle par jour et une humiliation par semaine. Pour ma part, cela
dure depuis vingt-cinq ans.
Je reviens au conflit d’Hitler avec les juifs et je dis, en ayant bien
conscience de la gravité de ce que je dis pour la première fois de ma
vie : anti-juif, je ne l’étais pas, anti-juif, je le suis devenu. Et peu
m’importe que tel ou tel juif se trouve être totalement antirévisionniste ou à
demi ou qu’il se déclare même révisionniste. Il n’entrera pas chez moi, il est
interdit, un juif n’a pas le droit de pénétrer chez moi. Je suis désolé d’avoir
à prendre des décisions de ce genre, à porter un jugement de valeur de cette
nature, qu’on qualifie dans l’argot d’aujourd’hui de « globalisant »
et que vous, vous appelez radical. Je suis radical sur ce point-là. J’en ai
assez d’avoir à pleurer et à gémir sur des gens qui ont tous les pouvoirs en
France et qui le disent, puisque M. Alain Finkielkraut a signé, il n’y a pas
longtemps, un article dans Le Monde, commençant ainsi :
« Ah ! qu’il est doux d’être juif aujourd’hui en France ! »
Oui, il est doux d’être juif aujourd’hui en France. Il est doux également de
l’être en Israël où bien sûr il y a des attentats mais qui viennent d’un peuple
mis sous le joug depuis plus de cinquante ans, et il est terrible de n’être pas
d’accord avec les juifs sur leur interprétation propre et mensongère de
l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Voilà des gens qui, d’un article de
foi de leur religion, ont réussi à faire un article de loi de la République
française, et si un citoyen français ne croit pas aux chambres à gaz et émet un
doute, il peut, comme on vient de le voir à l’instant avec le cas Berger, se
retrouver soudainement en prison. Cette loi n’est pas une loi communiste,
socialiste, elle est une loi juive. Et puis, on ne me fera pas pleurer sur des
gens qui, d’une manière ou d’une autre, parfois avec des nuances, la plupart du
temps sans aucune nuance, réclament de l’argent, encore de l’argent et toujours
plus d’argent, aussi bien auprès de l’Allemagne et de l’Autriche qu’auprès de
tous les pays européens, qu’ils aient été du côté de l’Allemagne et de
l’Autriche, qu’ils aient été neutres, ou même qu’ils aient été contre
l’Allemagne. Cet argent est réclamé également à la Grande-Bretagne, aux
Etats-Unis, aux pays baltes, à l’Union Soviétique, à la Tchécoslovaquie, sous
n’importe quel prétexte.
Int.
Hitler a-t-il eu raison de
vouloir extraire de l’Allemagne les juifs qui s’y trouvaient ?
RF
Ma réponse est : oui, en pleine guerre.
Int.
Aussi brutale que ma
question !
RF
Ma réponse est oui, considérant le comportement que ces gens sont
capables d’avoir en communauté, en troupeau, oui, en troupeau. Eh bien !
je considère qu’on a le droit de prendre des mesures contre une puissance
pareille. Je trouve cela normal. Je n’approuve pas forcément telle ou telle
mesure, mais je dis qu’on est obligé de pratiquer ainsi, en temps de guerre en
tout cas, puisque Hitler avait tout à fait raison de considérer qu’ils étaient
des ennemis soit déclarés, soit potentiels de l’Allemagne, peu importe
d’ailleurs qu’ils aient été citoyens allemands ou non, puisque sur ces
sujets-là, on les voit tout d’un coup s’assembler, exiger, réclamer, gémir.
C’est tout à fait incroyable !
Int.
La tentative de Hitler
d’extraire les juifs de l’Allemagne, non pas de les exterminer mais de les
déporter, s’est soldée par un échec. D’un point de vue pragmatique, il a eu
tort ?
RF
Hitler en effet a échoué et c’est un grief de plus qu’on peut lui
adresser, c’est-à-dire de s’en être pris comme il l’a fait à des gens qui
étaient encore beaucoup plus puissants qu’il ne l’imaginait. Je rappelle – n’est-ce pas ? – qu’il n’a jamais envisagé qu’une solution territoriale,
c’est-à-dire qu’Hitler était tout à fait d’accord, d’une façon précise, avec
les organisations sionistes, les « juifs bruns ».
Int.
C’est ce qu’on appelle, en en
déformant le sens véritable, l’Endlösung, la solution finale.
RF
Eine territoriale Endlösung, une solution finale territoriale.
Int.
Il s’agit donc de la
déportation et non de l’extermination.
RF
C’est la raison pour laquelle vous avez quantité de juifs qui ont
collaboré avec les nationaux-socialistes, que ce soit à Vienne, à Berlin, à
Paris.
Int.
En conclusion et en résumé,
vous n’êtes pas tellement contre le projet hitlérien, vous vous abstenez de le
juger, vous êtes très nuancé, mais vous condamnez sa stratégie qui a amené à la
catastrophe.
RF
Non, non, on ne peut pas dire que j’approuve le projet hitlérien, parce
que je trouve qu’il a été – j’ai
souvent employé le mot – chimérique. Par conséquent, je ne peux pas être
d’accord avec ce qui est chimérique.
Int.
Oui, car vous êtes vous-même un
pragmatique.
RF
Je m’efforce de juger le maçon au pied du mur. Je regarde non ce qu’ont
été ses discours, ses intentions, mais je regarde le résultat du travail. Vous
savez, c’est comme la copie d’élève, pleine de bonnes intentions, pleine de
bonnes idées, mais le compte n’y est pas !
Int.
Mais sa tentative, en
elle-même, n’était pas condamnable ?
RF
Je ne suis pas d’accord. Encore une fois, sauf sur la question juive. Je
ne suis pas d’accord, mais je trouve que ça ne doit pas être interdit. On doit
laisser libre cours à des idées de ce genre.
Int.
Et en tout cas, ce régime ne
mérite pas d’être fustigé, diabolisé jusqu’à la fin des temps comme …
RF
Oui, c’est complètement évident, je l’ai toujours dit. A partir du moment
où le peuple allemand n’a pas commis le crime des crimes, il n’a pas à être
considéré comme s’il avait commis le crime des crimes. Cela change tout !
La chambre à gaz, contrairement à ce qu’on raconte, ce n’est pas un détail,
c’est quelque chose de capital.
Int.
Avez-vous autre chose à
ajouter ?
RF
Je voudrais ajouter ceci. Cet entretien qui avait commencé dans une
atmosphère tranquille, où je pouvais me donner le temps de réfléchir à ces
questions difficiles que vous m’avez posées, se termine – ce n’est ni de votre
faute ni de la mienne – dans une autre atmosphère, puisque maintenant je suis
obligé d’interrompre cette conversation pour voir ce que je peux faire de mon
côté en faveur d’un révisionniste qui se retrouve en prison, un père de quatre
enfants. C’est presque mon pain quotidien.
Voilà vingt-cinq ans que je suis dans cette galère et je ne m’imagine pas
trouver au bout la Nouvelle Terre, comme Christophe Colomb, et je ne crois pas que
cela s’améliorera, que cela s’arrangera. J’ai presque toujours été pessimiste et je le
suis aujourd’hui. J’entreprends cette tâche sans illusion. Adolf Hitler avait
peut-être des illusions, moi, je n’en ai pas, parce que je vois que la puissance
à laquelle je me heurte, je le répète, ce n’est pas la puissance américaine,
soviétique, anglaise, ce n’est pas non plus le communisme, c’est la puissance
juive. Ce n’est pas parce que les gens gémissent qu’ils ne sont pas riches ou
puissants. Au contraire, plus vous avez d’argent et plus vous avez de pouvoir,
plus vous gémissez, puisque, n’est-ce pas, « Plus je palpe, plus je pleure, plus je pleure, plus je
palpe » ! Je considère qu’il y a peu de chance de faire quoi que ce
soit contre une puissance pareille. Serge Thion a intitulé l’un de ses ouvrages
Une Allumette sur la banquise. Il voulait dire par là que le peu de
chaleur et de lumière que le révisionnisme peut apporter dans cet océan, sur cet
iceberg d’idées glacées, compactes, est dérisoire : c’est le craquement
d’une allumette sur la banquise ! Mais je suis encore plus pessimiste que
lui, car j’ajoute : nous avons craqué une allumette sur la banquise et les
pingouins et les manchots ont protesté et protestent : c’est trop de
lumière, trop de chaleur et il ne sera jamais pardonné d’avoir un jour craqué
l’allumette.
Int.
Eh bien ! je vous remercie
de toutes ces précisions, voire de ces confidences. En tout cas, l’impression
que j’en retire, c’est que vous n’êtes pas du tout l’homme excessif, diabolisé
par les média, et que ce que vous affirmez est raisonnable, appuyé toujours sur
des faits, des documents, des choses vues et vérifiées, et que vous visez à
acquérir une certitude.
RF
Oui, c’est bien possible. Mais, de toute façon, je suis à l’heure du
doute sur l’efficacité de mon action. Là encore, je reviens les pieds sur terre
et je me dis : mais au fond pourquoi... [Ultime interruption. Le sens
probable de la fin de la phrase semble être : au fond pourquoi se donner
tant de mal pour une cause perdue ?]
Note d’avril 2012
Cet entretien date de 1999. Je viens de prendre
connaissance treize ans plus tard de sa transcription. Si j’avais aujourd’hui à
répondre aux questions qui m’étaient alors posées, je me montrerais moins
indulgent pour les Américains. Quant aux juifs, plus que les individualités ou
même le groupe, ce sont les organisations qui prétendent les représenter que je
mettrais surtout en cause. Enfin, pour ce qui est de Hitler, on ne cesse de le
juger par rapport aux juifs, ce qui, déjà en soi, est absurde. Le Führer, le
Guide de l’Allemagne, a eu bien d’autres préoccupations que « la question
juive », surtout à l’heure où il lui a fallu combattre sur quatre
fronts : ceux du gigantesque combat à mener sur terre, sur mer, dans le ciel
et celui de la lutte désespérée pour la survie de son peuple en train de brûler
vif sous les bombes au phosphore. Pour lui, il l’a expressément fait
savoir, c’est à l’après-guerre
qu’il convenait de remettre la recherche d’« une solution finale territoriale de la question juive ».
Après 1814-1815 la propagande des vainqueurs sur le
compte de « l’Ogre » avait fait de Napoléon Bonaparte une incarnation
du Mal mais le temps avait assez vite ramené les esprits à une juste
« révision » de ces absurdités. Après 1944-1945, la propagande des
vainqueurs sur le compte d’Adolf Hitler a fait de ce dernier une incarnation du
« Mal absolu » (sic) ; la loi nous oblige à y croire et le
tam-tam médiatique nous le répète à la folie mais aujourd’hui enfin, d’une
part, les historiens et, d’autre part, l’apparition d’Internet permettent
d’espérer que le sens commun va enfin permettre une juste
« révision » de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. La vraie
figure de Hitler ainsi que les vraies figures de Churchill, de Roosevelt et de
Staline commenceront alors à prendre forme. Et cette guerre mondiale apparaîtra
pour ce qu’elle a été : une boucherie au terme de laquelle les vainqueurs
apparaîtront surtout comme de bons bouchers et les vaincus comme de moins bons
bouchers. Et, bien sûr, il restera toujours assez de bellicistes pour prêcher
de nouvelles croisades « au nom de l’amour de l’humanité » ou, en d’autres termes, des guerres
perpétuelles « pour une paix perpétuelle ».
Pour répondre à la question sur Adolf Hitler, je
dirai qu’il a été essentiellement le Napoléon Bonaparte des Allemands. Les deux
personnages ont été, l’un et l’autre, des hommes politiques d’une
exceptionnelle envergure, de prodigieux chefs de guerre, des dictateurs, des
sauveurs, puis des naufrageurs de leurs patries respectives. Dans le cas de
Hitler, ce que la propagande juive nous en raconte avec tant d’insistance
relève largement du mythe. L’histoire est une chose, les histoires en sont une
autre. L’historien se doit de rechercher l’exactitude et de s’en contenter.