A mesure que le révisionnisme marque des
points sur le plan historique et scientifique, le tamtam holocaustique, lui, ne
fait que croître cependant que la répression judiciaire contre les
révisionnistes, elle, s’aggrave à proportion. Des organisations ou des
individualités juives ou sionistes en appellent plus que jamais à la chasse, tout
à la fois, aux « négationnistes » et aux « nazis » ;
elles le font sans le moindre scrupule et au mépris des droits de l’homme les
plus élémentaires. Parmi ces droits figuraient, au moins en principe, le droit
au doute et à la recherche et le droit de ne pouvoir être condamné en justice
que sur le fondement de preuves. Ces
temps-là sont révolus. Aujourd’hui une loi spécifique, la loi Fabius-Gayssot du
13 juillet 1990, également appelée en latin « la loi Faurisson »,
interdit le droit au doute et à la recherche en matière de « Shoah »
et il devient possible, en ce qui concerne les anciens « nazis »,
même s’ils ont été déjà jugés et condamnés après la guerre, de les juger à nouveau soixante-dix ans plus tard
au mépris de l’adage « ne bis in
idem » et de les condamner, cette fois-ci, sans preuves et sans
témoins.
A
titre d’un exemple d’outrance, nous pourrions aujourd’hui citer le procès du 16
juin 2015, à Paris, où une présidente de
tribunal, cyniquement, s’est permis de me signifier d’emblée, au moment même où
j’entamais l’exposé de mes arguments de défense, qu’elle ne prêterait pas attention
à mes propos car : « Le tribunal sait à quoi s’en tenir sur le
négationnisme ». Par la suite, elle allait ponctuer chaque point de mon
exposé du même refrain : « Vos arguments n’intéressent pas le tribunal ».
Autrement dit, à l’en croire, les trois juges composant ledit tribunal avaient
d’avance « fait leur siège ». Mais voici bien plus grave : en
Allemagne et en Autriche, l’habitude s’est prise d’infliger aux révisionnistes
des condamnations d’une incroyable lourdeur notamment grâce au système des
peines cumulatives. En Allemagne, l’avocat Horst Mahler a été ainsi condamné à
onze ans de prison au total et son avocate, Sylvia Stolz, a reçu une peine de
trois ans de prison pour avoir, paraît-il, défendu son client avec trop
d’ardeur. En Autriche, Wolfgang Fröhlich, ingénieur et spécialiste de la désinfection, s’est vu
infliger treize années d’emprisonnement. Tout
cela essentiellement parce qu’il est interdit de mettre en doute ou de
contester l’existence de la magique chambre à gaz dont il n’existe pourtant à
ce jour aucune expertise médico-légale ordonnée par un tribunal ; ce qui
signifie qu’aucun tribunal n’a été en mesure de véritablement décrire « la
scène de crime » et « l’arme du crime ». Nous sommes là en
pleine magie noire et, notons-le, il ne se trouve pas une seule « belle
conscience » pour élever une protestation contre ces extraordinaires
dévoiements de la justice.
Le cas, abominable, de John
Demjanjuk
Le comble a été
atteint avec la chasse aux « vieux nazis » qu’on peut aller chercher jusque
dans leurs mouroirs. De plus en plus de nonagénaires sont désormais traités
comme l’a été le malheureux John Demjanjuk. Ukrainien d’origine, devenu citoyen
américain, il avait été, en 1986, livré par les Etats-Unis à la justice
israélienne et incarcéré à Jérusalem. En un premier temps, en 1988, il avait
été condamné à la pendaison pour des crimes censément commis à Treblinka ;
en fait de preuve contre lui, on invoquait un document obtenu du KGB et, en
fait de témoignages, dix-huit témoins avaient attesté de ce que, sous le surnom
d’Ivan le Terrible, il avait participé au gazage de juifs à Treblinka, un camp
où, de son côté, il affirmait avec insistance n’avoir jamais été présent et où
les magistrats n’avaient aucune preuve de sa présence, un camp, qui plus est,
où au « procès de Nuremberg » le document « Paris-Storey
3311 », document à valeur de preuve authentique interdite de contestation
(article 21 du Statut), c’est à la vapeur et dans des « chambres à
vapeur » que les victimes étaient tuées et non pas au gaz. Une fois
emprisonné, pendant plus de quatre ans, il avait, presque chaque matin, attendu
d’être conduit au gibet. Puis, soudain, par miracle – à la faveur de l’effondrement
du communisme en Russie –, on allait s’apercevoir que la preuve fournie par le
KGB était dépourvue de valeur et que le surnom d’Ivan le Terrible avait été en
fait celui d’un certain Ivan Marchenko, décédé. Le jugement rendu contre
Demjanjuk était alors cassé. Les dix-huit témoins s’étaient rendus coupables de
faux témoignage. Le pauvre homme retrouvait la liberté, recouvrait la
nationalité américaine et regagnait les Etats-Unis. C’était sans compter sur la
hargne de certains justiciers, outrés de voir leur proie leur échapper. En un
second temps, en 2001, un nouveau procès lui est intenté aux Etats-Unis à
l’instigation de ces furieux. Cette fois-ci, ce n’est plus à Treblinka qu’il
est censé avoir participé au massacre de juifs (ce n’était là qu’une simple
erreur de localisation !) mais à … Sobibor ! En 2004, sa nationalité
américaine lui est à nouveau retirée. En 2009, il est livré non plus à l’Etat
d’Israël qui avait échoué à la face du monde dans son œuvre de vengeance mais à
l’Allemagne, pays dont la soumission aux oukases moralisatrices est totale. En
2009, à Munich, commence son procès où il arrive en fauteuil roulant. Le 12 mai
2011, il est condamné à cinq ans de prison. Dix mois plus tard, en mars 2012,
il meurt, à près de 92 ans, au terme d’un calvaire de vingt-six années. Lors de
ce dernier procès, les magistrats allemands n’avaient jamais pu faire état du moindre
détail sur son activité supposée dans ce camp où, pour sa part, il niait, comme
pour Treblinka, avoir jamais mis les pieds. Mais, aux yeux de la justice
allemande, cela n’avait aucune importance. Les juges avaient tout bonnement
décrété que, dans sa jeunesse, le vieil homme avait été présent dans une
localité de Pologne où, plus de soixante-dix années auparavant avaient été
commis, disaient-ils sans le prouver, des crimes extravagants par leur nature
et par leur quantité. A l’ultime étape de ses épreuves, le nonagénaire avait
fini par se retrouver, jour après jour, sur une civière, face à ses juges ;
exténué, il était devenu incapable de parler et ne comprenait apparemment plus
rien de ce qui se jouait dans le prétoire. Couché sur sa civière et branché sur
le goutte-à-goutte, il bavait, la bouche ouverte. Signe des temps : en
France, par exemple, un journaliste du Monde, du nom de Nicolas Bourcier,
se félicitera du « tour de force
juridique » qui avait permis de condamner ainsi un homme sans preuve, sans témoignage, sans aveu. Encore tout récemment, le journaliste
Yves Carroué, signant un article intitulé « Le temps presse pour la
justice » (La Montagne [et autres journaux de la même chaîne], 1er
mars 2016) a rappelé le cas de John Demjanjuk à l’occasion d’un procès intenté
en Allemagne à Hubert Zafke, âgé de 95 ans. Ce dernier, dans sa jeunesse, avait
été infirmier à Auschwitz. Le journaliste, se faisant l’écho de l’accusation,
manifeste le désir de voir la justice allemande arriver à ses fins mais ne
révèle pas franchement et directement à ses lecteurs par quels odieux procédés
celle-ci y parviendra. Il affirme froidement que « 3 681 juifs […] ont été
gazés dès leur arrivée à Auschwitz, le camp emblématique de la Shoah, entre le
15 août et le 14 septembre 1944 ». Son article s’orne d’une photo d’Anne
Frank portant « Anne Frank. Arrivée avec les siens à Auschwitz sous les
yeux d’Hubert Zafke. AFP ». On voit par là que, pour lui, ces gazages sont
un crime avéré et qu’on peut légitimement écrire que l’arrivée des victimes
s’est faite « sous les yeux » (sic) du jeune infirmier. Il s’abstient
de signaler qu’aucune preuve
médico-légale n’a été rapportée d’un tel crime et que, si les Frank ont été
effectivement détenus au camp d’Auschwitz, aucun n’y a été « exterminé ».
Anne elle-même et l’une de ses sœurs mourront du typhus, peu avant l’arrivée
des troupes britanniques, au camp de Bergen-Belsen, ravagé par les épidémies.
Leur mère est morte le 6 janvier 1945 à l’infirmerie d’Auschwitz. Leur père survivra
à sa déportation et mourra en 1980, à l’âge de 91 ans, à Bâle, où j’étais allé
l’interroger les 24 et 25 mars 1977.
Pire que les procès de
sorcellerie
De quel droit
peut-on se permettre aujourd’hui de tourner en dérision les procès de
sorcellerie d’un lointain passé ? Au moins la Sainte Inquisition se
souciait-elle de chercher et de « trouver » ou d’inventer des preuves
de la rencontre de telle sorcière avec le Diable. Au moins disposait-elle d’un
répertoire où étaient, par exemple, énumérés, nous dit-on, les soixante
endroits du corps de la femme où pouvaient se déceler les traces du passage du
Diable. De nos jours, au XXIe siècle, les juges allemands sont payés pour
savoir que peu importe la recherche de preuves : il est entendu que les
nazis et les négationnistes (indistinctement assimilés les uns aux autres)
constituent une engeance dont, à longueur de temps, les médias du monde
occidental nous inculquent qu’ils sont la lie de l’humanité et ne méritent pas
le moindre égard. Nos juges tendent à lire dans les cœurs, dans les pensées et,
surtout, dans les arrière-pensées de ces suppôts de Satan. Apparemment ils y
découvrent d’effroyables noirceurs, ce qui leur suffit pour condamner. Ces
dignes magistrats, qu’ils soient français, allemands, autrichiens, polonais,
anglais, belges, néerlandais, canadiens, américains ou autres ont appris leur
leçon sur les bancs de l’école, du collège ou du lycée, de l’université où on
leur a inculqué l’article premier du catéchisme en vigueur dans les
médias : « Il ne peut y avoir de liberté pour les ennemis de la liberté ».
Ces magistrats passeront donc condamnation, la conscience tranquille.
S. Klarsfeld en personne
dénonce un processus judiciaire sans précédent dans l’histoire
Encore
récemment, je me demandais jusques à quand de telles infamies pourraient ainsi
se perpétuer sans qu’aucune voix ne s’élève pour les dénoncer ne fût-ce que
timidement. Ce jour est arrivé à la fin du mois de février 2016 et cette voix a
été celle de … Serge Klarsfeld en personne !
Pas
un avocat, pas un historien n’a, autant que S. Klarsfeld, donné de gages de son
antinazisme. Aux côtés de son épouse Beate et de leur fils Arno, il a ainsi
consacré son existence, leur existence, à une cause qu’il tenait et qu’il
continue de tenir pour sacrée. De ce point de vue, nul ne saurait lui faire la
leçon et lui reprocher quelque complaisance que ce fût pour ses adversaires. Il
est même allé beaucoup trop loin dans son ardeur à s’en prendre au
révisionnisme. Il a trouvé « naturelle et normale » l’agression du 19
septembre 1989 où j’ai failli trouver la mort sous les coups d’un groupe de
juifs. Je l’ai surpris à manipuler des textes ou des chiffres pour leur faire
dire ce qu’ils ne disaient pas ou à cautionner une histoire rocambolesque de 1000 juifs français gazés à Auschwitz
dans leur lit (sic).
Mais, en revanche, je l’ai aussi vu courir le risque de se faire prendre à
partie par Georges Wellers et d’autres extrémistes pour avoir déclaré qu’encore
en 1985 on ne possédait pas vraiment de preuves de l’existence des chambres à
gaz nazies. Pour lui, Jean-Claude Pressac avait enfin apporté ces preuves. Aussi,
ce « pharmacien de banlieue » (dixit Pierre Vidal-Naquet) avait-il
été généreusement financé par la Beate Klarsfeld Foundation afin de poursuivre
ses travaux et publications anti-révisionnistes. Las ! Le 15 juin 1995, soit
un mois après sa cruelle humiliation subie le 9
mai à l’un de mes procès devant la XVIIe chambre du tribunal
correctionnel de Paris, J.-C. Pressac avait fini par abdiquer et par reconnaître
que le dossier de l’histoire officielle des camps nazis, « pourri »
par trop de mensonges, était voué « aux poubelles de l’histoire » (Valérie
Igounet, Histoire du négationnisme en France, Seuil, 2000, p. 651-652).
Bref, S. Klarsfeld reste, jusqu’à nouvel ordre, un personnage capable de
reconnaître que, dans son propre camp, on peut avoir commis de graves excès ou
erreurs.
D’une manière
plus générale, il se peut que, l’âge venant, il se soit rendu compte que de
tels excès ou de telles erreurs finissent par desservir la cause juive et la cause
sioniste. Il ne saurait lui échapper que, dans le monde entier, les jeunes
générations comprennent mal qu’une guerre qui aurait dû prendre fin en 1945 se
poursuive encore aujourd’hui, de manière de plus en plus lancinante, depuis
soixante-dix ans. Que signifient, en effet, ces ressassements encore
aujourd’hui, d’un passé si lointain, avec ces exhibitions de
« témoins » d’un autre âge qui appellent à « la haine de la
haine » et débitent, la larme à l’œil et la voix tremblante, des récits
stéréotypés, fumeux et tellement convenus ? Que veut dire ce
pharisaïsme qui consiste à prétendre que, dans une lointaine et atroce
boucherie, celle de 1939-1945, le vainqueur ne s’était guère signalé que par de
belles actions tandis que le vaincu n’avait guère commis que des crimes ? Comment
peut-on continuer d’admettre que le vainqueur avait le droit de juger et de
pendre le vaincu ? Le fait est là : depuis sa fin apparente en 1945, la
Seconde Guerre mondiale se poursuit, inlassablement, quoique par d’autres
moyens que celui des armes. Certains continuent de mener leur propre guerre
contre l’Allemagne, contre l’Autriche, contre bien d’autres pays ou entités
d’Europe censés avoir eu leur part de responsabilité dans les malheurs des
juifs. Les crimes imputés au Japon ne font plus l’objet de procès et les crimes
gigantesques commis par les vainqueurs (en particulier, par Staline, Roosevelt
et Churchill) sont oubliés quand ils ne sont pas présentés comme des actions
d’éclat. Les récriminations les moins fondées sont lancées par des
organisations juives contre le Vatican, la Suisse, la France et les extorsions
financières se poursuivent au nom des « réparations ». Cette mise en
coupe réglée devient de moins en moins compréhensible.
Le 2 février
2016, S. Klarsfeld lance un premier pavé dans la mare lors d’un entretien
avec Laurent Ribadeau-Dumas. A la question : « Faut-il juger les
derniers criminels nazis ? » il répond d’abord au sujet de ces
criminels que, depuis le procès Demjanjuk, « Il n’y a plus à prouver leur
implication personnelle. Ils sont automatiquement accusés sauf s’ils
réussissent à prouver leur innocence ». En un long et surprenant
développement il ajoute qu’il y a là un « problème ». Ecoutons-le :
« Le problème, c’est que cela se fait sans preuve et ne relève pas des
principes d’une justice équitable. On s’intéresse ainsi à des gens qui ont
occupé des fonctions subalternes comme des gardiens de camp, pour des faits
pour lesquels il existe très peu de témoins survivants. Et si l’on en trouve
encore, ceux-ci ont souvent une mémoire défaillante. Il manque aussi des
preuves écrites en raison du caractère subalterne des personnes
incriminées ». Il conclut au sujet du processus adopté : « C’est un processus maladroit qui va
continuer jusqu’à la disparition des dernières personnes impliquées. Je ne sais
pas s’il y aura une décision de la Cour fédérale allemande. Il se peut qu’elle
annule les précédentes décisions de justice. – Dans ce contexte, l’évolution de
ces affaires ne peut pas donner une pleine satisfaction à ceux qui veulent voir
des jugements aboutir. Il restera
toujours un sentiment de malaise ».
Mais le second
pavé de S. Klarsfeld sera beaucoup plus lourd. On en apprendra l’existence dans
un long article de L’OBS du 29 février 2016. Il s’agit de « propos recueillis
par Sarah Diffalah ». Vu son importance, je le reproduis ici dans son
intégralité, en me contentant d’en souligner les fragments essentiels.
L’OBS 29 février 2016
L’OBS
Un
ex-infirmier d’Auschwitz jugé : « La justice, dans ces cas, est
symbolique »
Le procès
d’Hubert Zafke, 95 ans, ancien infirmier à Auschwitz, démarre ce
lundi. Serge Klarsfeld, président de l’association des fils et filles des
déportés juifs de France, réagit.
Sarah
Diffalah Publié le 29 février 2016 à
08h40
Ce
lundi 29 février, s’ouvre à Neubrandenbourg (nord-ouest de l’Allemagne) le
procès d’Hubert Zafke, 95 ans, ancien infirmier d’Auschwitz jugé pour
« complicité » dans l’extermination de 3681 Juifs. L’homme avait 19
ans à l’époque et était en poste lorsque le convoi d’Anne Franck [sic pour
Frank], ses parents Otto et Edith et sa sœur aînée Margot est arrivé. Le
tribunal, dans un premier temps avait refusé en juin 2015 d’ouvrir un procès,
invoquant la santé déclinante du vieillard. Une décision invalidée en appel au
motif que l’ancien SS n’est pas totalement inapte à être jugé.
Néanmoins,
la question de juger d’anciens nazis très âgés se pose de nouveau. Une douzaine
de procédures sont encore en cours en Allemagne, après la condamnation à quatre
ans de prison d’Oskar Gröning, l’ancien comptable d’Auschwitz. Certes,
ces procès tardifs illustrent la volonté allemande de juger jusqu’au dernier
criminel du IIIe Reich, mais pour Serge
Klarsfeld, président de l’association des fils et filles des déportés juifs
de France, cette justice jusqu’au-boutiste, qui s'exerce généralement sans
preuves, pose problème. Interview.
De tels procès ont-ils encore un
sens plus de 70 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale et face à des
accusés très âgés ?
-
La société allemande est, aujourd’hui, composée dans sa grande majorité de gens
qui n’ont pas vécu le IIIème Reich et favorables au jugement des criminels
nazis jusqu’à leur dernier souffle. Il y a 50 ans, ce n’était pas le cas : les
grands criminels nazis étaient protégés par la société allemande composée à
l’époque de personnes qui avaient vécu et soutenu le IIIème Reich. Il y a eu,
certes, une évolution favorable de la société allemande qui a compris
l’importance et l’immensité du crime qui avait été commis et qui voudrait que
les criminels nazis soient jugés.
Simplement,
il y a 50 ans, il y avait encore des criminels décisionnaires qui ont joué un
rôle important et pour lesquels il y avait, sinon des témoins, des documents
signés par eux, dont ils étaient destinataires où il était question de leurs
activités. A l’époque, on a trouvé des excuses médicales pour ne pas les juger
ou ne pas les condamner.
Aujourd’hui, les criminels jugés ont eu des fonctions
subalternes, au bas de la pyramide du crime, pour lesquels il n’existe plus
aucun témoin, ni documents. Or, la justice allemande désormais, toujours
docile à la volonté de la société, considère qu’un suspect, même s’il n’existe
aucune preuve, s’il occupait une fonction, même tout à fait subalterne et
extérieure au crime, est considéré comme criminel sauf s’il prouve son
innocence. Par exemple : les comptables n’avaient pas de contact avec les
détenus, ils comptaient l’argent des personnes qui arrivaient à Auschwitz. Ils
savaient qu’on assassinait mais ils ne tuaient pas, ils étaient un petit
rouage. Un rouage dont on ne sait même pas quel a été le comportement à
l’époque. Mais on les juge comme complices sans pouvoir prouver leur
implication personnelle et [le petit rouage] sera quasi obligatoirement
condamné. Alors, moi ça heurte mon sens de la justice.
Difficile de ne pas les juger non
plus…
-
Je ne suis pas contre, mais je ne suis pas pour non plus. C’est une
situation ambiguë. Dans ma carrière, je n’ai jamais voulu juger d’autres
criminels que ceux pour lesquels existaient des preuves. Je n’ai jamais pu être
impliqué, me battre que lorsque j’étais convaincu de la culpabilité de
quelqu’un, convaincu aussi du fait qu’il avait un libre-arbitre et qu’il avait
les moyens de juger ce qu’il était en train de faire. J’ai pris soin d’étudier
s’il avait les moyens d’échapper à la place qu’on lui avait assigné, s’il a pu
faire autrement. Je ne peux pas me battre contre quelqu’un, qui [, à] la place
où il était, a montré des sentiments humains, a fait son possible. Là, il
s’agit de jeunes qui avaient 18 ans à l’époque et qui étaient en bas de la
pyramide sociale. Ca n’a rien à voir avec un criminel décisionnaire qui ne
courrait aucun risque et qui organisait la mort de masse d’hommes.
Dans
le cas d’Hubert Zafke, je m’avoue impuissant face à un infirmier dont je ne
sais pas si, par rapport à un convoi où est arrivé Anne Frank, il a adressé un
sourire attristé à cette famille ou s’il leur a donné un coup de pied dans les
fesses. Quand on ne sait pas, c’est difficile d’accuser.
Et puis vous retrouver face à un vieillard, comme John Demjanjuk
[gardien ukrainien du camp de Sobibor
condamné en 2011, ndlr] qui était sur une civière, qui bavait la bouche
ouverte, et qui ne disait pas un mot, c’est un peu désarmant. Mais la justice,
dans ces cas, est symbolique.
Pourquoi alors a-t-on mis autant
de temps à les faire comparaître devant la justice?
-
Après la guerre, l’Allemagne fédérale ne voulait pas juger les criminels
importants, ceux qui ont organisé l’arrestation et la déportation de 3.000 et
4.000 personnes à chaque fois. Pourquoi ? Parce que c’étaient des gens qui
avaient reçu une éducation. Ils ont été recyclés en Allemagne dans une
situation honorable : ils étaient hommes d’affaires, avocats, magistrats, hauts
fonctionnaires. Le SS de base, qui n’était pas cadre et qui avait tué un enfant
dans un ghetto polonais, avec deux témoins lui en revanche était condamné. On a
parfois jugé un certain nombre de criminels, mais c’était avec réticence.
Dans
les années 1970, un chef mitrailleur d’Oradour-sur-Glane, qui avait 19 ans à
l’époque, a été inculpé par le parquet de Dortmund. Mais la présidente de la
Cour d’Assises des mineurs de Cologne a refusé d’ouvrir le procès estimant
qu’elle n’avait pas assez d’éléments de preuve, malgré le caractère peu
vraisemblable de sa déclaration où il affirmait n’avoir pas tiré. D’ailleurs
l’Allemagne fédérale n’a jamais voulu juger le général Lammerding, le haut
responsable d’Oradour-sur-Glane.
Et vous dites, qu’aujourd'hui
c’est l’inverse : on peut condamner un infirmier ou un comptable pour qui il n’existe
pas de preuves…
-
La justice allemande a étendu la notion de culpabilité, qui était restreinte
aux grands criminels avant. John Demjanjuk avait fait un recours après sa
condamnation à Munich en 2010, argumentant que cette interprétation n’était pas
valable et qu’il fallait prouver l’implication personnelle de quelqu’un dans un
crime précis. Mais il est mort avant que son recours n’ait pu être examiné par
la Cour suprême allemande.
En
l’absence, pour le moment d’interprétation sur cette extension de culpabilité,
la justice allemande, devant la pression de l’opinion publique, ne peut
plus dire qu’elle ne peut pas prouver l’agissement personnel d’un gardien. Elle
considère désormais que le crime a été un crime terrible, qu’elle ne peut
tolérer que des gens qui étaient gardiens à Auschwitz soient impunis, que
l’Allemagne doit se racheter. Alors beaucoup estiment que même ceux qui ont
occupé des fonctions subalternes doivent être condamnés sans examen de leur
comportement personnel. Elle préfère qu’on puisse juger les criminels
jusqu’à leur dernier souffle quitte à leur donner une sentence automatique
de trois ou quatre ans de prison qu’on ne pourra pas appliquer en raison de
l’âge avancée des accusés. Tous les employés d’Auschwitz sont coupables, même
le maçon.
C’est une situation complexe et ambiguë parce que c’est le
dernier round d’un processus judiciaire qui n’a jamais eu lieu dans l’histoire
de l’humanité.
Il y a eu,
ces 70 dernières années, un effort de justice exceptionnelle avec les tribunaux
interalliés, les justices nationales française et allemande. Il ne faudrait pas
qu’il s’achève dans une sorte de malaise de voir des gens incapables de se
défendre, jugés et condamnés automatiquement.
Propos recueillis par Sarah Diffalah
En résumé, et pour reprendre
essentiellement ses propres mots, on entend ici S. Klarsfeld dénoncer une
justice jusqu’au-boutiste qui se passe de documents, de preuves et de témoins,
une justice où l’accusé est d’avance tenu pour coupable à moins qu’il ne prouve
son innocence, une justice qui condamne automatiquement, une justice qui heurte
le sens qu’on peut avoir de la justice et qui crée un sentiment de malaise, une
justice cédant à la pression de l’opinion publique, une justice non point
réelle mais tout au plus qualifiable de « symbolique » parce qu’en
réalité elle n’est qu’un semblant de justice.
S.
Klarsfeld admettra-t-il qu’on puisse encore aller plus loin et lui faire observer
que cette justice-là prend sa source dans le procès même de Nuremberg
(1945-1946) qui déjà obéissait à la « loi de Lynch », laquelle a
donné son nom au « lynchage » ? Les articles 19 et 21 du Statut
du Tribunal militaire international de Nuremberg (TMI) prononçaient déjà :
« Le Tribunal ne sera pas lié par les règles techniques relatives à
l’administration des preuves […]. Le Tribunal n’exigera pas que soit rapportée
la preuve de faits de notoriété publique mais les tiendra pour acquis ».
Il jugeait en première et dernière instance, aucune procédure d’appel n’étant
autorisée. Les droits de la défense étaient sévèrement restreints. Déjà le
simple fait d’avoir appartenu à telle organisation et d’avoir exercé tel emploi
valait condamnation automatique et peu importait la responsabilité personnelle
de l’accusé. Ce qui revenait à instituer les abominations juridiques de
« la responsabilité collective » et du renversement de la charge de
la preuve : à l’accusé de prouver son innocence ! Comme le déclarait
cyniquement le procureur général américain Robert H. Jackson le 26 juillet
1946, « Ce Tribunal représente une continuation des efforts de guerre des
Nations alliées » (version anglaise des actes du TMI, tome XIX, p. 398). Par
ailleurs, S. Klarsfeld a incontestablement raison de parler ici et ailleurs de « la
pression de l’opinion publique » en Allemagne qui exige de plus en plus de
répression expéditive contre les accusés mais s’est-il interrogé sur qui la forge,
cette opinion publique ? S’est-il interrogé sur la part considérable qu’il
a personnellement prise avec sa femme dans la « formation » de cette
opinion-là ? Pris dans son ensemble, le peuple allemand vit dans la
crainte qu’un jour des organisations juives internationales n’en viennent à
décréter que « la bête immonde » est en train de faire sa
réapparition en Allemagne. Ces organisations pourraient alors, une fois de plus,
faire décréter du jour au lendemain le boycottage
de l’Allemagne par les Nations unies. On imagine la catastrophe pour le pays. A
ce titre, le révisionnisme peut apparaître au peuple allemand comme une
aventure bien trop dangereuse pour l’Allemagne.
Pour
l’instant, on s’explique mal chez S. Klarsfeld ce « réveil », qui s’esquisse
timidement le 21 avril 2015 dans ses propos recueillis par Vincent Vantighem dans
l’article Serge
Klarsfeld: «Le procès de Gröning démontre que l’Allemagne a changé de vision
sur la Shoah». La vidéo qui
l’accompagnait a disparu. L’écran porte la mention suivante :
« Contenu Effacé. Cette vidéo n’est plus disponible car elle a été
supprimée ». La formulation est bizarre ; elle revient à dire qu’il y
a eu effacement parce quelqu’un a obtenu cet effacement ou en a décidé. Mais
qui a effacé et pourquoi ? Le titre de l’article demeure :
« Serge Klarsfeld : ‘Le procès de Gröning démontre que l’Allemagne a
changé de vision sur la Shoah’ ». Oskar Gröning est cet ancien comptable
d’Auschwitz dont le procès a commencé le 21 avril 2015 et qui, à 94 ans, a été
condamné, le 15 juillet suivant, à quatre ans d’emprisonnement pour complicité
dans le meurtre de 300 000 juifs. La légèreté de la peine peut s’expliquer par les
professions de foi, antirévisionnistes et parfaitement vagues, du comptable.
S. Klarsfeld sait depuis
1965 que la chambre à gaz d’Auschwitz-I n’est qu’un trucage
En 2015, Auschwitz aurait reçu plus de 1 700 000 visiteurs.
Je suppose qu’à peu près tous ces visiteurs ont visité le bâtiment du Krema-I
comportant officiellement deux pièces : une « chambre à gaz »
homicide et une salle de crémation. A ma première visite du camp, en 1975, je
m’étais rendu au Musée d’Etat du camp, où je m’étais présenté en ma qualité de maître
de conférences enseignant à la Sorbonne et où j’exprimais mon désir d’avoir
pour guide de la visite de ce Krema le meilleur des spécialistes. Un certain Jan
Machalek s’était alors présenté. La porte d’entrée du crématoire étant ouverte,
je lui avais désigné de loin le devant d’un four, et je lui avais demandé :
« Echt ? »
(« Authentique ? »). « Jawohl »,
m’avait-il répondu. Je l’avais alors amené devant le four et, passant le doigt
sur la bouche du four, je lui avais fait constater l’absence totale de suie.
Prenant une mine déconfite, il m’avait alors dit : « Rekonstruiert ». Ce qui m’avait
permis de lui dire que, s’il s’agissait d’une « reconstruction »,
c’est qu’il y avait des plans. Il en était convenu. « Où sont ces
plans ? » lui avais-je demandé. Il m’avait répondu qu’ils se
trouvaient au service des archives et qu’il me fallait pour les voir m’adresser
à un certain Tadeusz Iwaszko. Le lendemain, je reprenais l’avion pour Paris. Je
revenais à Auschwitz en mars 1976 et, le 19 mars (une date dans ma vie de chercheur),
je découvrais, au terme de considérables difficultés, les plans des cinq
crématoires d’Auschwitz et de Birkenau, des plans remarquablement précieux qui,
depuis 1945, avaient été tenus cachés. Un trésor ! J’en commandais 116
photos dont j’ai encore la facture. En particulier, je découvrais que toutes
les pièces qualifiées par la légende soit de vestiaires pour le déshabillage
des victimes, soit de chambres à gaz pour leur exécution n’étaient en réalité que
des pièces inoffensives désignées soit comme Leichenhalle (halle à cadavres), soit
comme Leichenkeller (cellier à
cadavres), c’est-à-dire de dépositoires (aux dimensions parfaitement usuelles,
m’avaient alors assuré un fabricant parisien de crématoires et son second) et
dont l’évacuation de l’air souillé ne pouvait se faire que par le sol. Je ne
m’attarderai pas ici à bien d’autres détails que j’ai rapportés à partir de
1978 dans divers articles de caractère technique ou dans un magazine espagnol (Interviú)
ou à la télévision suisse italienne (de Lugano) ou surtout dans une revue
d’histoire italienne (Storia
Illustrata). En 1978-1979, je m’étais exprimé dans divers journaux
français, dont Le
Monde, puis aux Etats-Unis et au Canada. Le Krema-I avait connu
deux états successifs : il avait d’abord été effectivement un crématoire
avec sa Leichenhalle, puis, devant les menaces de bombardements de
l’aviation soviétique, il avait été transformé en un abri anti-aérien avec une
salle d’opération chirurgicale pour l’infirmerie-hôpital SS située à une
vingtaine de mètres de là. Utiliser, dans
un bâtiment de crémation et à proximité d’une infirmerie hospitalière, du
Zyklon B, hautement inflammable, hautement explosif et hautement dangereux pour
tout le quartier environnant, aurait été une folie. En outre, la petite
porte d’accès à la prétendue chambre à gaz était de bois et partiellement vitrée
(un coup de coude dans la vitre et l’acide cyanhydrique serait allé tuer les
malades et le personnel du SS-Revier) ;
de plus la porte s’ouvrait vers l’intérieur, là où se seraient accumulés les
cadavres, ce qui aurait bloqué ladite porte.
Quant aux prétendues trappes d’introduction du Zyklon B dans le plafond, elles
avaient été hâtivement improvisées après la guerre par
les communistes polonais pour les besoins de la mise en scène générale ; elles
laissaient passer la lumière du dehors et, par manque d’étanchéité, elle
auraient, elles aussi, laissé passer le gaz mortel à l’extérieur.
Il
m’a fallu attendre 1995 pour qu’un historien résolument hostile jusque-là au
révisionnisme, Eric Conan, co-auteur avec Henry Rousso de Vichy, un passé qui ne passe pas
(Gallimard, 2001 [1994, 1996]), me donne raison au sujet de cette chambre à gaz
emblématique et qu’il en vienne à écrire : « Tout y est faux […]. A la fin des années 1970, Robert Faurisson
exploita d’autant mieux ces falsifications
que les responsables du Musée rechignaient alors à les reconnaître ». Il
rapporte ensuite un propos stupéfiant de la sous-directrice du Musée d’Auschwitz,
qui se refuse à expliquer au public le travestissement. Il écrit :
« Krystina Oleksy […] ne s’y résout pas : « Pour l’instant, on la laisse en état [cette pièce qualifiée de chambre
à gaz] et on ne précise rien au visiteur. C’est trop compliqué. On verra plus
tard » (Eric Conan, « Auschwitz : la mémoire du mal », L’Express, 19-25 janvier 1995, p.
68). Quelques années plus tard, E. Conan, que j’interrogeais sur cet article, a
bien voulu me dire qu’aucun démenti ne lui avait été opposé par la suite, en
particulier du fait du Musée ou de sa sous-directrice. Enfin, jamais, depuis
1995, c’est-à-dire depuis plus de vingt ans, les visiteurs n’ont eu droit à la
vérité. Encore en 2016, on persiste à leur mentir.
Mais,
en matière de découverte, tous deux (moi-même en 1975-1976 et E. Conan en
1994-1995), nous avions été devancés, d’une belle longueur par … S.
Klarsfeld ! Bien avant nous, dès 1965, il avait découvert la supercherie
du crématoire emblématique du camp d’Auschwitz. Du moins est-ce là ce qui
ressort d’une confidence qu’il aurait faite le 19 février 1996 à Valérie
Igounet, l’auteur de Robert Faurisson, portrait d’un
négationniste (Denoël, 2012, 465 p. ; p. 21 et notes 15 et 16 de
la page 414). V. Igounet écrit exactement : « Lorsqu’il se rend à
Auschwitz, en 1965, Serge Klarsfeld fait le même constat [qu’E. Conan dans L’Express]
et comprend qu’on y ‘truquait les choses’ ». Et elle évoque également
ensuite d’autres « trucages ». Comment cela ? Deux historiens,
S. Klarsfeld et V. Igounet, qui ne cessaient, depuis tant d’années de répéter
sur tous les tons que j’étais un faussaire, un falsificateur et un menteur,
savaient, l’un depuis 1965 et l’autre depuis 1996, qu’en tout cas, en ce qui
concernait la capitale de l’Holocauste, les faussaires, les falsificateurs, les
menteurs de l’histoire se trouvaient dans le camp opposé à celui de Faurisson !
Et ils n’en disaient rien ! En cachette, en petit comité, ils
s’entretenaient des « trucages » de l’histoire officielle et, en
public, ils se joignaient à la meute qui assaillait Faurisson. Il convient de
reconnaître qu’avec l’âge, S. Klarsfeld avait atténué ses attaques mais V.
Igounet, elle, a redoublé les siennes. Son livre de 2012 n’est qu’un amas de
calomnies, pires encore de celles de son précédent ouvrage susmentionné, Histoire
du négationnisme en France, publié en 2000. En 2007, au procès que
j’avais intenté à Robert Badinter, elle avait eu, comme trois autres témoins de
ce dernier, l’audace de prétendre sous serment que j’étais si bien un faussaire
et un menteur que je m’étais prévalu du titre de professeur d’université alors
que je n’avais jamais dépassé le grade de maître de conférences ! La
vérité vérifiable était que j’avais été nommé « dans le corps des
professeurs des universités » par décret ministériel n° 79.683 du 9 août
1979 avec une ancienneté de 9 mois et 8 jours. J’aurais dû poursuivre en
justice mes quatre lascars mais je n’ai pu le faire, mon avocat Me Eric
Delcroix ayant pris sa retraite. Ultérieurement, le mensonge sur ma
qualification sera repris à son compte, dans un autre procès, par l’avocate Me
Catherine Cohen-Richelet. Il le lui fallait bien : incapable de trouver
dans mes écrits ou mes déclarations une seule preuve de ce que j’étais un
faussaire, elle avait, en désespoir de cause, lancé cette bouteille à la mer.
Serge Klarsfeld à
l’avenir ?
A l’avenir, S. Klarsfeld pourrait, sur une si belle lancée,
nous réserver d’autres heureuses surprises. Mais je ne me berce pas
d’illusions. Le fâcheux précédent que constitue la mésaventure du prestigieux
historien israélien Ben Zion Dinur est là pour nous rappeler de quel prix les
gens de sa propre communauté peuvent faire payer à un juif une grave entorse à
la religion de la Shoah. Je me permets de renvoyer ici à mon article « Mémoire juive contre histoire : ou
l’aversion juive pour tout examen critique de la Shoah » (15 juin 2006). On y verra
comment le fondateur lui-même, à Jérusalem, en 1953, du Mémorial de Yad Vashem,
s’est résigné, de guerre lasse, à donner sa démission en 1959 ; il avait
mis en garde ses concitoyens contre les « témoins » et il avait
ensuite préconisé un examen systématique des « témoignages » à la
manière du fondateur du révisionnisme historique, le Franco-Britannique
John-Norton Cru. Vers 1974-1979, au début de mes propres tribulations, j’ai vu
un certain nombre de juifs prendre ma défense, non point comme Noam Chomsky sur
le seul plan de la liberté d’expression mais aussi sur le fond. Tel fut le cas de Jean-Gabriel Cohn-Bendit qui n’allait pas craindre d’écrire :
« Battons-nous donc pour qu’on détruise ces
chambres à gaz que l’on montre aux touristes dans les camps où l’on sait
maintenant qu’il n’y en eut point, sous peine qu’on ne nous croie plus sur ce
dont nous sommes sûrs. Les nazis avaient des camps modèles à montrer aux bonnes
âmes de la Croix-Rouge ; ne nous laissons pas aller à faire l’inverse » (Libération,
5 mars 1979, p. 4). Il m’avait trouvé en Me Yvon Chotard, du barreau de Nantes, un excellent avocat
et il m’avait apporté son aide de germaniste dans l’analyse du journal du Dr
Johann-Paul Kremer. Bien plus tard, il allait regretter publiquement cette aide
et plaider qu’il avait commis là « une faute politique ». Il sait que je ne lui
en ai tenu nulle rigueur.
La pression exercée contre ceux qui esquissent un simple
mouvement en direction ou en faveur du révisionnisme reste considérable. Il
n’empêche que, sur le plan strictement historique et scientifique, le plus
grand des mythes de la Seconde Guerre mondiale, celui des prétendues
« chambres à gaz nazies », tangue dangereusement. Honneur à ceux qui,
au sein même de la
communauté juive, auront contribué si peu que ce
fût à l’effondrement final de ce mythe calamiteux ! Ils auront même, soit dit
en passant, épargné aux juifs le déshonneur d’être, dans leur ensemble,
assimilés à ces organisations nationales ou internationales qui prétendent les
représenter et s’en font abusivement les porte-parole. En défendant les droits
le l’Exactitude en matière d’histoire, ces quelques juifs auront, à leur manière,
vraiment défendu leur propre peuple et pris leur humble place parmi les Justes.
10 mars 2016