2e édition revue et corrigée
© 2009 La Sfinge, Rome
(Disponible auprès des Editions Akribeia)
Préface
Favorable
aux Alliés et secourable aux juifs, le pape Pie XII était aussi révisionniste.
C’est précisément son scepticisme de révisionniste, et non pas une quelconque ignorance
des faits, qui explique son silence sur la prétendue extermination physique des
juifs, sur les prétendues chambres à gaz nazies et sur les prétendues six
millions de victimes juives de ce qu’on appelle aujourd’hui
« l’Holocauste » ou « la Shoah ».
Favorable
aux Alliés, il est allé jusqu’à se faire, en 1940, l’intermédiaire entre, d’une
part, des opposants allemands du régime de Hitler et, d’autre part, la France
et la Grande-Bretagne. Mieux : en 1941, ayant à choisir entre Hitler et
Staline, il a décidé, à la demande de Roosevelt, de choisir Staline. Pourtant
« Uncle Joe » incarnait ce communisme que, quatre ans auparavant, une
encyclique avait stigmatisé comme étant « intrinsèquement pervers ».
Aussi l’armée allemande allait-elle voir ses propres soldats, souvent
catholiques, et des aumôniers de la Wehrmacht se faire tuer à l’Est par des
armes américaines fournies aux communistes avec la secrète bénédiction du Pape.
Les Allemands rouvraient les églises fermées par les Soviétiques mais, plus
tard, au procès de Nuremberg, ils se verront accuser – notamment par un
procureur soviétique – de persécution religieuse. Au Vatican nul ne protestera
contre la criminelle mascarade judiciaire de Nuremberg.
Secourable
aux juifs, Pie XII a toujours dénoncé le racisme et l’antisémitisme. Pendant la
guerre, soit en personne, soit par l’entremise de ses représentants, il s’est
porté à l’aide des juifs européens. Il l’a fait par les voies religieuse,
diplomatique, matérielle, financière et médiatique (L’Osservatore Romano et
Radio Vatican). Il a dénoncé, par des allocutions publiques et par l’imprimé,
l’enfermement de nombreux juifs dans des camps ou des ghettos, leur
« dépérissement progressif » (progressivo
deperimento) ainsi que les « contraintes exterminatrices » (costrizioni sterminatrici) auxquelles
ils étaient soumis. Pendant et après la guerre, hommage lui a été rendu de son
action en faveur des juifs dans leur ensemble par de multiples personnalités ou
instances juives et sionistes.
Révisionniste
et se rappelant la leçon des mensonges de la première guerre mondiale sur le
compte de la barbarie teutonne (enfants aux mains coupées, usines à cadavres,
etc.), c’est avec un scepticisme de bon aloi qu’il a accueilli la pléthore de
récits cacophoniques sur les usines de mort nazies. Avant d’imputer ces crimes
à un Adolf Hitler qu’il abhorrait, il voulait des confirmations et des
précisions. On ne les lui a pas fournies et parfois même on lui a répondu que
l’évidence n’avait pas besoin de preuves. Alors, avec raison, il a décidé de se
taire sur ce qui n’était que rumeurs infondées.
Son
scepticisme en la matière s’apparentait, avec encore plus de netteté, à celui
des hauts dirigeants alliés pendant la guerre. Ces derniers, dans leurs
diatribes antinazies, flétrissaient assurément « l’extermination »
des juifs mais avec l’enflure rhétorique des discours de guerre, et seulement
dans un sens général et traditionnel ; c’est ainsi que par
« extermination », ils entendaient excès, mauvais traitements,
exécutions massives, famine. En août 1943, ils avaient failli aller plus loin
et parler de « chambres à gaz » mais, à Londres, le Foreign Office
et, à Washington, le State Department, inondés de propagande juive, décidaient
d’un commun accord, le 29 août 1943, que les preuves étaient insuffisantes (insufficient evidence) pour parler de
chambres à gaz d’exécution. Dans le même esprit, pendant et après la guerre,
dans leurs discours comme dans leurs mémoires, Churchill, Eisenhower et De
Gaulle se sont gardés de mentionner les prétendues chambres à gaz ou les
prétendus camions à gaz des nazis.
Aujourd’hui,
une certaine propagande juive ou sioniste englobe dans une même réprobation Pie
XII, Roosevelt, Churchill, Staline, le Comité international de la Croix-Rouge,
les divers mouvements de Résistance, les pays neutres et quasiment l’univers
entier. Tous se voient reprocher leur indifférence ou leur silence à l’égard du
« petit peuple qui a tant souffert ». Leurs descendants ou
successeurs doivent exprimer publiquement leur repentance (techouva), et payer.
A vrai dire, Pie XII a des défenseurs et,
parmi ceux-ci, des juifs. Pour eux, si le Pape s’est tu sur leur sort affreux,
c’est qu’il ne « savait pas ». Les responsables alliés, ajoutent-ils,
n’en savaient d’ailleurs pas plus, d’où leur propre silence, leur inaction,
leur refus de bombarder Auschwitz. L’explication est pitoyable. Elle ne repose
que sur une spéculation. Elle aggrave le cas de ceux qu’on cherche à
défendre : elle en fait des sourds, des aveugles ou des ignorants.
Si,
pendant trois ou quatre ans, une extermination physique d’une telle ampleur
avait été perpétrée avec des moyens aussi horribles que ces gigantesques
abattoirs chimiques, en plein cœur de l’Europe (une Europe transparente quoi
qu’on nous en dise) et si le résultat en avait été la disparition de six
millions de personnes (l’équivalent de la population suisse), cela se serait su
et les traces du crime abonderaient. En
fait, pas une trace n’a été trouvée, pas un document n’a été découvert, et pour
cause. Le procès-verbal de Wannsee atteste du contraire d’une politique
d’extermination puisqu’il prévoit la « remise en liberté » (Freilassung) des juifs à la fin de la
guerre et la création d’une entité juive hors de l’Europe. En revanche, à
partir de 1945, ce prétendu massacre planifié a produit des millions de juifs
européens se qualifiant de « témoins vivants du génocide », de
« survivants » ou de « miraculés ». Pour qui veut bien
réfléchir, tout ce monde-là constituait plutôt, à son corps défendant, un
ensemble impressionnant de « preuves vivantes » du fait qu’il n’y
avait eu, en réalité, ni « Holocauste » ni « Shoah ».
Pour les religionnaires de la
« Shoah », la magique chambre à gaz est tout et elle permet tout
(Céline en 1950). Ce mythe est l’épée et le bouclier d’Israël. Il autorise
pouvoir exorbitant, privilèges, pressions, extorsions et chantage.
« Auschwitz » est manié comme un « gourdin » moral
(Martin Walser en 1998). La première victime en est l’Allemagne vaincue ;
la deuxième est la chrétienté qu’on offense et la troisième, le monde
arabo-musulman qu’on cherche constamment à humilier.
Les
successeurs de Pie XII ont tenté d’opposer quelque résistance au flot montant
des exigences et des récriminations juives fondées sur le Grand Mensonge. Mais
aussi bien Jean XXIII que Paul VI ont dû céder pas à pas. Quant à Jean Paul II,
parvenu au pontificat en 1978, ses tentatives de résistance ont duré onze ans. En 1989, durant l’affaire des
carmélites d’Auschwitz et de la croix d’Auschwitz, qui le verra capituler sur
toute la ligne devant les exigences juives, il évoque, dans un message aux
évêques polonais, l’extermination des juifs voués aux chambres à gaz. En 1990,
il récidive devant un groupe de Polonais reçus en audience au Vatican. En 1992,
il condamne le révisionnisme historique. En 1993, il reconnaît l’Etat d’Israël.
En 1998, il dénonce en
propres termes « la Shoah, ce plan effarant d’extermination d’un peuple,
qui coûta la vie à des millions de frères et sœurs juifs ». En agissant
ainsi, il a condamné Pie XII, dont, par le fait même, le procès en
béatification est rendu impossible. Et cela à la grande satisfaction des juifs
qui, on le sait, exigeaient l’interruption dudit procès.
Pour
ceux qui le souhaitent, le seul moyen de réhabiliter la mémoire de leur
« pape outragé », est de parler le langage de la vérité vérifiable,
de l’exactitude historique ou, tout simplement, des faits.
Par la même occasion, ils se
trouveront défendre les victimes, qui se comptent aujourd’hui par milliards, de
« la mystification du XXe siècle » (Arthur Robert Butz).
Tout à fait acquis à la cause
des Alliés et résolument opposé au racisme comme à l’antisémitisme, le pape Pie
XII n’en a pas, pour autant, ajouté foi à toutes les rumeurs propagées, pendant
et après la seconde guerre mondiale, sur le compte des atrocités imputées au
Troisième Reich.
On parle volontiers de son « silence » sur ce qu’il est
convenu d’appeler aujourd’hui l’« Holocauste » ou la
« Shoah » (c’est-à-dire, essentiellement, la prétendue
« extermination des juifs », les prétendues « chambres à gaz
nazies » et les prétendues « six millions de victimes juives »).
Les uns font grief au Pape de s’être tu sur ces atrocités, qu’on nous présente
comme réelles ; d’autres, croyant venir à son secours, expliquent que, si
le Souverain Pontife était sorti de son silence pour dénoncer publiquement une
telle abomination, il aurait suscité la fureur de Hitler, ce qui, dit-on,
n’aurait pas manqué d’aggraver la persécution des juifs.
L’argument ne saurait convaincre.
Il ne fait pas de doute qu’à
maintes reprises (notamment, en mai 1940, au sujet de la Pologne vaincue par
l’Allemagne et l’Union soviétique) Pie XII aurait souhaité prononcer « des
paroles de feu » et qu’il s’en est abstenu pour ne pas rendre encore plus
dure la condition des victimes. Mais le crime de la « Shoah », tel
qu’on nous le décrit complaisamment, est, lui, si monstrueux qu’on n’imagine
pas comment il aurait pu être aggravé. Pour commencer, aucune autorité
religieuse et morale n’aurait tout simplement pu le passer sous silence pour
quelque raison d’opportunité que ce fût. Or, le 4 juin 1944, quand les troupes
alliées entrent dans Rome, le Pape, qui leur fait fête, continue de se taire
sur le sujet. La guerre prenant fin en Europe le 8 mai 1945, Pie XII persiste
dans son silence. Le 2 juin 1945, il prononce devant le Sacré Collège une
impitoyable allocution contre le national-socialisme et Hitler ; il flétrit
« les méthodes les plus raffinées pour torturer ou supprimer des personnes
souvent innocentes » ; il dénonce l’usage des prisons et des camps de
concentration, en particulier celui de Dachau où, à côté des détenus
politiques, avaient été enfermés des chrétiens et des prêtres, mais il n’a pas
un mot pour un processus d’extermination physique des juifs ou pour l’emploi de
chambres à gaz d’exécution. Sur le sujet, il se taira jusqu’à sa mort, en 1958.
Pourquoi ce silence obstiné ?
Un tel mutisme intrigue d’autant plus que, de 1939 à 1945, loin de
rester impartial face aux belligérants, le Pape s’est montré résolument
favorable à la cause des Alliés et hostile aux forces de l’Axe. Il n’a pas fait
mystère de sa sympathie pour la Pologne, la France, la Grande-Bretagne et les
Etats-Unis. Certes, il aimait le peuple italien et le peuple allemand mais les
plaignait d’avoir pour dirigeants Mussolini et Hitler. Le fascisme lui
répugnait tandis que le national-socialisme et le communisme lui inspiraient
horreur et crainte. Aussi longtemps que Staline et Hitler firent cause commune,
c’est-à-dire du 23 août 1939 (signature du pacte germano-soviétique) au 22 juin
1941 (entrée en guerre de l’Allemagne contre l’Union soviétique), il tint les
deux dictateurs pour également détestables. Mais, quand Joseph Staline se
retrouva dans le camp des Alliés, Roosevelt, désireux de venir en aide à
« Uncle Joe », sollicita une intervention du Pape en ce sens auprès
des catholiques américains. Pie XII eut alors en quelque sorte à choisir entre
Hitler et Staline. Comme on le verra plus loin, il choisit Staline. C’est dire
à quel point la cause des Alliés lui était chère.
Son silence sur l’« Holocauste » des juifs devient encore
moins compréhensible quand on considère sa répulsion pour l’antisémitisme et la
somme impressionnante, tout au long de la guerre et après la guerre, de ses
interventions, directes ou indirectes, en faveur des juifs.
A cet énigmatique silence de Pie XII il n’y a, comme on va le voir,
qu’une explication : jusqu’au terme de sa vie, le Pape a traité l’histoire
des « chambres à gaz nazies », du « génocide des juifs » et
des « six millions de victimes juives » comme s’il y voyait une seule
et même rumeur, une exagération, une invention de la propagande de guerre. En somme,
son attitude à cet égard a été celle d’un révisionniste.
Il a été un révisionniste à la manière de
Winston Churchill, de Charles de Gaulle, de Dwight Eisenhower et de bien
d’autres éminents responsables du camp des Alliés ou des pays neutres, qui,
aussi bien pendant la guerre qu’après la guerre, tout en manifestant à la fois
leur aversion pour le national-socialisme et leur compassion pour les juifs, se
sont pourtant refusés à cautionner l’existence de l’« Holocauste » et
n’ont, par exemple, jamais écrit ou prononcé les mots fatidiques de
« chambre(s) à gaz » [1].
Crusade in Europe (1948) de D. Eisenhower, les six volumes de The
Second World War de W. Churchill (1948-1954) et les trois volumes des Mémoires
de guerre de Ch. de Gaulle (1954-1959) constituent un ensemble de plus
de 7 000 pages écrites après la guerre ; or, pour prendre cet exemple, on
n’y décèle nulle trace des « chambres à gaz ». Au point de vue de ces
trois grands témoins de la seconde guerre mondiale, les « chambres à
gaz » nazies ont donc été moins qu’un détail et tout s’est passé pour
eux comme si ces abattoirs chimiques n’avaient pas existé. Pie XII, de même,
n’en a parlé ni expressément, ni dans le style allusif propre au Vatican ;
il ne l’a fait, répétons-le, ni pendant la guerre, ni après la guerre.
Son « silence » a porté sur ce qui est contesté par les
révisionnistes, c’est-à-dire sur le « génocide des juifs », sur
les « chambres à gaz nazies », sur les « camps
d’extermination » (cette dernière expression a été forgée par la
propagande alliée) et sur les « six millions de victimes juives ».
Pour le reste, c’est-à-dire pour les épreuves incontestablement subies par les
juifs, pour les mesures discriminatoires dont ces derniers ont eu à souffrir,
pour les déportations, pour les conditions de vie dans les camps de
concentration, loin d’observer le silence, Pie XII a, déjà en pleine guerre,
dénoncé ces réalités et, surtout, avec plus d’efficacité que personne au monde,
il a agi pour la défense des juifs. Il l’a fait soit personnellement, soit par
l’entremise de ses représentants. Aussi, après la guerre, s’est-il trouvé des
juifs, et non des moindres, pour lui rendre de vibrants hommages. Encore
aujourd’hui, des juifs le défendent contre ceux qui lui reprochent,
abusivement, son « silence » sur les malheurs du peuple d’Israël,
quand ce n’est pas, tout aussi injustement, le prétendu « silence »
qu’il aurait observé sur les épreuves des Serbes ou des Polonais.
Il a dénoncé les véritables excès et s’est tu sur le
compte
des horreurs non prouvées
Pie XII a condamné le racisme, l’antisémitisme, le sort réservé aux
juifs par les Allemands, les arrestations de civils innocents, les
déportations, les camps de concentration ou de travail forcé et ce qu’il a
appelé soit le « dépérissement progressif » (progressivo deperimento), soit « les contraintes
exterminatrices » (costrizioni
sterminatrici) auxquelles étaient parfois soumises, dans ces camps, des
personnes en raison de leur seule nationalité (polonaise, par exemple) ou de
leur seule race (juive, par exemple).
En la circonstance, il n’a pas
nommé les Polonais et les juifs mais il les a clairement désignés. Personne ne
s’est mépris là-dessus. Les Allemands ont vu là une transgression de
l’impartialité à laquelle le Vatican aurait dû s’astreindre. Dans l’article
qu’elle consacre à Pie XII, The Encyclopedia of the Holocaust (1990) prononce : « The reference to Jews was clear but not
explicit » mais on peut tout aussi bien juger que « la référence
aux juifs n’était pas explicite mais claire ».
Pie XII n’aurait pas manqué, allant plus loin encore, de dénoncer
l’existence du « génocide » et des « chambres à gaz » (ou
des « camions à gaz ») si on lui en avait apporté les preuves. Ces preuves, il les a réclamées sans pouvoir
les obtenir. Parfois même ses informateurs en la matière ont refusé de se
justifier, alléguant que l’évidence n’avait pas à être prouvée. Le Pape a donc
stigmatisé des excès qui lui paraissaient vrais mais il s’est refusé à
condamner, de surcroît, des atrocités qui ressemblaient sans doute trop aux
bobards et bouteillons de la première guerre mondiale. Sa génération (il avait
trente-huit ans en 1914) avait été marquée par le dévoilement, juste après la
guerre de 1914-1918, par les Alliés eux-mêmes, des mensonges qu’ils reconnaissaient
avoir inventés sur le compte de la barbarie teutonne cependant que, de son
côté, la propagande allemande n’avait pas été en reste sur le chapitre des
atrocités belges. Il a immédiatement soupçonné que certains récits d’horreurs
nazies que lui transmettaient des officines juives ou alliées pouvaient n’être
que des exagérations classiques de la propagande de guerre. Après tout, les
histoires de ces « usines de mort » où les Allemands auraient
systématiquement tué les juifs pour les transformer en savon, en engrais, en
produits divers ne ressemblaient-elles pas, à s’y méprendre, aux histoires des
« usines à cadavres » de la première guerre mondiale ? Instruit
par l’expérience, Pie XII a su distinguer les vraies tragédies des abominations
non prouvées. Il a alerté le monde sur les premières et il a eu le bon sens de
se taire sur les secondes. Il a, de fait, raisonné, conclu et agi en
révisionniste. Son « silence » a porté exclusivement sur des horreurs
qui, parce qu’elles lui semblaient de possibles inventions de la propagande de
guerre, n’appelaient de sa part aucune réprobation. En homme de savoir et de
conscience, il a craint de porter contre le peuple allemand une accusation
diffamatoire et de calomnier son prochain. Son silence a d’abord été celui d’un
esprit pour qui « science sans conscience n’est que ruine de
l’âme » ; puis, ce silence a été celui de la plus haute autorité de
l’Eglise pour qui la prudence est une vertu cardinale. Son cas se résumerait, ici, en trois mots latins : Scientia, Conscientia, Prudentia.
Mais, ainsi qu’on le verra plus loin, il est arrivé à Pie XII de pécher par
imprudence, par manque d’impartialité, par ruse politique, et cela aux dépens
de Hitler et de Mussolini, les futurs vaincus, et non aux dépens de Churchill,
de Roosevelt et de Staline, les futurs vainqueurs.
Sa
partialité en faveur des juifs et des Alliés
Son action directe ou indirecte en faveur des juifs a été considérable.
Dans toute l’Europe (particulièrement en France durant l’été de 1942) et même
ailleurs dans le monde, par l’intermédiaire de ses « ministres », de
ses nonces, de ses envoyés apostoliques, de ses cardinaux, archevêques et
évêques ainsi que des supérieurs de monastères pour hommes ou pour femmes, il a
conduit et maintenu une politique de protection des fils et filles d’Israël.
Pour la défense des juifs, il est allé jusqu’à prendre des initiatives
clandestines qui, comme on le verra plus loin, étaient en infraction avec la
loi et le droit commun. L’aversion qu’il nourrissait à l’endroit de Hitler l’a,
pour le coup, poussé à l’imprudence, comme il sera démontré ci-dessous. Il est
absurde de parler d’une collusion de Pie XII avec Hitler ou même avec
Mussolini. Dès 1940, ce dernier déclare d’ailleurs publiquement que « le
Vatican est une appendicite chronique de l’Italie » ; tandis que
d’autres fascistes parlent de « cancer ». Le 30 juin 1944, alors que
le Maréchal Pétain est encore au pouvoir en France et que Léon Bérard le
représente auprès du Saint-Siège, Pie XII reçoit le Général de Gaulle selon le
protocole réservé aux chefs d’Etat. C’est à bras ouverts qu’il reçoit également
en visite officielle des délégations de soldats et d’officiers britanniques,
américains, canadiens, y compris ceux d’entre eux qui, dans d’atroces
bombardements, avaient pu tuer tant de civils. Roberto Farinacci n’est pas le
seul fasciste à se dire indigné par le parti-pris du Pape, outré par son refus
de soutenir les Italiens partis se battre sur le front de l’Est « contre
le communisme athée » et ulcéré par son silence sur la dissection de
l’Europe d’avance entérinée à la conférence de Yalta (4-11 février 1945).
Souvent, Allemands et Italiens se sont ainsi indignés du « silence »
ou des « silences » du Pape. L’Osservatore Romano et Radio
Vatican ont été leurs bêtes noires. Sur tous ces points, on pourra se reporter
à l’ouvrage d’Owen Chadwick, Britain and the Vatican during the Second World War (Cambridge University
Press, Londres, 1986, p. 107, 109, 186, 306-307). D’une manière générale, tout
historien qui s’interroge sur ce qu’il est convenu d’appeler « le silence
de Pie XII » devrait passer en revue tous les « silences » du
Pape avant, pendant et après la guerre ; il est probable qu’il
s’apercevrait alors que, si l’on peut reprocher au Pape son mutisme ou son
inaction, ce serait plutôt dans les moments où les vainqueurs, se croyant tout
permis, ont accumulé aux dépens des vaincus une somme inouïe d’excès en tout
genre : gigantesques déportations, exécutions sommaires,
« épurations » sanglantes, pillages comme le monde n’en avait pas
encore connu, tribunaux où, les armes s’étant tues, le vainqueur juge le vaincu
qu’il tient à sa merci et qu’il condamne à la potence au terme de mascarades
judiciaires. En France, vers 1944-1945, des voix comme celle du Père Panici, du
chanoine Desgranges ou de prélats qui, en 1942, s’étaient élevés en faveur des
juifs et qui maintenant étaient indignés par les horreurs de
l’Epuration », ont été rarissimes ; à peu près personne n’osait alors
affronter le tout-puissant parti communiste, les juifs ou Charles de Gaulle
lui-même et s’indigner de leurs excès (y compris au spectacle des femmes
tondues). En Allemagne, quelques prélats qui, pendant la guerre, s’étaient
signalés par leurs interventions en faveur des juifs, ont fini par s’émouvoir
de la répression exercée par les Alliés. Il ne semble pas que le Pape, dans ces
moments-là, à défaut de rompre son silence, ait beaucoup agi. Les récits que
l’on colporte sur l’aide apportée par le Vatican aux « nazis » en
fuite sont largement aussi imaginaires que le prétendue « filière
ODESSA ».
Gratitude des
juifs envers Pie XII
Pendant et après la guerre, Pie XII a reçu l’hommage appuyé de
personnalités juives de premier plan pour son action en faveur des juifs à
l’heure de tous les périls. Citons ici, parmi bien d’autres, les noms d’Israel
(ou Israele) Anton Zoller (1881-1956), alias Italo Zolli, grand rabbin de Rome,
et de Golda Meir, à l’époque ministre des Affaires étrangères et futur premier
ministre de l’Etat hébreu.
Italo Zolli, se convertissant,
ainsi que sa femme et, plus tard, sa fille, à la religion catholique, avait
tenu, le 13 février 1945, jour de son baptême, à choisir le prénom de Pie XII,
né Eugenio Pacelli, tandis que sa femme prenait celui d’Eugenia. Eugenio Zolli
a toujours tenu à préciser que les journalistes se trompaient en attribuant
cette conversion à sa gratitude pour Pie XII. Sa conversion avait bien d’autres
motifs, mais sa gratitude n’en était pas moins certaine à l’égard d’un pape qui
avait tant fait pour les juifs comme, d’ailleurs pour beaucoup de non-juifs [2].
Pinchas Lapide (1922-1997) a
consacré toute une partie de sa vie à la défense de Pie XII. Consul général
d’Israël à Milan bien après la guerre, il s’est insurgé contre les attaques
dont le souverain pontife avait été souvent la cible de la part d’un athée
comme Albert Camus ou d’un catholique comme François Mauriac et, surtout, de la
part d’un protestant allemand, Rolf Hochhuth. En 1963, ce dernier a dressé
contre Pie XII un long réquisitoire qu’il a résumé en une pièce de théâtre
intitulée Der Stellvertreter (traduction
consacrée par l’usage : Le Vicaire). Juif orthodoxe,
universitaire spécialisé dans l’étude du Nouveau Testament, P. Lapide a publié
en 1967 un livre intitulé, dans sa version anglaise, Three Popes and the Jews :
Pope Pius XII Did not Remain Silent
(Hawthorn Books, New York) (Trois papes [les trois derniers papes] et les
juifs : le Pape Pie XII n’est pas resté silencieux), où il concluait, de
sa propre expérience et de ses recherches dans les archives de Yad Vashem, que
l’Eglise catholique avait, selon ses estimations, sauvé « au moins 700 000
mais, plus probablement, 860 000 juifs d’une mort certaine aux mains des
Nazis ».
Il est arrivé à des spécialistes juifs de l’« Holocauste »
comme Martin Gilbert ou Richard Breitman de prendre également la défense du
souverain pontife mais le plus actif de tous semble être, encore aujourd’hui,
le rabbin David G. Dalin, professeur associé d’histoire au Jewish Theological
Seminary de New York. Auteur d’une étude intitulée « A
Righteous Gentile : Pope Pius XII and the Jews » [3] (Un
juste parmi les nations : le Pape Pie XII et les juifs), il multiplie, en
diverses langues et en de nombreux pays, les interventions et les conférences
sur le sujet. Dans une étude intitulée « Pius XII and the Jews » (Weekly
Standard, New York, 26 février 2001), il énumère les noms, parmi bien
d’autres, de personnalités juives qui ont tenu à manifester leur reconnaissance
au Pape : Albert Einstein dès 1940, Chaim Weizmann, Moshe Sharett, Golda
Meir, Isaac Herzog, qui fut grand rabbin d’Israël, Leon Kubowitzky au nom du
Congrès juif mondial (avec un don au Pape, en septembre 1945, de 20 000 $) et
Elio Toaff, grand rabbin de Rome. En 1955, l’Union des communautés juives
d’Italie proclamait le 17 avril « Jour de gratitude » pour l’aide du
Pape pendant la guerre. Le 26 mai de la même année, financé par le gouvernement
israélien, l’orchestre philharmonique d’Israël, comprenant quatre-vingt-quinze
juifs originaires de quatorze pays différents, se rendait par avion à Rome pour
jouer, sous la direction de Paul Kletzki, devant le souverain pontife, dans la
salle du consistoire du Vatican, la septième symphonie de Beethoven en
témoignage de la « gratitude sans limites » (enduring gratitude) de l’Etat hébreu « pour l’œuvre immense
d’assistance humaine prodiguée par Sa Sainteté pour sauver un grand nombre
d’Israélites pendant la guerre ». Détail piquant, D. G. Dalin traite de
« révisionnistes » les historiens qui, tel John Cornwell, auteur de Hitler’s
Pope: The Secret History of Pius XII
(Le pape de Hitler : l’histoire secrète de Pie XII ; en traduction
française : Le Pape et Hitler. L’histoire secrète de Pie XII, Albin Michel,
Paris, 1999), accusent le Pape d’avoir trop cédé à Hitler ; pour lui, en
effet, les « révisionnistes » sont des auteurs qui nient l’évidence.
Soit dit en passant, l’ouvrage de J. Cornwell ne tient pas les promesses du
titre original : on n’y découvre guère de trace d’une « histoire
secrète » et l’expression « Le pape de Hitler » semble n’être là
qu’afin d’attirer le chaland ainsi que les faveurs du lobby ; pour la
traduction française on a préféré pour titre Le Pape et Hitler, ce
qui, par sa banalité, se trouve mieux répondre au contenu de l’ouvrage et à son
manque de substance réelle et vraiment nouvelle.
Pour de plus amples
renseignements sur l’action et les publications des trois principaux défenseurs
juifs de Pie XII, on interrogera sur le réseau Internet le moteur de recherche
google.com, en particulier sous les noms de « Eugenio Zolliml », de
« Pinchas Lapide » et de « David G. Dalin ».
Le juste
scepticisme de Pie XII, des Alliés et des neutres
A leurs propres officines de propagande guerrière, à leurs journalistes
ou cinéastes et à leurs juges de basse justice, les hauts responsables alliés
ont laissé la bride sur le cou en matière de récits d’atrocités mais, pour leur
propre compte, ils se sont bien gardés de donner leur aval à de telles rumeurs.
Ont observé une réserve identique d’abord, à Londres, le Foreign Office, puis,
à Washington, le State Department. Tous deux étaient submergés par de prétendus
« renseignements » sur les atrocités de l’ennemi et subissaient
d’incessantes pressions du fait de groupes ou de lobbies juifs. Vérification
faite, ces « renseignements » se révélaient, pour les plus alarmants
d’entre eux, n’être que des bruits sans fondement, attribuables avant tout à
des juifs qui « tendaient à exagérer les atrocités allemandes en vue de
nous “échauffer” » (in order to stoke us
up) [4]. Quant aux responsables du Comité international de
la Croix-Rouge, ils n’ont pas dérogé à la règle. Autant que le Foreign Office
ou le State Department, ils ont cherché à vérifier les rumeurs circulant sur
les chambres à gaz nazies et il leur a fallu conclure à l’insuffisance de
preuves, sinon ils n’auraient pas manqué d’en parler pendant la guerre comme
d’une affreuse réalité. Roosevelt a personnellement observé le silence sur ce
sujet alors même que le War Refugee Board, office directement rattaché à la
Maison blanche et soutenu par le juif de combat Henry Morgenthau Jr, ministre
des Finances (Secretary of the Treasury),
diffusait pourtant, à partir de novembre 1944, le récit, d’ailleurs absurde, de
ce qu’on a appelé du nom de « Protocoles d’Auschwitz » ou de « War Refugee Board Report ».
Les hauts responsables Britanniques ne pouvaient pas croire aux
prétendus gazages homicides puisque, parvenus à briser les codes que les
Allemands utilisaient pour leurs messages secrets, leurs services spécialisés
ne trouvèrent dans ces innombrables messages aucune mention de tels
gazages : « There were no
references in the decrypts to gassing » (Dans les pièces déchiffrées
il n’a pas été fait mention de gazage) [5]. Comment, par exemple, le Foreign Office
aurait-il pu ajouter foi à des récits d’atrocités identiques ou semblables à
ceux qu’au sein même de ce ministère fabriquait, sur mesure, l’officine
pudiquement nommée « Political Warfare Executive » (PWE) ? Par
exemple, lors d’une campagne de fausses nouvelles à destination du monde arabe
où les Allemands jouissaient d’un grand prestige, le PWE avait fabriqué et
diffusé les informations suivantes : 1° En Tripolitaine occupée, les
Allemands avaient transformé les mosquées en bordels ; 2° Ils manquaient à
ce point de textiles qu’ils faisaient déterrer les morts des cimetières
musulmans pour s’emparer de leurs linceuls, qu’ils envoyaient dans des
fabriques de tapis en Allemagne ; 3° En entrant dans Tunis, les troupes
alliées avaient découvert dans les magasins de l’armée allemande des enfants
transformés en viande de boucherie et dont les morceaux étaient présentés comme
étant des « rations » de porc [6].
Edouard Benes, qui présidait à Londres le gouvernement tchécoslovaque
en exil, fit procéder à de longues
vérifications de la rumeur selon laquelle les juifs étaient exterminés et
conclut que, contrairement à ce que laissait entendre le juif Gerhard Riegner,
les Allemands n’avaient aucun plan visant à une telle extermination ;
selon Benes, des juifs continuaient d’être laissés en liberté là où ils
habitaient et se déplaçaient sans encombre ; certes, avec l’approche de la
défaite, les nazis se feraient, disait-il, plus répressifs mais ils se
comporteraient de la même façon avec les autres franges de la population et il
n’y aurait pas de traitement spécial des juifs [7]. Mais, au fait, G. Riegner,
dans son trop fameux télégramme du 10 août 1942, n’avait-il pas apporté à son
annonce d’un plan d’extermination des juifs un correctif que trop d’historiens
de l’« Holocauste » se sont empressés
d’oublier ? N’avait-il pas écrit : « Nous transmettons ce
renseignement avec toutes les réserves qui s’imposent, vu que nous ne pouvons
en confirmer l’exactitude » (We
transmit this information with all the necessary reservation, as exactitude
cannot be confirmed by us) [8] ?
Au mythomane polonais Jan Karski, le juif américain Felix Frankfurter,
juge à la Cour suprême, dit simplement : « Je ne peux vous
croire » [9].
En France, encore en janvier 1945, le procureur Reboul, pourtant
acharné à obtenir la condamnation à mort de Robert Brasillach, n’évoquera que
« les camps exceptionnels de sévérité, en Pologne ».
De sérieuses
informations juives sur le vrai sort des juifs
On nous répète aujourd’hui que, pendant la guerre, les renseignements
ne manquaient pas sur le sort des juifs. On sous-entend par là que ce sort
était fatal et que lesdits renseignements concordaient. Rien de tel en réalité.
Les renseignements étaient contradictoires, sinon cacophoniques. Les uns
étaient alarmants et, en général, d’une évidente exagération et fort imprécis
tandis que d’autres, précis et, par comparaison, plutôt rassurants, étaient
manifestement puisés à bonne source. D’où ce scepticisme généralisé (ou ce
révisionnisme) qui régnait soit au Vatican, soit ailleurs, chez ceux qui, au
milieu d’un flot de récits échevelés, recevaient des rapports
circonstanciés : il leur était facile, par simple comparaison, de discerner,
à défaut du vrai et du faux, le vraisemblable et l’invraisemblable. En matière
de renseignements sérieux, limitons-nous ici au cas du père Marie-Benoît,
« le père des juifs », et à celui du bulletin sioniste Shem
(mot hébreu signifiant : « Le Nom » ou désignant
« l’ancêtre légendaire des Sémites, les premiers des Hébreux »).
Pour s’en tenir au Vatican lui-même, s’il est un homme, proche de Pie
XII, qui aurait pu croire aux rumeurs d’extermination physique des juifs, c’est
celui qu’on appelait souvent « le père des juifs ». Le moine capucin
français Pierre Peteul, en religion père Marie-Benoît ou padre Maria-Benedetto,
entretenait les plus étroites relations avec le richissime American Jewish
Joint Distribution Committee (« le Joint ») ainsi qu’avec les
communautés juives de France, d’Italie et d’ailleurs. A des milliers de juifs
italiens il avait fait fournir de faux papiers. Dans son livre, par ailleurs si
hostile à Pie XII, Michael Phayer qualifie le père Marie-Benoît d’« éminent
sauveteur » [10]. Le père Marie-Benoît recueillait un flot de
renseignements puisés à des sources juives et les transmettait au Pape. Le 15
juillet 1943, lors d’une audience privée, il remet à Pie XII un document
intitulé: « Renseignements sur les camps de Haute-Silésie ». Il y est
dit que, dans ces camps (celui d’Auschwitz-Birkenau est cité), « le moral
parmi les déportés est généralement bon et ils sont confiants dans
l’avenir » [11].
Dès 1948, Maurice Bardèche avait reproduit de larges extraits de ce rapport,
tel que l’avait clandestinement reproduit le numéro 8 de Shem, daté de juillet
1944 [12].
Shem, « revue d’action hébraïque », avait son siège
au 6 de la rue Vavin, à Paris (VIe). Les responsables en étaient
Georges Blumberg, Ammi-Horon, E. Sinko et Charles Driard. La première livraison
(111 pages) porte la date de mai 1939 [la couverture indique : juin 1939].
L’inspiration en est ultra-sioniste : les juifs doivent reconquérir la
Palestine ; les ennemis sont les Britanniques et les Arabes ; il faut
apporter son soutien à l’Irgoun Zvaï Leumi, qui est l’organisation militaire
nationale du peuple juif. On note, en passant, que le chiffre mythique de
« six millions » fait ici une apparition en 1939 ; il y est
question, en effet, des « Juifs de l’Est qui sont près de six millions à
être menacés du même sort que leurs frères du Reich » (p. 103). Pendant
l’Occupation, la revue plonge dans la clandestinité. M. Bardèche dit qu’elle
« est le seul organe clandestin
de la résistance qui donne [en français] quelques précisions sur les camps de
déportation ». Ces précisions surprennent par leur diversité et donnent
l’impression qu’elles résultent d’enquêtes à la fois vastes et sérieuses. Pour
tel camp, les conditions de vie sont décrites comme
« catastrophiques » mais, pour la région qui nous intéresse ici et
qui, selon la légende, aurait en particulier abrité le plus vaste « camp
d’extermination » de tous les temps, celui d’Auschwitz-Birkenau, on
lit :
La vie dans ces camps est supportable, étant donnée la
proximité des camps de travailleurs non juifs et par endroits le travail en
commun. Ce travail consiste en des constructions de routes, de ponts et de
maisons d’habitation dans les villes. Ce sont des artisans qu’on accepte ici de
préférence. Le moral parmi les déportés est généralement bon et ils sont
confiants dans l’avenir [13].
Le même texte est reproduit dans les Actes et documents du Saint-Siège
relatifs à la Seconde Guerre mondiale (ADSS), Libreria Editrice
Vaticana, 1965-1982 ; il figure dans le volume 9 : « Le
Saint-Siège et les victimes de la guerre (janvier-décembre 1943) », 1975,
p. 42 et 396 (note). Toujours selon M. Bardèche, on peut lire, sur les enfants
juifs, les précisions suivantes qui, à en juger par ce qu’on sait d’autres
sources, semblent exactes :
Un
très grand nombre de nourrissons et de bébés, âgés de moins de deux ans, de
parents israélites, sont répartis à Berlin même et dans la région de cette
ville dans différentes crèches et dans de nombreuses pouponnières. Ils y sont
toujours menés par les DRK (Croix-Rouge allemande) et la NSVW (organisation
sociale allemande) en qualité et en même temps que les enfants de parents
sinistrés ou tués dans les bombardements aériens, et y sont généralement admis
comme tels parmi les orphelins [14].
On a bien lu : il s’agit ici d’orphelins
juifs traités sur un pied d’égalité avec les orphelins allemands par la
Croix-Rouge allemande et par la NSVW, c’est-à-dire la Nationalsozialistische Volkswohlfahrt, organisation d’assistance
publique nationale-socialiste. Aujourd’hui nous possédons nombre de documents,
de photographies et de témoignages attestant de ce que, contrairement à ce que
diffuse toute une propagande de l’« Holocauste », les autorités
allemandes, dans la mesure permise par les horreurs de la guerre, ont humainement
traité les enfants juifs. D’où, plus de cinquante ans après la guerre, tous ces
septuagénaires juifs revenus des camps ou des ghettos et qui se présentent en
« miraculés ».
Si, pendant et après la guerre,
tant de hauts responsables n’ont soufflé mot des « chambres à gaz »
et des « camions à gaz », c’est qu’ils savaient à quoi s’en tenir sur
la qualité des informations répandues par leurs propres officines de
propagande. Ils ont refusé de puiser dans la sentine et d’épandre l’ordure. Le
Souverain Pontife s’est comporté de même. Il n’a pas admis de participer à ce
qu’il faut bien appeler la foire aux mensonges anti-allemands.
La foire aux
mensonges anti-allemands
On pourrait multiplier les exemples d’un tel refus de prendre pour
argent comptant des récits riches de précisions imprécises tels que ceux qu’on
colportait dans la fièvre de la guerre ou que les médias diffusent encore
aujourd’hui dans la plus grande confusion et avec autant d’aplomb que de
succès.
On débitait alors et l’on
persiste encore de nos jours à répandre des témoignages non vérifiés sur les
chambres à gaz, les camions à gaz, les wagons transformés en abattoirs
chimiques, les chambres avec pompes à faire le vide ; le 22 novembre 1941,
à Boston, le rabbin Joshua Loth Liebman déclarait devant une assemblée de
jeunes sionistes qu’il faudrait demander un jour des indemnités et une place en
Palestine en compensation des millions de juifs envoyés à la mort notamment
dans des wagons frigorifiques (refrigerated
cars) [15].
On parlait et l’on parle encore aujourd’hui d’exécutions à l’électricité, à la
chaux vive, à la piqûre d’air ou de cyanure, à l’insecticide, à l’acide
cyanhydrique, à l’oxyde de carbone, au gaz carbonique, aux gaz d’échappement
produits par un moteur de char ou de sous-marin, à l’eau bouillante ou à la
vapeur d’eau (première version officielle pour Treblinka d’après le document de
Nuremberg PS-3311 ayant, pour le tribunal, valeur de « preuve
authentique »). On était friand d’histoires, soit de graisse juive
utilisée pour en faire des barres de savon ou des lubrifiants, soit d’os juifs
convertis en engrais et, encore de nos jours, on trouve dans des cimetières
juifs, par exemple à Nice, des urnes censées contenir du « savon
juif ». On parlait également de peaux transformées en abat-jour ou en
reliure alors que ces peaux, une fois expertisées, se trouvaient être de
maroquin (peau de chèvre). Les « nazis » avaient, dit-on, contraint
un prisonnier à imiter le chien enchaîné dans sa niche, aboyant aux passants et
plongeant avidement sa gueule dans l’écuelle [16]. Et que dire des histoires de
chiens dressés à mordre les juifs aux parties ou à forcer les juives ? Que
penser de cet ours et de cet aigle en cage auxquels les Allemands de Buchenwald
jetaient un juif par jour, l’ours déchiquetant ledit juif et l’aigle se
régalant de ses os ? N’ayons garde d’oublier les pendaisons en grappe à
des arbres de Noël, les machines toutes plus ingénieuses les unes que les
autres pour liquider les juifs, les bébés juifs enfournés vivants dans des fours crématoires, les membres de la Jeunesse
hitlérienne s’exerçant au tir à la cible sur des enfants juifs, le SS jetant en
l’air des bébés et leur tirant dessus aux applaudissements de sa fille qui en
redemandait. Sur le chapitre des expériences médicales, on était et l’on reste
intarissable : le Dr Mengele, par exemple, possédait, nous dit-on, dans
son laboratoire « plusieurs dizaines d’yeux humains épinglés comme une
collection de papillons » [17] ; parfois les enfants que cet « Ange de
la mort » s’amusait à « traiter » revenaient à leur bloc mais
ils étaient devenus « méconnaissables » car ils étaient désormais
« cousus dos à dos comme des jumeaux siamois » [18] ; « passionné par
l’étude des mutations, [Mengele] brûle les yeux sombres des Tziganes avec des acides,
pour savoir s’ils ne virent pas au bleu » [19]. Près d’Auschwitz, une bombe
atomique n’avait-elle pas anéanti 20 000 juifs à la fois ? Le plus
sérieusement du monde, au procès de Nuremberg, festival du faux en tout genre,
le procureur américain Jackson interroge Albert Speer sur ce point, le 21 juin
1946 [20].
On songe aux considérations du dreyfusard Charles Péguy sur les témoignages
pour l’histoire :
Or Dieu sait, dit [Clio, la muse de l’histoire], que
l’on ne ment jamais autant qu’en témoignage, (parce que ça devient historique),
et que l’on ment d’autant plus que le témoignage est plus solennel [21].
Pendant la guerre, des responsables d’organisations sionistes
déversaient un Niagara d’inventions de ce genre à partir de Berne ou de Genève
et en direction du Vatican et des Alliés. C’est ce qu’aujourd’hui les
accusateurs de Pie XII appellent des « renseignements dont le Pape n’a pas
voulu tenir compte ». L’une des officines fabriquant à la chaîne de tels
renseignements se situait en Slovaquie, à Bratislava. Y officiait le rabbin,
d’origine hongroise, Michael Dov Weissmandel auquel nous devons, dès mai 1944,
le chiffre, devenu sacro-saint, des Six Millions de juifs tués par les nazis et
l’histoire rocambolesque des évadés d’Auschwitz, dont le trop fameux Rudolf
Vrba (décédé le 27 mars 2006). En 1985, au premier procès du révisionniste
germano-canadien Ernst Zündel, R. Vrba allait s’effondrer lors de son
contre-interrogatoire mené, avec mon assistance, par l’avocat Douglas
Christie : de guerre lasse, le mythomane R. Vrba finit par admettre que,
dans ses récits sur Auschwitz, il avait usé de la « licentia poetarum » (sic). Ce qui ne l’empêchera pas, dix ans
plus tard, de plastronner à nouveau dans un documentaire dont il sera fait
mention ci-dessous et de recycler ses mensonges jusqu’en 2001 dans une nouvelle
version de son « récit » (sic) : Je me suis évadé d’Auschwitz
(éditions Ramsay, Paris). Un escroc ne se corrige pas ; il reste un escroc
jusqu’à la fin de son existence. R. Vrba est devenu l’un des plus importants
faux témoins de la campagne organisée contre Pie XII.
Des récits
d’atrocités mais aucune preuve
Le Vatican, aussi, avait cherché à vérifier l’existence de certaines de
ces horreurs et n’en avait découvert aucune preuve. Inaugurant, en la
circonstance, un type de raisonnement déplorable qui allait connaître après la
guerre et qui rencontre encore aujourd’hui le plus vif succès, Casimir Papée,
ambassadeur de Pologne près le Saint-Siège, recourait au subterfuge du
calomniateur et du paresseux ; aux autorités du Vatican qui réclamaient
des preuves, il répliquait : « Il y a suffisamment de preuves ;
de surcroît, lorsque les faits deviennent notoires, la preuve n’est plus
requise » [22].
Les juges du tribunal militaire international de Nuremberg ne diront rien
d’autre lorsqu’ils décréteront en 1945 : « Le Tribunal ne sera pas
lié par les règles techniques relatives à l’administration des preuves […]. Le
Tribunal n’exigera pas que soit rapportée la preuve de faits de notoriété
publique mais les tiendra pour acquis » (articles 19 et 21 de leur statut,
rédigé par … le tribunal lui-même).
Un pape
particulièrement secourable aux juifs
Le « silence » de Pie XII est là, et nulle part ailleurs. Or,
à de rares exceptions près, les dénigreurs du Pape, aujourd’hui, cherchent à
entretenir l’équivoque. En général, ils laissent croire qu’ils reprochent à
l’accusé son silence face à l’ensemble
des épreuves infligées aux juifs par les Allemands. Prenons un exemple
puisé dans le mensuel L’Histoire, dirigé, en particulier,
par Michel Winock et Jean-Noël Jeanneney. En chapeau de présentation d’un
article sur « Pie XII, Hitler et les Juifs », on lit que le Pape
a « refusé de condamner la persécution des Juifs pendant la seconde guerre
mondiale ». Froid mensonge. En réalité, le silence du Pape a
essentiellement porté sur ce qui, d’après les révisionnistes, n’a tout
simplement pas existé ni pu exister. Ce silence a été inspiré à Pie XII par une
circonspection de nature révisionniste. Mais aucun de ces accusateurs-là n’ose
exprimer le fond de sa pensée ni clairement articuler son grief. Nul ne clame
franchement, comme, après tout, il le devrait, que : « Pie XII a
refusé de condamner le génocide des juifs et les chambres à gaz
nazies car, à sa façon, il était un négationniste ». Tel est l’un des
effets de l’interdit majeur. On craint d’enfreindre le tabou (ici le tabou des
tabous) en prononçant le mot qui crée la chose. Révéler que Pie XII a eu un
réflexe de révisionniste reviendrait, pour ses accusateurs, à porter de l’eau
au moulin de ceux qu’ils appellent les « négationnistes ». Aussi
voit-on défiler au tribunal de l’histoire trop de procureurs aux réquisitoires
improbables tandis que, de leur côté, les défenseurs du Pape, redoutant, eux
aussi, le tabou et craignant l’accusation d’antisémitisme, ont pris la fâcheuse
habitude de faire diversion en prenant la défense de l’accusé sur des terrains
où ce dernier n’a nul besoin d’avocat tant la cause est entendue.
Qu’a-t-on besoin de défendre le Pape contre l’accusation d’antisémitisme ?
Mille preuves, mille documents, mille actions prouvent que Pie XII, pendant la
guerre comme il l’avait fait avant la guerre, a manifesté en parole et en
action qu’il condamnait l’antisémitisme et qu’il cherchait soit à prévenir,
soit à guérir les effets possibles d’une persécution de caractère raciste. En
son temps, Louis-Ferdinand Céline ne dénonçait-il pas en l’Eglise catholique
romaine ce qu’il appelait « la grande métisseuse » ?
Un pape sensible
aussi à d’autres malheurs que ceux des juifs
Profondément hostile à l’antisémitisme, le Pape n’allait pas, pour
autant, privilégier la douleur des juifs. Pourquoi l’aurait-il fait ?
Parce qu’elle était plus bruyante ? Parce que la presse de tout le monde
occidental s’en faisait la caisse de résonance ? Les Polonais avaient leur
part des tourments infligés aux vaincus de la guerre. Les populations
européennes, particulièrement en Allemagne, subissaient le calvaire des
bombardements qui visaient les civils Les otages se recrutaient dans tous les
milieux. Les soldats connaissaient mort ou mutilations sur tous les champs de
bataille. Les veuves et les orphelins allaient se compter par millions. La
famine et les épidémies frappaient partout. Mais il faut reconnaître que les
juifs n’aiment guère que l’on compare leurs propres souffrances à celles des
autres : les leurs sont décrétées « incomparables »,
« uniques », « indicibles » et elles se distingueraient,
paraît-il, de toutes les autres autant par la qualité, qui aurait été affreuse,
que par la quantité, qui, paraît-il, aurait été énorme. Si certaines atrocités
spécifiques comme les chambres à gaz d’exécution avaient existé, le Pape
assurément aurait tenu pour spécialement horribles et scandaleuses les
souffrances infligées aux juifs ; mais, pour lui, le récit de ces
atrocités-là n’étant apparemment pas accompagné de preuves, il n’y avait pas
lieu de privilégier la souffrance des juifs en évoquant des abominations
peut-être imaginaires. On rencontre là un exemple de ce qu’il faut bien appeler
le révisionnisme de Pie XII, un révisionnisme naturel, spontané, rare, qui a
pour effet de rendre sensible à la misère de son prochain sans exclusive
raciale ou religieuse. Il n’y a pas de « peuple élu », même pour la
souffrance.
A vrai dire, le Pape a peut-être tout de même opéré une distinction
entre les juifs confessionnels et les juifs catholiques. Il a montré plus de
sollicitude, semble-t-il, pour les seconds que pour les premiers. Cela
s’explique. Il est humain que le pasteur s’inquiète normalement plus pour son propre
troupeau mais, surtout, les juifs catholiques, lorsqu’ils étaient persécutés
pour leur origine juive, se retrouvaient particulièrement isolés et
vulnérables. Leur communauté d’origine généralement les repoussait, les tenant
pour des renégats. Ces convertis au catholicisme ne pouvaient, dans l’épreuve,
bénéficier des riches subsides des organisations juives nationales ou
internationales. Il faut savoir que, pendant toute la durée de la guerre, avec
l’accord des autorités du IIIe Reich, un organisme comme « le
Joint », déjà nommé, a déversé en Europe, jusque dans les camps et les
ghettos, des sommes considérables en dollars américains à des personnes ou à
des associations habilitées par les Allemands à venir en aide aux juifs. Des
archives du Vatican, il ressort que, dans telle circonstance, « le
Saint-Siège se pencha pour commencer sur le sort des Juifs baptisés, car ce
groupe se trouvait dans une nécessité extrême du fait que le plus souvent il
était ignoré par les organismes juifs d’assistance » [24]. Le 28 février 1941, Mgr Innitzer, archevêque de Vienne, dans une
lettre adressée au Vatican,
répétait
son profond désappointement devant l’oubli que l’on faisait des Juifs baptisés,
et le fâcheux contraste avec les quakers [protestants], la mission suédoise
[protestante] et les organisations juives. Les catholiques d’origine juive
avaient été « terriblement déçus » : ils étaient apostats et
renégats aux yeux de leurs coreligionnaires juifs, et leur conversion
signifiait que toute aide financière leur était coupée [25].
Favorable à la
cause des Alliés
Emotif, aussi prompt à manifester son enthousiasme qu’à verser des
larmes, compatissant, circonspect comme un diplomate mais parfois hardi jusqu’à
l’imprudence, doté d’une subtilité latine, torturé en son âme et conscience,
Pie XII connaissait les réalités de l’homme et du monde. Disposant sur la
Pologne d’autant d’informateurs, ou peu s’en faut, qu’il y avait de catholiques
dans le pays, il savait à quoi s’en tenir sur le sort réel aussi bien des
catholiques que des juifs habitant un territoire qui, à en croire les Papée de
toute espèce, aurait été parsemé de gigantesques « camps
d’extermination », eux-mêmes dotés d’extraordinaires chambres à gaz
d’exécution.
Pie XII avait sa conception,
religieuse et politique, du bien et du mal, mais, pour autant, il ne croyait
pas, tel un personnage inculte du calibre de l’actuel président des Etats-Unis,
à l’incarnation politique du bien et du mal. Il ne croyait, si l’on peut dire,
ni au Père Noël, ni au Croquemitaine et l’idée ne lui serait pas venue de jouer
au Père Fouettard universel. Son expérience de la vie politique et sa
connaissance de l’histoire lui permettaient de juger les hommes, les régimes et
les causes.
Il éprouvait de l’aversion aussi bien pour le
racisme national-socialiste que pour l’inhumanité du bolchevisme soviétique.
Tandis qu’il nourrissait une grande méfiance à l’égard de Hitler (que son
collaborateur, Mgr Tardini, nommait « l’Attila
motorisé »), il éprouvait la crainte la plus vive à l’endroit de Staline,
champion en matière de fermeture ou de destruction de lieux du culte chrétiens,
champion des fusillades ou déportations de religieux et de religieuses,
champion de l’athéisme obligatoire. Personnellement, le 29 avril 1919, alors
qu’il était nonce à Munich, il avait failli être révolvérisé par un milicien
spartakiste dans une ville en proie aux exactions des rouges [26].
Pie XII, répétons-le, éprouvait un faible pour la France, de l’affection pour
les Polonais, de l’admiration pour le peuple anglais, un attachement
particulier pour le peuple allemand (mais non pour le Führer et les siens) et
il comptait sur la victoire des Américains tout en redoutant que ces derniers
ne permettent au moloch communiste d’absorber une bonne partie de l’Europe. En octobre
1939, préparant l’encyclique inaugurale de son pontificat (Summi
Pontificatus), il y insère un passage sur les souffrances et sur la
« résurrection » à venir du peuple polonais ; l’aviation alliée
en déversera 88 000 exemplaires sur l’Allemagne [27]. Dans sa hardiesse, il va, en
1939-1940, jusqu’à comploter contre Hitler en acceptant d’assurer un lien entre
le gouvernement britannique et la résistance allemande ; puis, au début du
mois de mai 1940, il avertit les Alliés de l’imminence de l’offensive allemande
et leur fournit des précisions importantes. Les Allemands ne manquent pas de
l’apprendre et, selon eux, cet acte d’espionnage met fin « à la neutralité
du pape, apôtre de la paix ». Mais il est à remarquer que ces mêmes
Allemands n’exercent pas de représailles pour autant ; d’ailleurs,
qu’auraient-ils pu entreprendre contre une puissance aussi impressionnante que
celle du Pape ? [28] Le 1940, après l’invasion des Pays-Bas, du
Luxembourg et de la Belgique, Pie XII envoie trois télégrammes similaires à la
reine Wilhelmine, à la grande-duchesse du Luxembourg et au roi Léopold afin
d’exprimer sa compassion pour l’épreuve qui leur est infligée par les armées de
Hitler. Mussolini marque un vif mécontentement. Selon l’ambassadeur d’Italie
auprès du Vatican, Pie XII répond : « Advienne que pourra ;
qu’ils viennent même me prendre pour m’emmener dans un camp de concentration »
[29].
Il est clair que la neutralité ou l’impartialité du Souverain Pontife ne sont
qu’un mythe. Pie XII a choisi le camp des Alliés, ce qui ne l’a pas empêché
d’élever, par l’intermédiaire de ses représentants, des protestations contre le
caractère atroce des bombardements anglo-américains.
Entre Hitler et Staline, Pie XII choisit Staline
En 1941, après
l’entrée en guerre de l’Allemagne contre l’Union soviétique, la plupart des
catholiques américains repoussaient l’idée d’un soutien économique et militaire
à Staline. Ce dernier ne prêchait-il pas, par le fer et par le feu, jusqu’en
Espagne, un communisme que la papauté avait déclaré « intrinsèquement
pervers » ? En 1937, dans son encyclique Divini
Redemptoris, Pie XI avait prononcé : « Le communisme est
intrinsèquement pervers et personne qui veut sauver la civilisation chrétienne
ne peut collaborer avec lui en quelque entreprise que ce soit ». En
latin : « Communismus cum intrinsecus sit pravus, eidem nulla in
re est adiutrix opera ab eo commodanda, cui sit propositum ab excidio
christianum civilemque cultum vindicare » [30]. En italien : « Il communismo è intrinsicamente perverso e
non si puo ammettere in nessun campo la collaborazione con esso da parte di
chiunque voglia salvare la civiltà cristiana ». Le Pape avait condamné
par là ce qu’on appelait à l’époque « la politique de la main
tendue » aux communistes. Mais Roosevelt veut entrer en guerre contre
Hitler. Tous les mensonges lui deviennent licites. Il promet aux Américains, à
plusieurs reprises et avec insistance, que jamais leurs boys ne seront engagés dans une guerre à l’extérieur et,
simultanément, il prépare l’économie de son pays à la guerre. Il multiplie les
plus graves provocations à l’égard de l’Allemagne et signe avec Churchill, le
14 août 1941, ce qu’il a été convenu d’appeler « la charte de
l’Atlantique », dont le sixième point ne prévoit rien de moins que « l’annihilation
de la tyrannie nazie » ! Roosevelt veut paralyser dans son propre
pays les velléités d’opposition à la guerre. Pour cela, il lui faut, en
particulier, lever chez les millions de catholiques américains tout scrupule
d’avoir à aider Staline. Se tournant alors vers le Pape, il le prie
d’intervenir en ce sens par l’intermédiaire des prélats américains discrètement
mais dûment chapitrés sur le sujet. Roosevelt, on va le constater une fois de
plus, ne reculait devant aucun mensonge. Citons ici P. Blet à propos d’un
message personnel du président des Etats-Unis remis au Pape le 10 septembre
1941 :
Le président [Roosevelt] affirmait que la religion
n’était pas totalement bannie de la Russie et que l’on pouvait espérer qu’à la
suite de la guerre actuelle, le gouvernement russe reconnaîtrait la liberté
religieuse. « Pour autant que je suis informé, ajoutait-il, il y a
des églises ouvertes en Russie » [31].
De fait, l’immense Russie comptait deux églises ouvertes – et
surveillées de près par la police – l’une à Moscou et l’autre à Leningrad.
Surmontant sa répugnance pour le communisme massacreur de prêtres en Russie, en
Espagne et ailleurs, le Pape prit sur lui de communiquer à ses prélats
d’Amérique les instructions nécessaires ; il était entendu que l’affaire
serait menée avec la plus grande discrétion ; l’argument à invoquer auprès
des ouailles américaines serait le suivant : c’est aux Russes et non au régime communiste qu’on tendrait la main
(et fournirait des armes) [32].
Cet argument de pure casuistique fondait aussi l’action politique, sans doute à
contre-cœur, de W. Churchill et du général de Gaulle en faveur de Staline et
des partis communistes en guerre contre Hitler, Mussolini, Pétain.
En agissant ainsi, Pie XII manquait à l’effort d’impartialité qu’il
s’était, dit-il, toujours imposé. Le gouvernement du IIIe Reich
l’avait sollicité pour qu’il donnât son approbation à une « croisade
anti-bolchevique » qui, plaidaient les Allemands, allait permettre aux
Russes, libérés du joug des Soviets, de retrouver le libre exercice de leur
foi. Le Vatican refusa. Deux poids, deux mesures. Il faut croire que, cette
fois-ci, tendre la main aux Allemands, c’était la tendre au régime
national-socialiste. Aussi l’armée
allemande allait-elle voir ses propres soldats, souvent catholiques, et des
aumôniers de la Wehrmacht se faire tuer à l’Est par des armes américaines
fournies aux communistes avec la secrète bénédiction du Pape. En Allemagne,
l’exercice du culte catholique était libre ; il était généreusement
financé par l’Etat ; des processions ou des pèlerinages mobilisant des
milliers de fidèles en présence des autorités religieuses civiles et militaires
se déroulaient librement ; des églises étaient construites ; des
soldats en uniforme pouvaient assister aux offices et y communier. Tout cela ne
comptait apparemment plus aux yeux de Pie XII qui, sollicité par les
Américains, avait décidé de choisir Staline contre Hitler.
Efficace dans son aide aux juifs
Pie XII se permit également d’enfreindre les lois en vigueur et celles
de la parole donnée en faisant abriter des résistants juifs ou non juifs et des
fabricants de faux papiers dans des monastères, dans des couvents et jusque
dans des lieux auxquels l’ambassade d’Allemagne en Italie avait accordé des
lettres de protection. Il assurait ou faisait assurer le gîte et le couvert à
des milliers de juifs dans cent-cinquante institutions religieuses en divers
points d’Italie mais aussi au palais du Latran, à Castel Gandolfo et en
d’autres endroits de l’Etat pontifical. La pureté des intentions n’étant qu’un
mythe, on ne saurait prétendre qu’avec une nature aussi sensible que la sienne
et un esprit aussi délié, il ait agi par pure hostilité au
national-socialisme ; il a pu craindre le chantage, l’extraordinaire
violence et l’inhumanité des démocraties parlementaires ; Churchill, Eden
et les Américains ne faisaient pas mystère de leur intention, si le besoin s’en
faisait sentir, de « pulvériser » (sic) les villes italiennes, y
compris la Ville éternelle (à l’exception du Vatican, qui, pourtant, reçut des
bombes !). Son action personnelle et celle de ses représentants en faveur,
par exemple, des juifs de France, des Pays-Bas, de Slovaquie, de Roumanie et de
Hongrie sont établies par tant d’initiatives, d’interventions, de déclarations
publiques, de versements d’argent qu’il suffit de se reporter sur ces points à
l’ample bibliographie consacrée à Pie XII.
En 1996, G. Riegner, en
personne, devait rendre justice à l’extraordinaire activité déployée par le Pape
et son représentant en Hongrie, Mgr Angelo Rotta, auprès du régent
Horthy pour épargner la déportation, en 1944, à tant de juifs de nationalité
hongroise ou établis en Hongrie : « Le Vatican ne faisait rien sans
nous prévenir. Il nous rapportait tout », s’exclame, dans un documentaire
sur le Pape, ce représentant du Congrès juif mondial. A Budapest, le Vatican
obtenait des Allemands le droit de délivrer aux juifs 15 000 sauf-conduits.
Dans leur inquiétude, un grand nombre de juifs affectaient de se convertir à la
religion catholique pour être en mesure de présenter un certificat de baptême.
Une seule église de la capitale allait consigner dans son registre paroissial,
encore consultable aujourd’hui, un nombre surprenant de ces baptêmes pour
l’année 1944. Le documentaire en question, signé du juif Jonathan Lewis,
s’intitule en français : « Le Pape, les Juifs et les
Nazis ». Datant de 1996, il a été diffusé au moins à deux reprises par la
chaîne « Arte », la dernière diffusion remontant au 6 mars 2002.
Il interrompt la déportation des juifs de Rome par les
Allemands
C’est dans ce documentaire, pourtant hostile à Pie XII, qu’apparaît la
princesse Enza Pignatelli-Aragona. Cette dernière y témoigne de l’arrestation
et de la déportation, en octobre 1943, de mille juifs romains (opération décidée
par les autorités allemandes qu’alarmait, à l’approche des Alliés, la
prolifération dans Rome de résistants communistes et de personnes dangereuses
pour la sécurité de leurs troupes). Ce témoignage fait justice du mythe selon
lequel Pie XII aurait assisté, sans sourciller, à l’arrestation de juifs de
Rome « sous ses fenêtres ». La princesse raconte que, réveillée à 4h
du matin par l’appel téléphonique d’une amie juive, elle s’est portée vers un
quartier proche du Tibre où elle a pu constater que des juifs étaient embarqués
à bord de camions allemands. Elle se précipite au palais du Vatican où elle a
ses entrées. Elle trouve le Pape en prière dans sa chapelle privée et l’informe
du malheur qui s’abat sur « ces pauvres gens ». Bouleversé, Pie XII
téléphone immédiatement à son secrétaire d’Etat Mgr Maglione, lequel
prend contact dans la journée avec le représentant du Reich, Ernst von
Weizsäcker. Ce dernier, aussi peu national-socialiste que l’avait été son
prédécesseur Diego von Bergen, intervient habilement auprès de Berlin. Avec
l’accord du général Rainer Stahel, responsable de la garnison allemande de
Rome, il décide de faire valoir que ces arrestations, ces internements et ces
transports imposent trop de contraintes à l’armée allemande. D’autres Allemands
interviennent également, dont le consul à Rome, Albrecht von Kassel, et le
recteur de l’église catholique allemande à Rome, l’évêque Alois Hudal. Berlin
ne procédera à aucune autre déportation de juifs à l’exception d’un convoi
constitué de juifs emprisonnés par les Italiens pour raisons individuelles. En
la circonstance, le Pape n’a donc pas fait preuve d’indifférence au sort des
juifs, mais de compassion et, ce qui est encore mieux, d’efficacité immédiate.
La première déclaration des Alliés sur les « atrocités
allemandes » (17 décembre 1942) : pas de « chambres à gaz »
Le 17
décembre 1942, les Alliés publièrent une déclaration commune sur la
« bestiale politique de froide extermination » (bestial policy of cold-blooded extermination) menée par les Allemands
contre les juifs d’Europe. Relue de nos jours, la formule risque de donner à
entendre que les Alliés avaient alors à l’esprit « génocide » et
« chambres à gaz ». Ce serait là commettre un anachronisme.
Examiné de près, le texte de la
déclaration révèle que les Alliés avaient à l’esprit : 1) le transport des
juifs dans des conditions réputées horribles et brutales ; 2) pour les
juifs en bon état physique, la mort lente dans des camps de travail
forcé ; 3) pour les juifs infirmes, l’abandon au froid et à la famine
jusqu’à la mort ou jusqu’aux massacres pour en finir ; 4) un nombre de
victimes « estimé à plusieurs centaines de milliers » (reckoned in many hundreds of thousands).
On est là assez loin d’un plan d’assassinat massif de tous les juifs avec, pour la plupart
d’entre eux, l’asphyxie en abattoirs
chimiques, immédiatement à leur
arrivée dans des camps conçus pour une extermination de caractère industriel. D’ailleurs, à
l’époque, cette déclaration fut reçue pour ce qu’elle était : la
dénonciation (dans un style emphatique requis par le sujet et par les
circonstances) de crimes imputés à l’ennemi. Les Allemands, de leur côté,
usaient parfois de la même rhétorique guerrière et, dans certains de leurs
discours publics (cas de Himmler), promettaient volontiers à l’ennemi
l’« extermination » (Ausrottung,
au sens large, ou Vernichtung).
D’ailleurs en toute guerre, y compris dans celle de L’Iliade, chaque partie
ne promet-elle pas à l’autre son inéluctable « extermination » ?
Cette
déclaration fut signée par les gouvernements des Etats-Unis, de la
Grande-Bretagne, de l’Union soviétique (incomparable spécialiste des
déportations et des camps !) et par neuf autres gouvernements, dont, pour
la France, celui de Londres. Elle fut lue, à la Chambre des communes par
Anthony Eden, alors secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, et, à la Chambre
des lords, par le vicomte Simon, lord chancelier [33].
Deux
jours plus tard, soit le 19 décembre 1942, l’Office d’information du
Commissariat du peuple pour les affaires étrangères de l’URSS publia cette
déclaration en la modifiant de fond en comble, en l’enrichissant de propos sur
« le plan cannibale » de Hitler pour l’extermination des juifs et en
précisant :
En plus du mitraillage des hommes, des femmes et des
enfants, les gens sont mis à mort dans des chambres à gaz spécialement
équipées, sont électrocutés, brûlés en masse. Les détenus des camps de
concentration sont empoisonnés à l’acide prussique [34].
Cette déclaration sera reproduite, le 21
décembre 1942, dans le numéro 443 de Soviet War News, publication
soviétique imprimée à Londres. On trouve là l’une des premières mentions, dans
un document officiel, de l’existence de chambres à gaz nazies (la rumeur des
« gazages » sans autre précision, ayant, elle, commencé durant l’été
de 1941 [35]).
Personne apparemment ne releva ce « renseignement » qui, si on y
avait ajouté foi, aurait dû faire la première page des journaux
anglo-américains. Notons au passage que cette publication dans la presse
officielle soviétique constitue un démenti, parmi d’autres, de la thèse juive
selon laquelle les Soviétiques auraient passé sous silence « le martyre
des juifs ».
La deuxième déclaration des Alliés (29 août 1943) dans
sa version définitive :
toujours pas de « chambres à gaz »
Huit
mois plus tard, la deuxième déclaration des Alliés (il y en aura une troisième)
sur les crimes imputés à l’Allemagne constitue pour l’historien un cas d’école
particulièrement instructif.
En page 3 de sa livraison du 30 août 1943, le New York Times annonçait
que, la veille, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne avaient prévenu « les
tueurs nazis » qu’ils les châtieraient pour les crimes commis dans les
pays occupés et, particulièrement, en Pologne (« US and Britain Warn Nazi
Killers »). La déclaration des deux puissances alliées était reproduite
dans son intégralité. Elle faisait état de déplacements forcés de populations
dans certaines provinces de Pologne. (Les juifs n’étaient pas nommés.) A l’en
croire, nombre de victimes étaient tuées sur place et les hommes de 14 à 50 ans
étaient envoyés travailler en Allemagne. Suivait un alinéa sur les
enfants :
Quelques enfants sont tués sur place, d’autres sont
séparés de leurs parents et ou bien on les envoie en Allemagne pour y être
élevés comme des Allemands ou bien on les vend à des colons allemands ou bien
on les expédie avec les femmes et les vieillards vers des camps de
concentration.
Jusqu’ici rien que de banal.
La même déclaration dans sa version originale :
des « chambres à gaz » !
En revanche, ce texte est l’un des plus intéressants qui soient pour
l’historien des rumeurs et, en particulier, pour l’histoire de l’immense et
obsédante rumeur qui a fondé la religion de l’« Holocauste ». Il se
trouve, en effet, que sous sa première forme, cette déclaration contenait bel
et bien une formidable accusation contre les « nazis », celle d’avoir
utilisé des chambres à gaz d’exécution ! La mouture originale portait, en
effet :
[…] on les expédie avec les femmes et les vieillards
vers des camps de concentration, où on les met maintenant systématiquement à
mort dans des chambres à gaz (dispatched with the women and old men to
concentration camps, where they are now being systematically put to death in gas chambers) [souligné par
moi].
Pourquoi, demandera-t-on, ce dernier fragment de phrase, encore
existant au 27 août 1943, a-t-il disparu dans la déclaration finale du 29 août,
reproduite le lendemain dans la presse ? La réponse est des plus
simples : les Britanniques ont fait valoir aux Américains l’« insuffisance
de preuves » (insufficient evidence)
pour affirmer ainsi l’existence de chambres à gaz d’exécution. Les Américains
en sont convenus et ont décidé d’« éliminer » (eliminate) le dernier fragment de phrase mentionnant les
« chambres à gaz ».
Le 24 août, les Britanniques avaient commis l’imprudence d’envoyer aux
Soviétiques la première mouture en leur suggérant de publier, de leur côté, une
déclaration similaire. Puis, à la réflexion, ils s’étaient ravisés. Ils
s’étaient rendu compte que les preuves manquaient « pour justifier
l’affirmation concernant les exécutions en chambres à gaz » (to justify the statement regarding execution
in gas chambers) et, d’un commun accord entre Britanniques et Américains,
la décision avait été prise d’éliminer (it
has been agreed to eliminate) le fragment litigieux. En conséquence, les
Américains demandaient à leur ambassadeur à Moscou de vouloir bien prévenir le
Commissariat soviétique des affaires étrangères de ce changement dans le texte
(of the change in text).
Ainsi qu’on l’a vu plus haut, les Soviétiques, eux, avaient, huit mois
auparavant, parlé de chambres à gaz et même d’exécutions à l’électricité.
Comment les Alliés ont abandonné les « chambres à
gaz »
Que se serait-il passé si les Anglo-Américains, décidant de maintenir
le texte original, avaient, à la face du monde, accusé les Allemands d’avoir
utilisé des chambres à gaz d’exécution ? Peut-on penser que les accusés
auraient bondi sur cette calomnie pour démontrer, eux aussi à la face du monde,
que la propagande alliée mentait effrontément ? En fait, il est probable
que les autorités allemandes auraient plutôt traité par le mépris ce genre de
folles inventions. Des cas identiques donnent à penser que les Allemands
auraient rapporté la déclaration sans même la commenter ou en l’accompagnant
d’un commentaire simplement ironique. Ce que, bien sûr, on ne peut que déplorer
puisque, malheureusement, avec le recul du temps, on constate aujourd’hui que
la mystification des chambres à gaz nazies allait connaître, malgré son absurdité,
une incroyable fortune.
Sur la première mouture de la déclaration anglo-américaine et sur la
décision – révisionniste – de l’amputer du fragment de phrase mentionnant
les « chambres à gaz », on consultera le texte des deux télégrammes
que Cordell Hull, responsable du State Department, a envoyés de Washington à
l’ambassadeur des Etats-Unis à Moscou ; ils sont reproduits dans : Foreign
Relations of the United States. Diplomatic Papers, 1943 (United States
Government Printing Office, Washington, 1963, vol. I, p. 416-417). La seconde
et dernière mouture, où ne figure plus aucune mention des « chambres à
gaz », se lit donc dans la livraison susmentionnée du New York Times.
Le même journal
publiera deux mois plus tard, une troisième déclaration officielle sur les
« atrocités » allemandes [36]. Signée de Roosevelt, Churchill et Staline,
elle ne contiendra aucune mention des « chambres à gaz » et les juifs
n’y seront pas nommés ; en revanche, avec un beau cynisme, on y mettra sur
le compte des Allemands les « exécutions en masse d’officiers
polonais » (wholesale shooting of
Polish officers) ; il s’agit là d’une allusion transparente aux
massacres de prisonniers polonais en forêt de Katyn et en d’autres lieux de
Russie. Or, on sait aujourd’hui que ces tueries systématiques furent en réalité
perpétrées sur l’ordre personnel de Staline. Soit dit en passant, on a là un
exemple du peu de crédit qu’on pouvait accorder aux
« renseignements » des Alliés sur les atrocités allemandes. S’ils
étaient logiques, les accusateurs de Pie XII, qui reprochent au Pape de s’être
tu malgré les « renseignements » reçus des Alliés (en réalité, de
certaines officines juives ou alliées), devraient lui faire grief de n’avoir
pas dénoncé le crime « allemand » de Katyn et d’avoir ainsi, par son
silence, exonéré Hitler d’une « horreur nazie » dont il avait été
dûment « informé ».
La première déclaration du Pape (24 décembre 1942)
Comme en écho à la première déclaration des Alliés du 17 décembre 1942,
une semaine plus tard, dans le radio-message diffusé la veille du jour de Noël
1942, le Pape décidait d’inclure une phrase sur les déportations et les camps
de concentration du IIIe Reich. Les juifs y étaient désignés, mais
non nommés, comme des personnes persécutées pour leur seule appartenance à une
race. De même étaient désignés mais non spécifiés les Polonais ou tous autres
gens persécutés pour leur seule nationalité. A la différence des Alliés, le
Saint- Père exprimait également sa sollicitude pour toutes les victimes de tous
les bombardements. Dans une guerre, tout le monde souffre, les futurs
vainqueurs comme les futurs vaincus et, dans une guerre moderne, les civils
meurent aussi bien que les soldats du front. Emettant le vœu de voir grandir le
nombre de ceux qui déplorent la guerre et se soucient de la personne humaine
ainsi que de la communauté des hommes réunis en Dieu, le Pape s’écriait :
Ce vœu, l’humanité le doit à cette multitude infinie,
douloureuse, de mères, de veuves et d’orphelins qui se sont vu ravir la
lumière, la force, le soutien de leur vie. – Ce vœu, l’humanité le doit aux
innombrables exilés que l’ouragan de la guerre a arrachés à leur patrie,
dispersés en terre étrangère ; ceux-là pourraient entonner la plainte du
Prophète : « Hereditas nostra
versa est ad alienos, domus nostrae ad extraneos » [Notre héritage a
passé à des étrangers, nos maisons à des inconnus] (Jérémie, Lamentations, 5, 2). – Ce vœu,
l’humanité le doit aux centaines de milliers de personnes (alle centinaia di migliaia
di persone) qui, sans aucune faute
de leur part, quelquefois seulement
pour raison de nationalité ou de race (talora solo per ragione di
nazionalità o di stirpe), sont
vouées à la mort ou à un dépérissement progressif (sono destinate alla
morte o ad un progressivo deperimento) [souligné par moi] –
Ce vœu, l’humanité le doit à ces nombreux millions de non-combattants, femmes,
enfants, infirmes, vieillards, auxquels la guerre aérienne – dont nous avons
déjà depuis le début, dénoncé maintes fois, les horreurs – a, sans distinction,
enlevé la vie, les biens, la santé, les maisons, les asiles de la charité et de
la prière.
Trop souvent le mot de « deperimento »
est traduit par « extinction », « anéantissement » ou même,
c’est un comble, par « extermination ». Qu’il soit clair que le Pape
n’a jamais parlé d’« extermination
progressive » mais de « dépérissement
progressif ».
Confidence révisionniste du Pape aux Américains
On a parfois déploré la brièveté de cette évocation du sort des juifs
déportés et internés ; on ne se soucie guère de noter que les Polonais
étaient ici logés à la même enseigne. Or, cette apparente timidité du Pape, en
réalité sa modération, s’explique par ce qu’il faut bien appeler une prudence
de caractère révisionniste. Au Vatican, Harold H. Tittmann était l’assistant de
Myron Taylor, représentant personnel du président Roosevelt près le pape Pie
XII. Le 30 décembre 1942, il a une conversation de quarante minutes avec le
Saint-Père. Ce dernier le prévient une nouvelle fois que, si les Alliés
bombardaient Rome, il lui faudrait élever une protestation solennelle et que
tout cela porterait tort à leur propre cause, en particulier dans l’opinion
latino-américaine. Puis, la conversation porte sur le radio-message de Noël. Le
Pape dit que tout le monde, à son avis, a dû comprendre son allusion aux
Polonais, aux juifs et aux otages. En matière d’atrocités, il n’avait pu nommer
les nazis car il lui aurait fallu également nommer les bolcheviques, ce qui,
ajoute-t-il, n’aurait pas trop plu aux Alliés. Poursuivant, H. H. Tittmann
écrit dans un rapport adressé au State Department par l’entremise de
l’envoyé des Etats-Unis à Berne et transmis par ce dernier à Washington :
He stated
that he « feared » that there was foundation for the atrocity reports
of the Allies but led me to believe that he felt that there had been some
exaggeration for purposes of propaganda [souligné par moi]. Taken as a whole he thought his message should be welcomed by the
American people and I agreed with [him] (Il déclara qu’il
« craignait » que les rapports sur les atrocités fussent fondés mais
il me donna à penser qu’il sentait qu’on
avait quelque peu exagéré dans un dessein de propagande. Il pensait que, pris dans son ensemble, son
message serait bien reçu par le peuple américain et j’acquiesçais) [souligné par moi] [37].
L’historien britannique Owen Chadwick, qui croit au
« génocide » et aux « chambres à gaz », se livre à une
suggestive comparaison entre, d’une part, ce récit d’atrocités en tant que tel
et, d’autre part, l’accueil réservé à ce récit d’abord par les Alliés, qui en
minimisent les données, puis, par le Pape qui, soucieux d’éviter l’exagération,
réduit encore ces données. O. Chadwick relève là un phénomène qu’il juge
regrettable et qui, chez Pie XII, s’expliquerait par une sorte de
candeur :
Even in this
utterance the Pope was very careful to guard against exaggeration. The
story was, two million Jews killed for their race. The Allied
Declaration had not believed it, and said hundreds of thousands. The
Pope says, some hundreds of thousands. The story was that they were all
killed just for their race and this was true. The Pope says they were sometimes
killed only for their race, talora, on
occasion. Like the minds of most of western Europe, the mind of the Pope was
not bad enough to believe the truth. Like the high officials of the British
Foreign Office he thought that the Poles and the Jews exaggerated for the
sake of helping the war effort
(Même dans ces propos le Pape prenait grand soin d’éviter l’exagération. La nouvelle était que deux millions de juifs avaient été tués à cause de leur race. La
déclaration des Alliés [du 17 décembre 1942] ne l’avait pas cru et avait parlé
de centaines de milliers. Le Pape
parle de quelques centaines de milliers.
La nouvelle était qu’ils avaient tous été tués uniquement à cause de leur race, et c’était vrai. Le Pape dit
qu’ils étaient parfois, [en italien] talora, à l’occasion, tués
uniquement à cause de leur race. Comme les esprits de la plus grande partie de
l’Europe de l’Ouest, l’esprit du Pape n’était pas assez mauvais pour croire la
vérité. Comme les hauts responsables, chez les Britanniques, du Foreign Office,
il pensait que les Polonais et les juifs
exagéraient par désir de contribuer à l’effort de guerre) [38] [souligné par moi].
L’historien britannique commet ici une légère erreur.
Les trois estimations chiffrées données respectivement, d’abord, par « la
nouvelle », puis par les Alliés et, enfin, par le Pape n’étaient pas, dans
l’ordre : 1° two million (deux
millions) ; 2° hundreds of thousands
(des centaines de milliers) ; 3° some
hundreds of thousands (quelques centaines de milliers), mais : 1° two million (deux millions) ; 2° many hundreds of thousands (plusieurs
centaines de milliers) ; 3° centinaia
di migliaia (des centaines de milliers). Cette décroissance est, en effet,
significative : les autorités alliées se méfiaient des chiffres colportés
par les officines (juives) et l’autorité pontificale, à son tour, se défiait
des chiffres claironnés par les Alliés. Pour le reste, O. Chadwick a raison :
là où les Alliés présentaient tous les juifs comme uniformément victimes d’une
« froide politique d’extermination » en raison de la race, le Pape,
lui, dit que le cas se présenta seulement « parfois » (talora). Il n’a, dans les textes et dans
les faits, jamais existé un ordre allemand de tuer un juif parce que juif et, a
contrario, les exemples ne manquent pas d’Allemands de cette époque, même en
pleine guerre, même en Pologne, en Russie ou en Hongrie, qui ont été condamnés
par des tribunaux ou des cours martiales pour avoir tué ne fût-ce qu’un juif ou
une juive.
La seconde déclaration du Pape (2 juin 1943)
Le 2 juin 1943, dans une adresse au Sacré Collège, Pie XII déclarait à
ses cardinaux :
D’autre part, vous ne serez pas étonnés, vénérables
frères et fils bien-aimés, si notre âme répond avec une sollicitude
particulièrement prévenante et émue aux prières de ceux qui s’adressent à nous
avec un regard d’anxieuse imploration, tourmentés
qu’ils sont en raison de leur nationalité ou de leur race (travagliati come sono per ragione della loro
nazionalità o della loro stirpe)
par les plus grands malheurs et les plus aiguës et les plus graves douleurs et
voués parfois, même sans faute de leur part, à des contraintes exterminatrices (e destinati talora, anche senza propria colpa, a costrizioni
sterminatrici) [souligné par moi].
Sous sa forme imprimée, ce
passage figure dans une section du discours intitulée : « Souffrances
des peuples pour raison de nationalité ou de race. – Les nations
mineures ». Par « nations mineures », le Pape entendait aussi
bien les petites nations que les minorités ethniques. Il évoquait ces
« groupes particuliers, sujets à de plus âpres infortunes » (questi gruppi particolari, soggette a più
acerbe sventure). Il rappelait les soulagements à leurs souffrances obtenus
par le Saint-Siège, les demandes exprimées en leur faveur pour un « retour
sincère aux normes élémentaires du droit et de l’humanité » (ritorno sincero alle elementari norme del
diritto e dell’umanità) même si parfois le vicaire du Christ s’était trouvé
« devant une porte qu’aucune clé ne parvenait à ouvrir » (davanti a porte, che nessuna chiave valeva
ad aprire).
La double récidive du Pape (en 1943 et en 1944)
J’ignore si, dans la
masse des écrits qui ont été consacrés au sujet, il s’est trouvé des auteurs
pour signaler, et souligner, un fait d’importance : Pie XII a, en
quelque sorte, récidivé dans l’audace en faisant imprimer ces deux déclarations non seulement en latin dans les Acta
Apostolicae Sedis, journal officiel publié au Vatican, mais aussi en
italien. Celle du 24 décembre 1942, diffusée par Radio Vatican, a été imprimée
en 1943, à Rome et non au Vatican, par les éditions S. Paolo dans le volume 4
d’un ouvrage intitulé Atti e discorsi di Pio XII ; le
passage reproduit ci-dessus figure aux pages 327-328. Quant à l’adresse au
Sacré Collège, du 2 juin 1943, elle est parue en 1944 dans le volume 5 ;
les passages reproduits ou cités ci-dessus se lisent aux pages 134-135. Je ne
suis pas en mesure de préciser en quel mois de 1943 et en quel mois de 1944 ces
deux volumes sont parus. Mussolini est arrêté, d’ordre du roi, le 25 juillet
1943 et les Alliés entreront dans Rome le 4 juin 1944 ; entre-temps, le
pouvoir réel est passé sous le contrôle de l’armée et de la police allemandes.
Il faut donc constater que l’impression du premier volume ainsi que
l’impression, ou, à tout le moins, les préparatifs d’impression du second
volume datent de l’époque où fascistes et nationaux-socialistes exerçaient une
autorité qu’on nous décrit volontiers comme illimitée. Si tel était le cas, il
s’ensuivrait que Pie XII aurait pris le risque de défier cette autorité, nous
offrant là un exemple de plus de sa hardiesse. Mais, franchement, y avait-il
hardiesse à défier deux pouvoirs, le fasciste et le national-socialiste, que
désertait de plus en plus la fortune des armes ? Tenir tête à la
formidable puissance des Alliés et à leur capacité de rétorsion par des
bombardements réclamait plus d’audace que d’affronter Mussolini ou Hitler,
lesquels, par ailleurs, n’étaient pas de ces tyrans qui, tel Staline,
jouissaient d’un pouvoir sans frein. En la circonstance, la papauté, sans
disposer de la moindre division blindée, constituait tout de même une puissance
avec laquelle il fallait compter et composer. Elle régnait sur un demi-milliard
d’âmes à une époque où la terre était peuplée de deux milliards d’hommes.
La puissance de la papauté
On aime
à décrire Adolf Hitler comme un dictateur au pouvoir terrifiant. Pie XII aurait
été à la merci du tyran. Il aurait vécu dans la crainte de s’attirer des
représailles. Il aurait eu peur, en intervenant plus pour les juifs, de
provoquer l’ire du Führer. Par exemple, aux Pays-Bas, le clergé n’avait-il pas
commis une grave erreur en prenant la défense des juifs ? Son intervention
n’avait-elle pas eu pour effet d’irriter les Allemands ? Ces derniers
n’avaient-ils pas, en la circonstance, prouvé leur capacité de rétorsion en
déportant, par mesure de représailles, un certain nombre de juifs convertis au
catholicisme et, parmi ceux-ci, Edith
Stein ? Pie XII n’a-t-il pas confessé son impuissance parfois à
prononcer des « paroles de feu » ou à ouvrir « des portes
qu’aucune clé ne pouvait ouvrir » ? De son côté, Joachim von
Ribbentrop, ministre des affaires étrangères du IIIe Reich,
n’avait-il pas laissé entendre qu’il disposait de moyens de pression sur le
Pape ? Je ne mentionnerai pas ici le prétendu plan d’enlèvement de Pie XII
par les SS car, ainsi que le montre O. Chadwick, il s’est agi là d’une rumeur
forgée et lancée par l’officine, susmentionnée, de propagande britannique
appelée « Political Warfare Executive » [39].
En réalité, Hitler
était bien plus faible et Pie XII beaucoup plus fort qu’on ne l’admet
communément de nos jours. Le Führer n’avait guère le moyen d’intimider Pie XII.
A la fin de l’année 1942, Ribbentrop donna l’ordre à D. von Bergen, ambassadeur
à Rome, de menacer le Pape de représailles. L’ambassadeur s’exécuta. Pie XII
répondit d’abord par le silence, puis, très calme, répliqua qu’il ne se
souciait pas de ce que le sort lui réservait et qu’en cas de conflit entre
l’Eglise et l’Etat, c’est l’Etat qui perdrait [40]. Très tôt, une bonne partie du
monde avait fini par s’éloigner de Hitler et par se ranger dans le camp des
futurs vainqueurs ; personne ne voulait plus avoir de contact avec le
pestiféré ; les pays neutres finissaient par adopter une attitude de
neutralité « active » en faveur des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne.
Hitler avait à se battre sur terre, sur mer, dans les airs contre des ennemis
qui le dominaient par les ressources naturelles, l’armement, la propagande
(Goebbels ne disposait que de médiocres ressources sur le plan international).
Assiégé dans l’illusoire « forteresse Europe », Hitler devait
également se défendre à l’intérieur contre un « terrorisme »
grandissant et contre une « résistance » qui minait jusqu’à
l’appareil d’Etat. Traqué, il n’avait aucune voie de sortie puisque, dès
janvier 1943, à Casablanca, Roosevelt et Churchill avaient exigé une
« reddition sans condition ». Pie XII, au contraire, était sollicité
et son appui ou son intervention étaient recherchés par toutes les parties au
conflit. Son crédit était devenu considérable en Europe, en Amérique centrale,
en Amérique du Sud, au Canada, aux Etats-Unis ; en témoignent le nombre et
l’activité des représentations diplomatiques au Vatican pendant la guerre alors
qu’avant la guerre, vers 1936, cette activité avait été languissante sinon inexistante
[41].
Même les Britanniques et les Américains étaient présents au Vatican, faisant
alterner à l’adresse du « pape-roi » hommages, promesses et menaces.
L’Allemagne proprement dite comptait en 1933
plus de vingt millions de catholiques et, recouvrant des territoires qui lui
avaient été arrachés par le Diktat de Versailles, elle allait en compter bien
plus dans les années suivantes ; c’eût été, pour le chancelier Hitler,
courir le plus grand risque que de s’aliéner tant de ses compatriotes d’obédience
catholique romaine par un coup de force contre la papauté. L’application du
Concordat, signé en juillet 1933, avait, par la suite, fortement déçu les deux
parties, mais Hitler ne pouvait pas en bafouer trop ouvertement les clauses. Il
avait conscience de l’hostilité profonde du haut clergé catholique allemand.
Des prélats comme Faulhaber (traité par certains nationaux-socialistes de
« Judenkardinal »), von
Preysing ou von Galen manifestaient un état d’esprit proche de la rébellion
ouverte. Hitler n’en pouvait mais. Selon certains auteurs, il continua
personnellement de verser au fisc sa dîme de catholique ; selon d’autres,
il attendit 1943 pour interrompre ses versements. De nombreux membres du clergé
allemand s’étaient signalés par leur « résistance ». D’autres avaient
été publiquement dénoncés pour des crimes contre les mœurs ; à cette
époque, l’Allemagne était le seul pays au monde où ne se pratiquait plus
l’usage, passablement hypocrite, consistant à étouffer, d’un commun accord avec
les autorités religieuses, les cas de pédophilie quand ils étaient le fait du
clergé ; il semble que le Vatican ait fort mal admis cette innovation du
IIIe Reich (où, soit dit en passant, l’homosexualité entre majeurs
consentants ne tombait pas, sauf exceptions, sous le coup de la loi ;
l’homosexualité n’étant alors essentiellement réprimée que pour les cas,
également prévus dans les démocraties parlementaires, de détournements de
mineurs ; le régime hitlérien internait les condamnés dans des camps de
travail forcé, où le port du triangle rose les distinguait des autres
internés). Tous ces religieux, coupables ou suspects, qu’ils fussent des
« politiques » ou des « droit commun », avaient été arrêtés
et, pour la plupart, regroupés dans le camp de concentration de Dachau où leurs
conditions de vie, si dures fussent-elles, étaient enviées par bien d’autres
détenus.
Mise au point sur les juifs catholiques
des Pays-Bas
Les défenseurs de Pie
XII invoquent volontiers l’affaire des juifs catholiques déportés. Ils aiment à
dire que, si le Pape avait dénoncé l’extermination des juifs, les Allemands,
par mesure de représailles, auraient encore aggravé le sort de leurs victimes.
Ils invoquent l’exemple des Pays-Bas : dans ce pays, la hiérarchie
catholique avait dénoncé la déportation des juifs mosaïques et, du coup, en
représailles, les Allemands avaient procédé à la déportation de juifs
catholiques, dont Edith Stein. Or, la comparaison n’a pas de valeur pour la
simple raison que l’affaire ne s’est pas du tout déroulée comme on nous le
rapporte généralement.
Aux Pays-Bas, les hauts responsables de l’Eglise catholique
et des églises réformées avaient envoyé à Arthur Seyss-Inquart, commissaire du
Reich, un télégramme commun pour protester contre la déportation des juifs. A.
Seyss-Inquart les avait rassurés : les juifs catholiques et réformés ne
seraient pas déportés ; seuls les juifs mosaïques le seraient. En même
temps, il leur faisait défense expresse de lire le texte de cette protestation
enflammée dans les églises ou dans les temples. Or, le 26 juillet 1942, les
dirigeants religieux de toutes les confessions passèrent outre à cette défense.
Mieux : la hiérarchie catholique, elle, ajouta à la lecture de la
protestation enflammée la lecture en chaire d’une lettre pastorale se terminant
sur une prière provocante pour les forces d’occupation :
C’est pourquoi, chers
croyants, par l’intercession de la Mère de miséricorde, supplions Dieu
d’accorder au plus vite au monde une juste paix. Qu’il réconforte le peuple
d’Israël si durement éprouvé en ces jours et lui procure le salut véritable
dans le Christ Jésus. […] Implorons son aide pour tous ceux qui sont éprouvés
et opprimés, pour les prisonniers et les otages, pour tant de personnes
menacées et en danger de mort [42].
A. Seyss-Inquart, qui n’avait rien d’un
fanatique, se trouva donc dans l’obligation de mettre sa menace à exécution.
Pour sa propre défense, la hiérarchie catholique invoqua piteusement l’argument
selon lequel « le point de vue du commissaire du Reich n’avait pas été connu
à temps partout ». Pour plus de détails sur le sujet, on pourra se
reporter à mon texte du 4 novembre 1998, intitulé : « Six
questions à Jean Paul II à propos d’Edith Stein » [43]. Ajoutons enfin qu’il semble
que les Allemands ne mirent leurs menaces à exécution que dans une faible
proportion et que beaucoup de juifs catholiques ne furent, en réalité, pas
déportés des Pays-Bas. Selon une enquête menée par le producteur de la BBC
Jonathan Lewis [44],
le nombre d’arrestations suivies de déportation aurait été en tout de
quatre-vingt-douze juifs catholiques [45].
L’argument qu’on tire
du cas des juifs catholiques des Pays-Bas n’a, par conséquent, pas grande
valeur. Quant à certains propos de Pie XII sur sa propre impuissance dans
certains cas ou à ceux de Ribbentrop sur ses propres moyens de coercition, ils
sont à juger selon les circonstances où ils ont été prononcés et selon les
personnes auxquelles ils ont été adressés. Ils sont restés des mots.
La force des Eglises démontrée à
l’occasion de la « Fabrikaktion »
Un exemple du pouvoir
des Eglises contre le régime national-socialiste est fourni par l’épisode dit
de la « Fabrikaktion »
(Opération usines) des 27 et 28 février 1943, à Berlin. A l’époque, l’Allemagne
est sous le coup de la défaite de Stalingrad. Trois journées de deuil sont
décrétées par Hitler pour la circonstance. La situation est dramatique. Les
autorités décident qu’il n’est plus possible de laisser dans la ville de Berlin
des dizaines de milliers de juifs dont certains travaillent dans des usines aux
côtés des ouvriers allemands ; les risques de sabotage sont trop grands.
Goebbels, en sa qualité de préfet de la capitale, fait procéder à l’arrestation
de milliers de ces juifs. Parmi ceux-ci, environ 2 000 sont internés dans un
groupe de bâtiments de la Rosenstrasse en attendant leur déportation vers
l’Est. Nombre de ces juifs sont mariés à des chrétiennes. Ces dernières, levant
l’étendard de la révolte, manifestent devant les bâtiments en question pendant
plusieurs jours et plusieurs nuits. Elles exigent une totale remise en liberté
de leurs époux. Goebbels cède ; elles ont gagné ; l’Allemagne tout
entière ne connaîtra plus de tentative de déportation de juifs mariés à des
conjoints chrétiens [46]. Le Vatican ne semble pas même avoir eu le
temps d’intervenir tant la réaction chrétienne a été spontanée et immédiate.
Durant l’été 1943, Clemens August von Galen, évêque de Münster (Westphalie),
attaque dans ses prédications les méthodes de la police allemande. Des
nationaux-socialistes demandent son exécution. Goebbels s’y oppose et
décide : « Le soutien de la population de Münster et, en plus, de
toute la Westphalie peut être considéré comme perdu pour la durée de la guerre
s’il arrive quoi que ce soit à l’évêque » [47]. En outre, « dans
l’ensemble, les mesures envisagées par les services d’Eichmann contre les Juifs
mariés à des catholiques et contre les enfants des mariages mixtes ne furent
pas appliquées dans le Reich, ni à Berlin, ni à Vienne » [48].
Si le IIIe Reich avait voulu exterminer les
juifs, il ne fait pas de doute qu’un von Galen (« le Lion de
Münster ») et ses pareils auraient dénoncé en chaire une telle entreprise
criminelle qui, vu ses gigantesques dimensions, n’aurait pu passer inaperçue.
L’accusation prétendument portée contre
le Vatican par le SS Kurt Gerstein
(avril-mai 1945)
Kurt Gerstein (1905-1945), ingénieur diplômé
(mines et chimie), entre au parti national-socialiste en 1933 et s’engage dans
la SA. Il est exclu du parti en 1936 pour activité hostile à l’Etat. A deux
reprises, il est interné pour quelques semaines en 1936 et en 1938. De religion
protestante, il est un membre actif de l’Eglise confessante, opposée au régime.
Réhabilité, il entre dans la SS en 1941. Nommé à l’Institut d’hygiène SS de
Berlin avec le grade de sous-lieutenant (affecté spécial), il est en charge de
la désinfection et de la lutte contre les épidémies. On a peu de détails sur sa
vie entre juin 1942 et mars 1945. On sait qu’en avril 1943, il a été promu
lieutenant (affecté spécial) et qu’il a été hospitalisé à deux reprises,
d’abord en mars 1944 à Helsinki (Finlande), puis à l’automne de la même année à
Berlin ; on ignore les raisons de cette double hospitalisation. A la fin
de mars 1945, il quitte la capitale du Reich pour rejoindre sa femme et ses
enfants à Tübingen. Le 22 avril 1945, il se rend à la 1re armée
française. Mis en état d’arrestation et conduit à Paris, il est interrogé par
des officiers de l’Organe de recherche des crimes de guerre (ORCG). Il est
écroué à la prison du Cherche-Midi où on l’inculpe d’assassinat et de
complicité d’assassinat. Le 25 juillet 1945, il est trouvé pendu dans sa
cellule.
Deux mois avant sa mort, le prisonnier avait remis
à ses différents interrogateurs ou geôliers une série de confessions toutes
plus ahurissantes les unes que les autres : deux versions en sont datées
du 26 avril 1945, une troisième porte la date du 4 mai et trois autres la date
du 6 mai. Gerstein y prétend avoir assisté en août 1942 à des gazages de juifs
à Belzec (et accessoirement à Treblinka). Décrivant les gazages de Belzec, il
affirme que les assassins utilisaient le gaz d’échappement d’un moteur Diesel
(un ingénieur doublé d’un chimiste devrait savoir qu’il s’agit là du plus
inapproprié des gaz pour tuer !). Dans les chambres à gaz, les victimes,
debout, auraient été entassées à raison de 700 à 800 personnes sur un espace de
25 m2 et de 45 m3, ce qui revient à supposer que 28 à 32
personnes auraient tenu debout sur un espace de 1 m2 et sous une
hauteur de plafond de 1m80 (encore une fois, où est l’ingénieur ?) !
A Belzec et à Treblinka, les Allemands auraient tué 20 millions de juifs (autre
version : 25 millions) ; or, les auteurs juifs nous affirment qu’il
est mort, de 1939 à 1945, dans tous les camps, tous les ghettos, toutes les
villes et les campagnes, toutes les actions de représailles, tous les champs de
bataille, tous les bombardements, toutes les marches d’évacuation, tous les
trains de la déportation, un total de six millions de juifs. Un tas de
chaussures prises aux victimes aurait mesuré 25 mètres de hauteur (autre
version : 35 à 40 mètres) (ici encore l’ingénieur Gerstein ne précise pas
comment on projetait ou déposait ainsi des chaussures à une hauteur de 10 à 12
étages). Selon lui, à Auschwitz, camp où il ne s’était jamais rendu, plusieurs
millions d’enfants avaient été tués par application d’un tampon d’acide
cyanhydrique sous le nez ! Toujours selon son témoignage, le général Globocnik
lui avait assuré que, l’avant-veille, Hitler et Himmler étaient personnellement
à Belzec ; or, ni Hitler ni Himmler ne se sont jamais rendus en ce coin de
Pologne.
On n’en finirait pas d’énumérer les
absurdités, les invraisemblances, les sottises et les contradictions contenues
dans les six versions de cette confession, ainsi que dans leurs
« suppléments », compléments et brouillons. Aussi les auteurs
holocaustiques qui ont prétendu reproduire ces textes ont-ils multiplié les
amputations, les altérations, les fabrications pour tenter d’en dissimuler le
caractère véritablement fou. Léon Poliakov a été le plus malhonnête d’entre
eux. Pour les ennuis que lui ont valu en 1981 ses manipulations et fabrications
de textes attribuées à Gerstein, je renvoie à mes Ecrits révisionnistes (1974-1998) où l’on pourra consulter l’index à son
nom (en particulier, p.
568-572). En 1961, Raul Hilberg, véritable pape de l’exterminationnisme,
avait mentionné le nom de Gerstein à vingt-trois reprises dans son ouvrage de
référence, The Destruction of the European Jews (première édition en
1961). Mais, au début de l’année 1985, lors du premier procès d’E. Zündel à
Toronto, R. Hilberg, venu en témoin et expert de l’accusation, allait subir le
feu d’un contre-interrogatoire sur son emploi de cet extravagant témoignage. Il
finit par dénier à peu près toute valeur aux confessions de Gerstein ; là
encore on pourra consulter dans mes Ecrits révisionnistes (1974-1998) (p.
956-957) la
transcription verbatim des
concessions auxquelles s’est trouvé acculé le plus grand spécialiste de
l’histoire du prétendu « Holocauste ». Confronté à tel ou tel passage
de cette confession, R. Hilberg se voyait contraint de parler de
« pur non-sens », de « déclaration totalement fausse », de
« pure exagération », de « déclaration loufoque » (far-out statement). De son côté, Pierre
Vidal-Naquet, qui, en 1979, avec L. Poliakov, n’avait pas craint d’invoquer
comme preuve de l’existence des chambres à gaz nazies le témoignage de K.
Gerstein [49],
se voyait contraint d’admettre, quelques années plus tard, que ledit
« témoignage » était, pour reprendre ses mots, « bourré
d’invraisemblances et de contradictions » [50]. Mais, dès 1968, une autre
spécialiste, Olga Wormser-Migot, avait exprimé son scepticisme. Elle parlait de
« confession dont bien des points demeurent obscurs » et
concluait : « Nous arrivons difficilement, pour notre part, à
admettre l’authenticité intégrale de la confession de Kurt Gerstein – ou la
véracité de tous ses éléments » [51].
Jamais dans sa « confession » K.
Gerstein n’a prétendu avoir eu un contact avec le Pape Pie XII ou même avec son
représentant à Berlin, le nonce Cesare Orsenigo. Il affirme simplement s’être
présenté à la porte de la nonciature pour y révéler son secret et avoir été
prié de quitter les lieux parce qu’il était un soldat. Il est vrai qu’il ajoute
avoir fait un rapport verbal au Dr Winter, secrétaire de l’évêque de Berlin. Il
aurait également fait des rapports verbaux à bien d’autres personnes,
protestantes ou catholiques, à un Suédois, à un Suisse, à des Résistants
néerlandais, à des ouvriers d’usine, à « des milliers » de personnes,
affirme-t-il. Il ne parle jamais de rapport écrit. D’ailleurs, après la guerre,
on n’a jamais trouvé trace d’un rapport écrit par K. Gerstein ni à la
nonciature ou à l’archevêché de Berlin, ni au Vatican, ni dans les archives
suédoises, helvétiques ou néerlandaises. Ceux qui, après la guerre, ont affirmé
que K. Gerstein leur avait parlé de ces horreurs n’en ont fait aucun rapport
écrit ni pour eux-mêmes, ni pour leur hiérarchie. Tel fut le cas, en particulier,
du Suédois von Otter.
Dès lors, l’accusation que le protestant K.
Gerstein est censé avoir portée contre le Vatican se réduit quasiment à rien. A
tant faire, pourquoi ne pas utiliser sa confession pour accuser l’Eglise
protestante, puisque, aussi bien, K. Gerstein prétend avoir également prévenu
Otto Dibelius ou la famille de Martin Niemöller ? Pourquoi ne pas employer
la même arme contre la Suède, la Suisse ou les Pays-Bas que K. Gerstein,
s’il faut l’en croire, aurait également avertis oralement de ces
atrocités ?
Le premier auteur à ouvrir les yeux de tous
sur l’inconsistance du témoignage de K. Gerstein a été Paul Rassinier. Il l’a
fait dès 1961 dans Ulysse trahi par les siens (La Librairie française, Paris) et
il n’a cessé de revenir sur le sujet dans d’autres ouvrages jusqu’à sa mort en
1967. Dans la même ligne révisionniste, après mes propres publications et après
l’humiliation infligée sur le sujet à Raul Hilberg au tout début de l’année
1985, on se reportera à deux ouvrages d’érudition : celui de Carlo
Mattogno, Il rapporto Gerstein, Anatomia
di un falso, Il « campo di sterminio » di Belzec (Sentinella
d’Italia, Monfalcone (Italie), 1985), et la thèse d’Henri Roques, soutenue à
l’Université de Nantes le 15 juin 1985 et publiée l’année suivante par André
Chelain sous le titre Faut-il fusiller Henri Roques ?
(Polémiques, Paris, 1986) [52]. Tout récemment, le même H. Roques vient de
faire une stupéfiante découverte sur la personnalité, décidément trouble, de K.
Gerstein [53].
De Saul Friedländer, qui ne craint pas de
reproduire les documents en les falsifiant, on peut se dispenser de lire :
Kurt
Gerstein ou l’ambiguïté du bien
(Castermann, Paris, 1967, avec la postface de Léon Poliakov). En revanche, du
même auteur, on peut lire Pie XII et le IIIe Reich. Documents (Seuil, Paris 1964), mais
seulement pour l’intéressante postface d’Alfred Grosser.
L’accusation hardiment portée contre le
Vatican
par le protestant Rolf Hochhuth (1963)
Né en 1931, l’Allemand
Rolf Hochhuth achève au printemps de 1962 une pièce de théâtre intitulée Der
Stellvertreter. Le héros en
est un personnage imaginaire, un jeune jésuite, le Père Riccardo Fontana, qui,
bouleversé par ce qu’un autre personnage, Kurt Gerstein, révèle à Pie XII sur
les chambres à gaz nazies, constate que le Pape ne dénoncera pas cette horreur.
Humble prélat, il arborera donc l’étoile juive et accompagnera un convoi de
juifs dans une chambre à gaz pour y trouver la mort. Selon les interprétations,
ou bien le titre de la pièce désigne le jeune jésuite et, dans ce cas, il
convient de traduire le titre allemand par « Le Remplaçant » ou
« Le Substitut », ou bien il vise directement Pie XII et on le
traduira alors par « Le Vicaire », puisque, comme on le sait, le pape
est « le vicaire du Christ ». C’est cette dernière traduction que
l’usage a consacrée.
Cette lourde tragédie
germanique, écrite en vers libres dans le style pesant de l’expressionnisme
allemand, se déroule en cinq actes particulièrement indigestes et ne rassemble
pas moins d’une quarantaine d’acteurs. L’auteur veut bien nous en
avertir : « Sauf le pape, le nonce, Gerstein, [le professeur]
Hirt et Eichmann, toutes les figures [pour : tous les personnages] ainsi
que les noms sont imaginaires ». Mais ces cinq personnages historiques
sont, on peut le dire, transformés, eux aussi, en créations imaginaires.
L’auteur fait preuve de la plus lourde fantaisie dans le traitement de
l’histoire. Les soixante-quinze pages d’« Eclaircissements
historiques » dont il a cru bon d’accompagner la version imprimée de sa
pièce se réduisent à une compilation de données plus ou moins historiques
rapportées sur le ton du romancier ou du gazetier. Bref, on nage dans le pire
du roman dit « historique » ou dans le pire du théâtre à la Piscator
et c’est pourtant cette création douteuse, lancée comme une marque d’épicerie,
que les médias du monde entier ont réussi à présenter comme un réquisitoire des
plus sérieux contre Pie XII.
Sur le texte de la
pièce dans sa version française, on consultera : Rolf Hochhuth, Le
Vicaire (Le Seuil/Poche, Paris, 1967 [1963]) ; l’avant-propos est
signé d’Erwin Piscator ; les « Eclaircissements historiques » et
l’« Epilogue » occupent les p. 365-447. P. Rassinier, encore lui, a
démonté cette entreprise dans L’Opération “Vicaire”. Le Rôle de Pie XII
devant l’Histoire (La Table Ronde, Paris, 1965) [54].
Accusation reprise avec shutzpah dans Amen, film juif (2002)
Au début de 2002,
grand tapage a été mené pour le lancement du film juif Amen, présenté par Claude
Berri, écrit par Jean-Claude Grumberg, mis en scène par Constantin
Costa-Gavras, joué, pour le rôle principal, par Mathieu Kassovitz et illustré
musicalement par Amar. Lourd et mensonger, ce film de 2h10 s’inspire de
l’élucubration de Hochhuth ainsi que de Shoah, fiction de Claude Lanzmann.
Les clichés s’y succèdent avec les incessants allers et retours des trains de
la déportation, pleins à l’aller et vides au retour, avec la soldatesque
allemande se repaissant du spectacle, contemplé par un œilleton, de la mort des
juifs dans une chambre à gaz, avec le banquet où, au Vatican, on se régale
d’écrevisses (bien sûr !) pendant que les juifs meurent, avec Eichmann en
train de valser ou d’enchaîner avec ses amis des propos égrillards, avec de
gigantesques brasiers pour brûler les juifs (brasiers devant lesquels se
déplacent impunément des soldats allemands comme des créatures diaboliques qui
n’ont besoin de nulle protection car ils sont dans leur élément), et avec
le jeune jésuite qui, bien entendu, va arborer une étoile juive devant Pie XII.
Les inventions romanesques fourmillent, l’une des plus mensongères consistant à
montrer Gerstein et le jeune jésuite à l’écoute de Radio Vatican le 24 décembre
1942 : tous deux vivent dans l’espoir que le Pape va, dans ce discours de
Noël, dénoncer les horreurs infligées aux juifs ; on entend distinctement
un enregistrement authentique du radio-message, mais Costa-Gavras saute
froidement le passage sur le « progressivo
deperimento » subi par les juifs persécutés. Cette amputation du texte
de l’allocution papale est délibérée et permet à Costa-Gavras et ses complices
de nous faire croire que Pie XII n’a rien dit du malheur des juifs. Le
subterfuge leur permet également de nous montrer la consternation des deux
auditeurs, K. Gerstein et R. Fontana, et de souligner la cruelle indifférence
du Pape à moins que ce ne soit sa lâcheté foncière.
L’historien n’a donc
pas à s’attarder sur ce produit cent pour cent casher où l’aplomb le dispute au
judéocentrisme. A l’occasion de la sortie du film, un article assez bien
informé sur les réalités de l’histoire et les falsifications de Costa-Gavras et
consorts est paru dans un hebdomadaire sous la plume de Laurent Dandrieu [55].
Pie XII châtié pour sa résistance et son
révisionnisme
Pie XII a, jusqu’au
bout, résisté à la pression des organisations juives. Il a refusé de cautionner
aussi bien la religion naissante de l’« Holocauste » (une imposture)
que la création de l’Etat d’Israël (une autre imposture, directement liée à la
première). Il allait payer cher son audace, mais à titre posthume.
Qui peut tenir bon sous la pression et face
aux campagnes des puissantes organisations juives ? A peu près personne.
L’emprise de ces organisations sur les médias, leurs perpétuels gémissements et
récriminations, leur recours systématique au chantage, leur pratique des
mensonges les plus déroutants, la peur qu’elles inspirent (metus Judaeorum), leur frénésie feinte ou réelle, leur mépris pour
qui n’appartient pas au peuple élu finissent par balayer tous les obstacles.
Pour que, soudain, ces organisations ne soient plus obéies au doigt et à l’œil,
il faut des circonstances historiques exceptionnelles. Alors, les goïm,
humiliés, offensés, grugés ou colonisés se risquent à lever la tête et,
parfois, vont jusqu’à se rebeller contre leurs tyrans. L’imposture ou la
religion de l’« Holocauste » s’est progressivement construite à
partir de mensonges rabbiniques nés en Europe centrale ; puis, la
propagande de guerre aidant, ces inventions ont été exportées vers l’Europe
occidentale (y compris vers les pays neutres, le Vatican et des organismes
comme celui de la Croix-Rouge internationale). De là elles se sont propagées
aux Etats-Unis où elles ont bénéficié d’une mise en scène hollywoodienne et
médiatique. Elles sont revenues avec d’autant plus de force se déverser à
partir de 1945 dans le cœur de l’Europe. Elles ont fortement contribué à la
création de l’Etat d’Israël, source de conflits à venir. Elles ont empoisonné
l’après-guerre. Le ferment de haine que ne manque pas de déposer en tout esprit
une imposture de cette dimension infecte encore aujourd’hui notre vie sociale
et politique. De prodigieuses extorsions financières, fondées sur
l’intimidation ou le chantage, alimentent depuis un demi-siècle le commerce, le
business, l’industrie de la Shoah. On dirait que les responsables de ces
organisations juives se sont ingéniés à renforcer, pour la satisfaction des
antisémites, tous les stéréotypes du juif menteur, voleur, tour à tour
pleurnicheur et arrogant, criant vengeance jusqu’à la fin des temps et
réclamant partout sa livre de chair. Ces juifs-là ont ressuscité Shylock [56].
Incapables, et pour
cause, de prouver que la prétendue « destruction des juifs d’Europe »
ou les prétendues « chambres à gaz nazies » ont existé, les faux
historiens ou scientifiques juifs à la R. Hilberg ont fini par capituler. Ils
ont passé le relais aux romanciers à la Elie Wiesel, aux dramaturges à la
Hochhuth, aux cinéastes à la Lanzmann ou à la Costa-Gavras, aux illustrateurs,
aux affichistes, aux peintres, aux sculpteurs de monuments, aux scénographes de
musées de l’« Holocauste » en tout genre, aux musiciens, aux
publicitaires, aux ordonnateurs de cérémonies, aux organisateurs de
manifestations, aux voyagistes des expéditions scolaires vers Auschwitz. Ce qui
reste aujourd’hui de recherche proprement historique sur le sort des juifs
d’Europe pendant la guerre est profondément contaminé par le culte de « la
mémoire » juive.
L’offensive lancée
contre Pie XII, surtout à partir des années soixante, porte la marque de cette
transformation générale qui conduit d’une enquête historique et scientifique
avortée à la mise en accusation du « criminel » par le théâtre, le
cinéma et tous les arts du grand spectacle qui font appel à l’imagination. En
un premier temps, on a essayé, comme S. Friedländer en 1964, d’instruire le
dossier de Pie XII sur le plan, normal après tout, de l’histoire. Le dossier
n’a trop visiblement été instruit qu’à charge et il s’est révélé si maigre que,
peu à peu, les accusateurs ont dû abandonner le plan de l’histoire et de la
science pour celui de la fiction. C’est dans cet esprit que le même S.
Friedländer en 1967 et Pierre (Weil) Joffroy en 1969 (L’Espion de Dieu. La Passion de Kurt Gerstein, Grasset,
Paris), ont jeté leur dévolu sur quelques écrits loufoques d’un SS statufié
pour la circonstance en « espion de Dieu » et devenu en quelque
sorte saint Gerstein. De cette fiction, on a fait, avec Le Vicaire de R. Hochhuth
une pièce de théâtre où se donnait cours, encore plus librement, la folle du
logis. Quarante ans plus tard, alors même que la confession de saint Gerstein
est discréditée et que la fantasmagorie de Hochhuth est tombée aux oubliettes,
un Costa-Gavras et ses acolytes retournent aux poubelles de l’histoire pour en
extraire Le Vicaire et recycler la pièce en lui donnant la forme d’un
film délirant, que finement ils intitulent Amen. Pour bien faire comprendre que
Pie XII a dit « amen » au national-socialisme et lui a donné sa
bénédiction, on couronne l’ouvrage d’une affiche où s’accouplent la croix des
chrétiens et la croix gammée, œuvre due au talent du juif Oliviero Toscani,
ancien collaborateur du marchand de tricots Benetton. Somme toute, on a
fabriqué un faux Pie XII comme on a fabriqué un faux « Holocauste ».
Et, dans les deux cas, là où le travail de l’historien a échoué, on a fait
appel aux ressources de l’imagination, chère aux faussaires.
Les premiers successeurs de Pie XII
cèdent aux juifs tout en leur résistant
Les premiers
successeurs de Pie XII ont cédé à la pression juive sans aller pour autant
jusqu’à la reddition finale. Jean XXIII (mort en 1963) a beaucoup concédé au
lobby mais il n’a pas prononcé les mots attendus sur la prétendue extermination
et sur les prétendues chambres à gaz. On lui prête une « Prière
pour les juifs » où, s’adressant à Dieu, il évoque « la beauté [sic]
de Ton Peuple élu » ; il y demande qu’il soit pardonné aux chrétiens
d’avoir traité les juifs comme Caïn avait traité son frère Abel et d’avoir
ainsi, une seconde fois, crucifié le fils de Dieu dans la chair des juifs. Mais
cette « prière » n’est qu’un faux, lancé, en anglais, par le mensuel
de l’American Jewish Committee, un an et demi après la mort de Jean XXIII [57].
En France, le journal Le Monde a, en toute connaissance de
cause, fini par contribuer, à son tour, à la diffusion de cette imposture juive
[58].
Cette « prière » passe encore pour authentique auprès de trop de
catholiques bien que le Vatican en ait signalé le caractère apocryphe.
Paul VI, jusqu’à sa
mort, en 1978, a observé un comportement identique à celui de Jean XXIII.
En 1945, il avait, en sa qualité de substitut de la secrétairerie d’Etat au
Vatican, reçu Gerhard Riegner ; « lors de leur entretien, il avait
mis en doute la parole de son interlocuteur qui lui disait que 1,5 million
d’enfants juifs avaient péri pendant la Shoah » [59]. Le 5 janvier 1964, lors de sa
visite de Jérusalem, il avait évité le « pèlerinage » au mémorial de
l’« Holocauste » à Yad Vashem et y avait délégué un collaborateur.
Jean Paul Ier,
qui n’a exercé son pontificat que trente-trois jours, n’a pas eu le temps
d’affronter la colère et les exigences des juifs. Mais la machine était
lancée : tôt ou tard, du train où les juifs menaient leur jeu, notamment
avec le succès de cette « Prière de Jean XXIII », le programme
annoncé se réaliserait et le Vatican allait plier. C’est ce qui arriva
avec Jean Paul II.
Jean-Paul II résiste pendant onze ans,
puis capitule
Parvenu en 1978 au
trône pontifical, Jean Paul II commence par résister, puis, à son tour, cède
sur bien des points, en particulier dans l’affaire dite des religieuses du
Carmel d’Auschwitz. Au bout de onze ans, précisément à l’occasion de cette
affaire, il finit par capituler. Le 26 août 1989, dans un message adressé aux
évêques polonais il évoque l’extermination massive des juifs voués aux chambres
à gaz. Puis, le 26 septembre 1990, il déclare devant un groupe de Polonais
reçus en audience au Vatican:
Le peuple juif a vécu
avec nous pendant une génération coude à coude sur cette terre [de Pologne]
devenue une sorte de nouvelle patrie pour ce peuple éclaté. Il est demeuré avec
nous après cette mort horrible de millions de ses fils et de ses filles
conduits dans les chambres à gaz
seulement parce qu’ils étaient fils de ce peuple [60] [souligné par moi].
Ainsi, en sa personne,
le Vatican vient-il, quarante-quatre ans après la fin de la seconde guerre
mondiale, d’avaliser l’histoire, pourtant fictive, de l’« Holocauste »
avec ses « chambres à gaz » et ses millions (sinon ses
« six millions ») de juifs tués parce que juifs.
Deux ans plus tard, le
7 novembre 1992, L’Osservatore Romano condamne le révisionnisme historique pour
sa mise en doute de l’« Holocauste ». Il prononce : « Il
n’y a pas de révisionnisme historique qui puisse remettre en cause l’abîme
d’inhumanité de l’Holocauste (Non c’è
revisionismo storico che possa rimettere in discussione l’abisso disumano
dell’Olocausto) ».
En 1993, le Vatican,
après s’y être refusé pendant quarante-cinq ans, reconnaît l’Etat d’Israël.
En 1998, à l’occasion
de la canonisation d’Edith Stein, Jean Paul II affirme à nouveau l’existence
des chambres à gaz nazies :
[Avec beaucoup
d’autres juifs à Auschwitz, Edith Stein] trouva la mort dans les chambres à gaz. De tous nous faisons
mémoire aujourd’hui, avec un profond respect. – Dorénavant, en célébrant la
mémoire de la nouvelle sainte, nous ne pourrons pas ne pas nous souvenir en
même temps, d’année en année, de la
Shoah, ce plan effarant d’extermination d’un peuple, qui coûta la vie à des
millions de frères et sœurs juifs [61] [souligné par moi].
Le 12 mars 2000 Jean
Paul II, lors d’une cérémonie dont la liturgie « pénitentielle »
vient d’être créée de toutes pièces pour la circonstance, exprime
solennellement, dans la basilique Saint-Pierre de Rome, le repentir de l’Eglise
pour ses fautes passées et, en particulier, pour les péchés commis par nombre
de chrétiens contre le peuple juif. Mais, curieusement, le Pape omet de
prononcer le mot de « Shoah ». Incontinent, Israel Landau, grand
rabbin ashkénaze de l’Etat d’Israël, tout en se félicitant de cette demande de
pardon, se déclare « profondément déçu que le sujet de la Shoah n’ait pas
été traité ». De son côté, Jean Kahn, président du Consistoire israélite
de France, se réjouit de cet acte de repentance mais ajoute : « Nous
eussions préféré que l’antisémitisme chrétien qui a mené à la Shoah ne soit pas
mis sur le même plan que les regrets concernant les croisades, l’Inquisition,
la discrimination contre les femmes et les pauvres » [62]. Jean Paul II va opérer sa
totale soumission en se rendant, du 23 au 26 mars 2000, d’abord à Jérusalem,
puis à Yad Vashem ; il y renouvelle son acte de repentance et réclame le
« silence » sur la Shoah. Le mot de « silence » n’est
évidemment plus à prendre dans son sens normal de « mutisme », comme celui
qu’on reproche à Pie XII, mais dans son acception juive, inaugurée par Elie
Wiesel, d’« impuissance respectueuse à rendre compte de l’indicible
malheur des juifs ». Déjà, quelques jours auparavant, pâmé d’admiration,
H. Tincq avait écrit : « A l’égard du peuple juif, [Jean-Paul II]
aura franchi des étapes qui paraissaient inimaginables il y a seulement trente
ans » [63].
Une semaine plus tard, le journaliste récidive : « Le champ
reste ouvert, mais, au bout de trente ans, le progrès est si rapide qu’il donne
le tournis aux extrémistes des deux bords » [64]. Le 26 mars, Jean Paul II
glisse un message de demande de pardon dans le mur des Lamentations ;
retiré du mur, ce message sera exposé à Yad Vashem. Dans un éditorial, Le
Monde, jamais à court de surenchère juive, exprime sa satisfaction
mais, comme on pouvait s’y attendre, il estime que cela ne suffit pas :
Il faut souhaiter que
le Vatican aille au bout de sa démarche, suspende par exemple le procès de
béatification de Pie XII et fasse toute la lumière sur son rôle pendant la
guerre [65].
Le Monde reprenait là une exigence d’Aharon Lopez, ambassadeur
d’Israël au Vatican, qui, en 1998, avait demandé que le processus de
béatification de Pie XII fût « gelé pendant cinquante ans » [66].
« Avec les juifs, c’est toujours
plus »
Le Pape est donc allé
« de la Shoah à la Techouva [en
hébreu : repentance]». Croire que les juifs se tiendront pour satisfaits
serait mal les connaître. Il faut dire que, selon la formule de leur ami
François Mitterrand, « Avec les juifs, c’est toujours plus » (je
tiens le mot d’un très proche confident de l’ancien président de la
République). Non seulement ils exigent que soit suspendu le procès de
béatification de Pie XII, mais ils expriment la même exigence en ce qui
concerne le procès de béatification de Pie IX (1846-1878). Ce dernier avait
fait du jeune Edgardo Levi-Mortara son fils adoptif pour éviter que, baptisé
clandestinement, il ne fût rendu à ses parents juifs. L’affaire avait provoqué
l’un de ces scandales que la communauté juive s’entend à orchestrer. Les juifs
avaient mobilisé en leur faveur jusqu’à l’empereur des Français, Napoléon III,
et l’empereur d’Autriche, François Joseph. Mais Pie IX avait tenu bon :
entêtement que, cent trente ans plus tard, les juifs s’apprêtent aujourd’hui à
lui faire payer [67].
Les
Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale
Autre exigence
encore : l’ouverture des archives du Vatican. De 1965 à 1981, une équipe
de quatre jésuites nommée en 1964 par Paul VI avait, à la demande des juifs qui
exigeaient des éclaircissements sur le sujet, publié les onze tomes (en douze
volumes) des Actes et documents du
Saint-Siège relatifs à la seconde guerre mondiale (ADSS). Mais dans ces
douze volumes, résultat d’un effort considérable entrepris sous leur pression,
les juifs n’avaient pas trouvé ce qu’ils espéraient, c’est-à-dire des matériaux
propres à condamner Pie XII. Par la suite, ils revenaient donc à la charge,
exigeant de pouvoir bénéficier d’un privilège sans exemple dans l’histoire de
l’Eglise catholique romaine : celui d’accéder personnellement, bien que
non catholiques, aux archives (non encore classées !) du Vatican. Autrement
dit, ils tenaient en quelque sorte à Jean Paul II le discours suivant :
« Vos quatre jésuites ont peut-être triché en nous présentant ces
documents ; nous voulons aller y voir nous-mêmes ; si vous nous
refusez cette permission, vous nous donnerez à croire que Pierre Blet, Robert
Graham, Angelo Martini et Burckhart Schneider ont effectivement triché ».
En octobre 1999, le Pape s’inclinait et créait une commission mixte de six
historiens, trois pour les chrétiens, trois pour les juifs, sans compter quatre
rapporteurs, afin d’examiner, voire de critiquer le contenu des douze volumes.
Les trois universitaires catholiques étaient les Américains Eva Fleischner,
Gerald Fogarty et John Morley ; les trois juifs étaient des militants de
la cause antirévisionniste : Michael Marrus (Toronto), Bernard Sucheky
(Bruxelles) et Robert Wistrich (Jérusalem).
En mai 2001,
l’historien François Bédarida, aujourd’hui décédé, publie dans la revue Esprit
un article intitulé : « Pour faire avancer l’histoire : les
archives du Vatican 1939-1945 » (p. 15-25). Catholique d’origine juive et
animé d’une haine judéo-chrétienne à l’endroit des révisionnistes, il souhaite
« des ouvertures d’archives vaticanes [à des “chercheurs”], sans doute de
manière graduelle et mesurée » (p. 25). Il se fait ainsi le porte-parole
de ses collègues juifs de la commission mixte qui, eux, exigent une ouverture
illimitée des archives vaticanes non encore classées. Une telle exigence est
matériellement impossible à satisfaire : aucun responsable d’un fonds d’archives
en cours de classement (c’est le cas au Vatican pour toute la période
postérieure à 1922) ne peut arrêter une entreprise monumentale pour se
consacrer soudain à une tâche qui mobiliserait toutes ses ressources
matérielles, financières et de personnel, et mettrait en péril la poursuite de
l’œuvre qui est normalement la sienne. Cependant, à force de bonne volonté de
la part du Vatican, une solution est trouvée et acceptée de part et
d’autre : les membres de la commission pourront obtenir tous les éclaircissements
désirables sur les points qu’ils voudront. Il leur suffira de soumettre leurs
questions au père Peter Gumpel qui, avec son équipe, entreprendra les
recherches nécessaires et devra fournir les réponses.
Coup de théâtre :
le 20 juillet 2001, la commission mixte annonce à la hiérarchie vaticane
qu’elle suspend ses travaux. Le 23 juillet, le Congrès juif mondial ose
déclarer que la décision a été prise après le refus du Vatican d’ouvrir ses
archives aux historiens. Pour une fois, le Vatican va manifester son impatience
et protester avec vigueur. Le 7 août, le père P. Gumpel, chargé par le Pape de
s’exprimer sur le dossier, accuse « certains historiens juifs de la
commission » d’être responsables de cet échec par leur comportement
« incorrect » et « irresponsable ». Il met en cause le
sérieux de certains membres juifs de la commission qui n’auraient pas même lu
les douze volumes qu’ils étaient censés étudier. En octobre 2000, le groupe
avait formulé quarante-sept questions en vue d’éclaircissements. P. Gumpel
s’était donné la peine de préparer, en réponse, quarante-sept dossiers. Or, en
raison, selon lui, de dissensions « transversales » (comprenons qu’il
s’agit sans doute de dissensions entre, d’une part, les membres catholiques et,
d’autre part, les membres juifs de la commission), seules douze questions
avaient pu être examinées. Et d’ajouter : « C’est un mensonge de dire
que nous n’avons pas voulu apporter de réponses ; j’étais à leur
disposition » [68]. Dans un communiqué en date du 25 août, les
accusations formulées par P. Gumpel recevaient une confirmation du cardinal
Walter Kasper, responsable au Vatican pour les relations avec le judaïsme. Peu
auparavant, le cardinal archevêque de Baltimore (Etats-Unis), William Keeler
avait fourni des noms et des précisions sur le comportement inadmissible de son
compatriote, le juif Robert Wistrich, membre de la commission mixte, et de
Seymour Reich, président du Comité juif international pour la consultation
interreligieuse (IJCIC), partenaire habituel du dialogue avec le Vatican. Des
« fuites », en particulier, avaient été organisées par ces juifs en
vue de nourrir une campagne contre la mémoire de Pie XII [69]. En organisant ces
« fuites », les juifs avaient manqué à leurs engagements de
discrétion et floué ceux qui leur avaient fait confiance. Publiant effrontément
les produits de leurs larcins, ils les avaient accompagnés d’un commentaire
mensonger de leur cru. Ils savaient que le Vatican ne pouvait leur donner la
réplique en raison précisément des engagements de discrétion souscrits de part
et d’autre. Bref, ils avaient, en trichant, gagné la partie. Sans doute
avaient-ils pris conscience de la qualité du dossier établi par les quatre
jésuites, qui avaient tant travaillé à l’établissement des ADSS en douze volumes.
Sentant qu’ils allaient une nouvelle fois à l’échec dans leur campagne de
dénigrement contre la figure de Pie XII, il est probable qu’ils avaient cherché
à faire diversion en organisant ces « fuites » qui leur permettaient
de se sortir d’un mauvais pas. Ils obligeaient le Vatican à prendre la
responsabilité d’une rupture peut-être définitive.
Gérard Leclerc est
l’auteur d’un ouvrage intitulé Le Bricolage religieux (Editions du Rocher, Paris, 2000). Il
est également l’auteur d’un article judicieusement titré : « Le
mythe des archives du Vatican » [70]. Il montre que l’historienne juive Annette
Wieviorka n’est nullement autorisée à dénoncer ce qu’elle appelle « la
fermeture têtue » des archives du Vatican, ni à croire que « le
rapport de Kurt Gerstein » pourrait se trouver dans ces archives. Il
rappelle que P. Blet n’a jamais trouvé trace d’un tel rapport. Il précise que
c’est pour des raisons « techniques » que le réexamen des archives a
été refusé. Il ajoute que Jean Paul II a néanmoins décidé d’accélérer les
échéances « en annonçant que, dès 2003, six cent quarante dossiers
concernant les relations entre le Saint-Siège et l’Allemagne sous Pie XI
seraient disponibles, et que peu de temps après il en irait de même pour le
pontificat de Pie XII ». Il conclut : « Peut-être en
ira-t-il des archives du Vatican comme du trésor des templiers. Mais les
historiens sérieux devront renoncer à s’accrocher au mythe ».
Bilan
Les autorités juives,
si promptes à exiger des goïm en général et de l’Eglise en particulier, actes
de repentance et réparations de toute nature, seraient bien inspirées de faire
retour sur leurs propres actions dans le passé. Le sionisme et le
national-socialisme, si proches dans leurs idéologies respectives, ont
fortement collaboré avant et pendant la seconde guerre mondiale [71].
Si les « nazis » ont commis des crimes contre les juifs et contre
d’autres, les sionistes et les « juifs bruns » y ont eu leur part. Où
est, dans ce cas, la repentance des grands rabbins ? Par ailleurs, les
juifs ont joué un rôle décisif dans la naissance et le développement du
communisme, une idéologie qui, dans les faits, a inspiré et justifié des
entreprises particulièrement meurtrières. Dans ce cas également, on en est à
attendre de la communauté juive mondiale des paroles de repentance. Oser
prétendre que les juifs ont été les premiers à souffrir du communisme témoigne
d’un bel aplomb. Lorsque les fils et les filles d’Israël, comme ce fut, à une
époque, le cas en Union soviétique, par exemple, occupaient en force et en
nombre les plus hautes sphères de l’Etat, il ne leur restait plus, au moment
des inévitables purges, qu’à se purger entre eux, ce qu’au reste ils n’ont fait
que dans une mesure relative puisque, au bout du compte, des millions de juifs
d’abord prétendument exterminés par les Allemands, puis, ajoute-t-on, décimés
par le stalinisme, ont fort bien survécu jusqu’à nos jours en Russie, en
Ukraine, en Israël et ailleurs encore.
Instruit à charge et à
décharge, le cas de Pie XII est clair. Le dossier de l’accusation est vide
tandis que celui de la défense abonde en preuves et en documents qui
établissent que le Pape ne s’est rendu coupable d’aucun « silence »
sur les vrais malheurs des juifs. L’acharnement de tant d’organisations juives
contre un pape qui a tant œuvré en faveur des juifs est particulièrement
injuste, mais on rencontre là un trait constant de ces organisations :
elles mordent jusqu’à la main qu’on leur tend. Elles ont pour habitude de tout
exiger ; puis, quand elles ont obtenu satisfaction, elles réclament encore
plus. Ne pouvant obtenir « plus que tout », elles se plaignent,
récriminent, puis tempêtent. Il est deux sortes de révisionnisme historique que
ces organisations juives ne tolèrent pas : le révisionnisme de ceux qui
sont hostiles ou indifférents aux juifs et le révisionnisme de ceux qui sont
favorables aux juifs. C’est cette dernière forme de révisionnisme qui les
irrite le plus. Elle prouve, en effet, que même les esprits les mieux disposés
à leur égard refusent de croire au Grand Mensonge. [72]
Conclusion
D’où vient que le « procès de Pie
XII » se poursuive encore de nos jours ?
La faute en est
partiellement à la défense. Les avocats ont joué le jeu de l’accusation. Sans
en réclamer de preuves, ils ont d’emblée admis la thèse du prétendu
« Holocauste », sorte d’a priori que les accusateurs imposaient comme
une vérité établie par l’histoire. Ce faisant, les défenseurs de Pie XII
s’appliquaient le bâillon. Ils ne pouvaient plus faire entendre que des
murmures de protestation. Ce n’est pas ainsi qu’on plaide. Si l’avocat choisit
une ligne de défense déterminée par le ministère public, il ne reste plus au
juge et aux jurés qu’à porter condamnation de l’accusé ; tout au plus leur
verdict de condamnation sera-t-il assorti de circonstances atténuantes.
Ainsi Pie XII, « le pape-roi », rejoint-il
l’innombrable cohorte des victimes, célèbres ou obscures, qui, depuis 1945, ont
été condamnées par mille tribunaux (à commencer par le tribunal militaire prétendument
international, en réalité inter-Allié, de Nuremberg) où la défense a été
assurée par des avocats qui, comme dans les procès de sorcellerie, ne pouvaient
pas, ne savaient pas ou ne voulaient pas courir le risque, pour l’accusé ou
pour eux-mêmes, de remettre en cause un formidable tabou, ici le tabou du
prétendu « Holocauste » ou de la prétendue « Shoah ».
Aucun avocat ne s’est
levé pour clamer : « Le crime abominable n’a pas existé. Et parce
qu’il n’a pas existé, Pie XII ne peut avoir été, directement ou indirectement,
le complice de ce crime-là ».
Aux yeux de ses
accusateurs, le crime de Pie XII s’est accompagné d’une circonstance aggravante
: révisionniste pendant la guerre, le Pape est resté révisionniste après la
guerre, jusqu’à sa mort, en 1958. On ne saurait béatifier un révisionniste et,
encore moins, le canoniser, c’est-à-dire le mettre au nombre des saints.
Quant au pape Jean
Paul II, comme on l’a vu, il a fini, en 1989, par sacrifier à la religion de
l’« Holocauste » et, en 1992, par lancer l’anathème contre le
révisionnisme historique. Mais peut-on vraiment lui en tenir rigueur ?
L’auteur de ces lignes est payé pour savoir ce qu’il en coûte d’affronter « une
insupportable police juive de la pensée » (Annie Kriegel) et il
comprend qu’on ne veuille pour rien au monde encourir la haine et la colère des
juifs (odium iramque Judaeorum). Il sait que, dans des procès où le
tabou de l’« Holocauste » dicte leur conduite aux juges, mieux vaut
adopter, comme on dit, un profil bas. Un pape est investi de lourdes
responsabilités vis-à-vis de son troupeau. Il ne va pas mettre en péril
l’Eglise catholique romaine tout entière par un comportement qui, si justifié
soit-il sur le plan moral, va déclencher un séisme politico-médiatique aux
dimensions de la planète.
Mais les historiens qui prétendent défendre la
mémoire de Pie XII ne doivent pas se préoccuper de telles contingences. Ils
n’ont à se soucier que d’être exacts. P. Rassinier leur a montré la voie. Comme
lui, dans le procès en révision de Pie XII, ils devraient abandonner la défense
de connivence au profit d’une défense de rupture. Ils montreraient alors que
l’accusation portée contre le Pape ne repose sur aucun fait mais seulement sur
une imposture historique, celle du prétendu « Holocauste » des
juifs.
La tâche en elle-même est aisée, mais en
produire les résultats expose à tomber sous le couperet de lois spéciales qui,
dans trop de pays encore, et notamment en France, entravent la liberté du
chercheur.
Recommandations bibliographiques
Des études mentionnées
ci-dessus, on retiendra, en priorité, les douze volumes des Actes
et documents du Saint-Siège relatifs
à la Seconde Guerre mondiale (ADSS) (1965-1982) et le clair résumé
qu’en a publié Pierre Blet, s.j., Pie XII et la Seconde Guerre mondiale d’après les archives du Vatican
(1997). Avec Britain and the Vatican during the Second World War (1986),
Owen Chadwick a signé un ouvrage d’érudition remarquablement limpide ; la
langue en est délectable (à titre d’exemple, on ne manquera pas de goûter, aux
pages 13-14 et 310-317, le portrait du ministre britannique près le
Saint-Siège, Francis D’Arcy Godolphin Osborne qui, en 1963, deviendra duc de
Leeds).
Parmi les études
révisionnistes, il convient d’ajouter au livre de Paul Rassinier, L’Opération
“Vicaire”. Le rôle de Pie XII devant l’Histoire (1965), les pages que
l’Américain Arthur Robert Butz a consacrées au rôle du Vatican pendant la
guerre face à la question juive ; elles figurent dans un appendice de son
ouvrage The
Hoax of the Twentieth Century. The Case against the presumed Extermination of
the Jews (première édition en Angleterre, 1976 ; nombreuses
éditions suivantes aux Etats-Unis par l’Institute for Historical Review ;
édition française : La
mystification du XXe siècle, La Sfinge, Rome, 2002). A
l’époque de la rédaction de cet appendice, seuls neuf volumes des ADSS
étaient parus. Les qualités d’analyse et de synthèse d’A. R. Butz sont
remarquables et ses vues sont si pénétrantes que la publication ultérieure des
trois autres volumes des ADSS ne changera rien à la justesse
de son diagnostic. L’attention accordée au contenu des documents fait de ces
pages un morceau d’anthologie pour la critique de textes et documents
historiques. Du même auteur, on lira également, dans The Journal of Historical Review,
« Robert
Graham and Revisionism » (vol. 17, n° 2, mars-avril 1998, p. 24-25)
et, surtout, « Pope Pius XII and the Jews » (vol. 17, n° 4, juillet-août
1998, p. 20-21).
Sous le titre Une
Encyclique singulière sous le IIIe Reich (Vrij Historisch
Onderzonck, Anvers, 1999), le révisionniste belge Pierre Maximin a publié une
étude particulière de l’encyclique Mit
brennender Sorge (Avec un souci brûlant) consacrée, en 1937, par
le pape Pie XI à l’idéologie nationale-socialiste (non nommée mais désignée).
On sait qu’Eugenio Pacelli, futur Pie XII, a fortement contribué à la rédaction
du texte de cette encyclique. On peut exprimer des réserves sur l’analyse qu’en
propose P. Maximin. En revanche, le même P. Maximin a raison de reprocher au
Pape ses silences ou quasi-silences sur tant de crimes perpétrés par les
vainqueurs sur les vaincus. Le 2 juin 1945, Pie XII prononce devant le
Sacré-Collège une allocution dont P. Maximin a l’heureuse idée de produire le
texte (p. 121-123). Cette charge où Pie XII embouche la trompette de la victoire
contre un ennemi terrassé est indigne d’un grand pape. Par moments, le ton
tient plus de la philippique vengeresse que de l’adresse solennelle (litterae solemniores). On y voit, on y
entend Pie XII s’acharner sur « le spectre satanique exhibé par le
national-socialisme », sur « le persécuteur » et son
« effronterie ». Il accuse Hitler d’avoir été le seul responsable de
la guerre mondiale ! Il lui reproche ses camps de concentration (en
particulier, Dachau) et des tortures selon « les méthodes scientifiques
les plus raffinées » comme si les Alliés, de leur côté, n’avaient pas, au
même moment, leurs propres camps de concentration et leurs propres tortures. A
la fin, le Pape blâme le vaincu d’avoir grossi « les masses de la
révolution et du désordre à la solde d’une tyrannie non moins despotique que
celle qu’on a voulu abattre ». Il impute donc à Hitler le succès, en bonne
part, du communisme stalinien ! Il le fait à l’heure même où les Alliés
peuvent mesurer l’ampleur des conquêtes du bolchevisme, conquêtes qui n’ont été
rendues possibles que grâce à Roosevelt, Churchill, de Gaulle et tant d’autres
démocrates, et cela avec la bénédiction d’un pape qui, comme on l’a vu plus
haut, ayant eu à choisir entre Hitler et Staline, a choisi Staline. Au moment où
Pie XII lance cet anathème enflammé contre un mort, des millions de catholiques
européens commencent à vivre, avec l’assentiment des Alliés, des horreurs en
comparaison desquelles les épreuves subies du fait de Hitler vont leur paraître
bien légères.
Harold Tittmann III
est le fils du « chargé d’affaires » qui fut, pendant la guerre,
l’assistant de Myron Taylor, envoyé personnel de Roosevelt près le Saint-Siège.
En 2004, il a publié les mémoires de son père : Inside the Vatican of Pius XII.
The Memoir of an American Diplomat During World War II, Doubleday, New
York, xii-224 p. On se reportera en particulier au chapitre 2 pour une
explication détaillée de la machination grâce à laquelle, d’un commun accord,
Roosevelt et Pie XII ont circonvenu les catholiques américains hostiles à une
intervention dans la guerre et à Staline. Grâce à Pie XII, Roosevelt a pu, dès
le 7 novembre 1941, accorder à son ami Staline le bénéfice de la loi Prêt-Bail,
c’est-à-dire armes et argent en abondance, aux frais du contribuable américain.
Au titre des essais
apologétiques d’inspiration catholique et traditionaliste, on signalera le
livre du Belge Alexis Curvers, Pie XII, le pape outragé (première
édition par Robert Laffont, Paris, 1964 ; deuxième édition, revue et
augmentée, par Dominique Martin Morin, Bouère, 1988). Quant à Mary Ball
Martinez, journaliste américaine accréditée au Vatican de 1973 à 1988, elle a
résumé un aspect de son ouvrage The Undermining of the Catholic Church
dans un article intitulé « Pope Pius XII
During the Second World War » (The Journal of Historical Review, vol.
13, n° 5, septembre-octobre 1993, p. 26-29). La lettre, qu’elle qualifie de
poignante et que, à l’en croire, Pie XII aurait adressée à Myron Taylor paraît
apocryphe. Dans cette prétendue lettre, dont elle ne fournit ni la date, ni la
source, le Pape aurait émis le regret d’avoir, pendant la guerre, observé le
silence sur le régime communiste, et cela à la requête de Roosevelt.
Le général Jacques Le
Groignec soutient, lui, la thèse classique des défenseurs de Pie XII selon
laquelle « Personne ne savait » (titre de son article, L’Action
française, 22 mars-3 avril 2002, p. 14). Cette thèse d’après laquelle
même un Churchill ignorait ce qu’il est convenu d’appeler « le génocide
des juifs » est, comme on l’a vu, à la fois insoutenable (puisque les
hauts dirigeants alliés et le Pape ne pouvaient accorder foi à des rumeurs qui,
après demande de confirmation ou enquête, se révélaient sans fondements) et
invraisemblable (car si cette tuerie aux proportions gigantesques et au
caractère industriel avait vraiment eu lieu, le massacre de six millions de
juifs n’aurait pas plus échappé à l’attention générale que la disparition de
toute la population d’un pays comme la Suisse).
Dans Sionismo
e Fondamentalismo (Controcorrente, Naples, 2000), Curzio Nitoglia a
reproduit en italien les trois encycliques de Pie XI sur le fascisme (29 juin
1931), sur le national-socialisme (14 mars 1937) et, enfin, sur le communisme
bolchevique et athée (19 mars 1937) ; traduction française de ce dernier
consultable à http://w2.vatican.va/content/pius-xi/fr/encyclicals/documents/hf_p-xi_enc_19370319_divini-redemptoris.html.
Toujours sur Internet,
on consultera Paul Airiau, « Pie
XII, le révélateur. Réflexions autour d’une controverse », avril 2002 (https://www.revue-resurrection.org/Pie-XII-le-Revelateur-reflexions).
Il arrive qu’à trop
vouloir défendre la mémoire d’un pape outragé, on se fasse l’écho de rumeurs
sans fondements. Le journaliste Alain Barluet rapporte qu’à Yad Vashem, dans
« la vallée des Justes », un arbre a été planté par les Israéliens en
hommage de reconnaissance à Pie XII. C’est une erreur. Le même journaliste
commet une autre erreur au sujet de l’affaire dite des cinquante kilos d’or. En
septembre 1943, les Allemands, par mesure de représailles pour une bombe posée
devant une caserne, avaient exigé des juifs cinquante kilos d’or. Seuls
trente-cinq kilos avaient été collectés ; du coup, la communauté juive
s’était tournée vers Pie XII et ce dernier avait entrepris les démarches
nécessaires pour livrer les quinze kilos manquants mais, soudain, grâce à la
générosité de Romains compatissants, le complément fut vite trouvé. Le
journaliste a eu raison de rapporter cet épisode significatif, mais il a commis
une double erreur en reprenant à son compte la légende selon laquelle le Pape
remit effectivement aux juifs les quinze kilos d’or et en ajoutant qu’on avait
fait « fondre les vases sacrés des paroisses romaines » [73].
Note sur Yad Vashem et ses eunuques
Yad Vashem, institut
israélien pour le souvenir de la Shoah, a créé, en 1963, le département des
Justes. Il s’agit d’une entreprise de propagande destinée à illustrer l’idée
selon laquelle, pendant que des centaines de millions de goïm, de 1939 à 1945,
se montraient soit hostiles, soit indifférents aux juifs, une poignée de
« Justes » ont fait leur devoir.
Dès 1966, un arbre a
été planté en hommage au Père Marie-Benoît. Au 31 décembre 2000, le nombre des
Justes ayant eu droit à un arbre ou, faute d’arbres, à une inscription
s’élevait à 2020.
Le Comité français
pour Yad Vashem, qui a son siège dans la prestigieuse avenue Marceau, à Paris,
et dont les présidents d’honneur sont Samuel Pisar, Simone Veil et Elie Wiesel,
se décrit comme une « association pour la mémoire et l’enseignement de la
Shoah et pour la nomination des “Justes parmi les Nations” ». Les mots de
« Yad » et de « Shem » (ici liés par la conjonction
« Va ») sont empruntés à un fragment du prophète Isaïe :
« [Le Seigneur dit :] Et je leur donnerai dans ma maison et dans mes
murs un mémorial (Yad) et un nom (Shem) qui ne seront pas effacés » (56,
5) [74].
Le pronom « leur » désigne les eunuques qui, fidèlement, garderont
les sabbats, choisiront ce qui est agréable au Seigneur et persévéreront dans
son alliance. « Leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur
mon autel », promet le Seigneur.
Pour aller prétendre que Pie XII était « le pape
de Hitler » il faut tout ignorer de l’amitié (il n’y a pas d’autre mot)
qui l’unissait à Roosevelt et qui l’a conduit à soutenir la politique
rooseveltienne d’appui à Staline. Sur cette amitié, on lira : Wartime Correspondence between President
Roosevelt and Pope Pius XII, avec introduction et notes de Myron Taylor,
MacMillan, New York, 1947, xvi-127 p.
–––––––––––––––––––––
Notes
[1]
Voy. R. Faurisson, Ecrits révisionnistes (1974-1998), p. 1844, 1889-1892.
[2]
Eugenio Zolli, Before the Dawn: Autobiographical Reflections, Sheed and Ward,
New York, 1954 ; par ex., p. 82-83 ; cet ouvrage a été réédité, en
1997, sous le titre Why I Became a Catholic ;
en français : Avant l’aube, autobiographie (François-Xavier de Guibert,
Paris, 2001). On peut également consulter, de Judith Cabaud, Eugenio
Zolli ou Le prophète d’un monde nouveau (ibid., 2000).
[3] Consultable
à https://www.catholiceducation.org/en/controversy/common-misconceptions/a-righteous-gentile-pope-pius-xii-and-the-jews.html.
[4] Walter
Laqueur, The Terrible Secret, Weidenfeld and Nicolson, Londres, 1980, p.
83.
[5] F.
H. Hinsley, British Intelligence in the Second
World War / Its influence on Strategy and Operations, Vol. II, HMSO,
Londres, 1981, p. 673.
[6] Mark
Weber, « British Wartime Propaganda Lies », The Journal of Historical Review,
septembre-décembre 1999, p. 15. [Trad. Fr. : « Les mensonges de la
propagande de guerre britannique », Tabou, vol. 1, Editions Akribeia,
Saint-Genis-Laval, 2002, p. 94-96.]
[7] W.
Laqueur, op. cit., p. 63.
[8] Ibid., 4e de couverture où figure le fac-similé du télégramme.
[9] Ibid., p. 237.
[10] L’Eglise
et les Nazis (1930-1960), Liana
Levi, Paris, 2001, p. 172 ; titre original : The Catholic Church and the
Holocaust 1930-1960, Indiana University Press,
Bloomington-Indianapolis, 2000.
[11] Pierre Blet, s.j., Pie XII et la Seconde Guerre mondiale d’après les archives du Vatican,
Perrin, Paris, 1997, p. 188.
[12]
Nuremberg ou la Terre promise, Les Sept Couleurs, Paris, 1948, p. 156-160.
[13] Ibid., p. 158. Cet ouvrage de M. Bardèche est classé « Non
communicable » par la Bibliothèque internationale de documentation
contemporaine (BDIC) de l’Université de Nanterre.
[14] Ibid., p. 159-160.
[15] James J. Martin, The
Man Who Invented “Genocide”: The Public Career and Consequences of Raphael
Lemkin, Institute for Historical Review, Torrance (Californie),
1984, p. 39.
[16] Le très catholique François Mauriac ajoutait foi à cette craque le 4
mai 1945 et la reprenait en 1950 dans son Journal, IV, Flammarion, Paris, p.
54.
[17] Jean-Pierre Langellier, « Les “jumeaux-cobayes” d’Auschwitz
témoignent à Jérusalem », Le Monde, 10-11 février 1985, p.
4.
[18] La
Montagne, 5 février 1985, p. 8.
[19] Paul Emmanuel rendant compte de sa rencontre avec Simon Wiesenthal, le
chasseur de Nazis, Ciné-Revue (Belgique), 18 octobre 1984.
[20] Procès
des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international. Nuremberg 14 novembre 1945 – 1er
octobre 1946 (TMI), Nuremberg, vol. XVI, p. 551.
[21]
« Clio, Dialogue de l’histoire
et de l’âme païenne », juillet 1913, Charles Péguy, Gallimard, Paris,
Bibliothèque de la Pléiade, Œuvres, III, p. 1187-1188.
[22]
M. Phayer, op. cit., p. 32 ; source indiquée dans la note 27.
[23]
L’Histoire, mars 2000, p. 40.
[24]
P. Blet, op. cit., p. 162.
[25]
Ibid., p. 166.
[26]
Robert Serrou, Pie XII, le pape-roi,
Perrin, Paris, 1992, p. 53.
[27] P. Blet, op.
cit., p. 84 ; Marc-André Charguéraud, Les Papes, Hitler et la Shoah,
Labor et Fides, Genève, 2002, p. 149. Le texte de l’encyclique est consultable
en traduction officielle française à http://w2.vatican.va/content/pius-xii/fr/encyclicals/documents/hf_p-xii_enc_20101939_summi-pontificatus.html.
[28] P. Blet, op. cit., p. 43-44,
ainsi que M.-A. Charguéraud, en particulier, dans la section intitulée
« Conjuration et espionnage », p. 85-87.
[29] Dino Alfieri, Due Dittatori di fronte, Rizzoli,
Milan, 1948, p. 22.
[30] Acta Apostolicae Sedis, vol. XXIX, 1937, p. 96.
[31] P. Blet, op. cit., p.
140.
[32] Ibid., p. 138-146 ; M.-A. Charguéraud, p. 95-99, pour la section intitulée :
« La faucille, le marteau et la croix du chrétien ? ».
[33] Hansard,
Parliamentary Debates, 17
décembre 1942 : House of Commons, cols. 2982-2983, et House of Lords,
cols. 607-608.
[34] Soviet
Government Statements on Nazi Atrocities, Hutchinson & C° Publishers, Londres, New York,
etc., 1946, p. 57-58.
[35] James J. Martin, op. cit., p.
38-39.
[36] « Statement on Atrocities », The New York Times, 2
novembre 1943, p. 14.
[37] Foreign
Relations of the United States: Diplomatic
Papers, 1943, Europe, Volume II, U.S. Government Printing Office, Washington, 1964, p.
911-912.
[38] O. Chadwick, op. cit., p.
218.
[39] Ibid., p. 275.
[40]
Ibid., p. 218, références à l’appui.
[41]
Ibid., p. 1-6.
[42]
Christian Feldmann, Edith Stein, juive, athée,
moniale, Editions Saint-Augustin (Suisse), 1998, p. 138.
[43] Robert Faurisson, Ecrits révisionnistes 1974-1998, p.
1880-1888.
[44] Voy. supra.
[45]
J. Cornwell, op. cit., p. 362.
[46]
Encyclopaedia
Judaica, article
« Berlin », p. 650 ; P. Blet, op. cit., p. 176.
[47] Franklin Littell and Hubert Locke, ed., The German Church and the Holocaust, Wayne University
Press, Detroit, 1974, p. 121, d’après M.-A. Charguéraud, op. cit., p. 74.
[48] P. Blet, op. cit., p. 176.
[49]
« Une
déclaration d’historiens [contre R. Faurisson] », Le Monde, 21 février
1979, p. 23.
[50] Les
Assassins de la mémoire, La
Découverte, 1987, p. 154.
[51] Le
Système concentrationnaire
nazi (1933-1945), Presses
universitaires de France, Paris, 1968, p. 11, 424.
[52] Republiée en 1989 par le même éditeur sous le titre La Thèse de Nantes et l’Affaire
Roques.
[53]
« Lettre à Henri Amouroux » du 18 mars 2002, publiée dans le Bulletin
d’information de l’Association Vérité et Justice (Suisse), avril 2002, p. 3-4).
[54] Rééditée en 2002 par La Vieille Taupe, Paris.
[55] « Huit mensonges sur Pie XII », Valeurs actuelles, 8 mars
2002, p. 70-71.
[56] Edoardo Longo, Il coltello di Shylock, Rocca
d’Europa, Trieste, 2002.
[57] F. E. CARTUS [pseudonyme], « Vatican
II and the Jews », Commentary, janvier 1965, p.
19-29 ; la « prière » figure à la page 21.
[58] R. Faurisson, « Un
faux : “La prière de Jean XXIII pour les juifs” », Revue
d’histoire révisionniste, novembre 1990, p. 20-32.
[59] M. Phayer, op. cit., p.
211.
[60] L’Osservatore
Romano, 27 septembre 1990, p.
1.
[61] L’Osservatore
Romano, 12-13 octobre 1998, p.
6-7.
[62] H. Tincq, « Réactions mitigées en Israël et chez les juifs de
France », Le Monde, 14 mars
2000, p. 40.
[63] « De Cracovie à Jérusalem, le long parcours de Jean Paul
II », Le Monde, 18 mars 2000, p.
20.
[64] « Jean Paul II à Yad Vashem, logique d’un itinéraire », Le
Monde, 25 mars 2000, p. 19.
[65]
« La force de Jean Paul II », 28 mars 2000, p. 15.
[66] L’Express, 21 février 2002, p. 12.
[67] H. Tincq, « Le souvenir d’un enfant juif trouble la béatification
de Pie IX », Le Monde, 25 août 2000, p. 1.
[68] Laurent Morino, correspondant à Rome, « Echec de la commission
mixte sur la Shoah / Le Vatican “charge” les historiens juifs », Ouest-France,
8 août 2001, p. 2.
[69] H. Tincq, « L’échec de la commission d’historiens chargée
d’examiner le rôle de l’Eglise pendant la Shoah tourne à la polémique
judéo-catholique », Le Monde, 5 septembre 2001, p. 4.
[70] Le
Figaro, 5 mars 2002, p. 5.
[71] Emmanuel Ratier, Les Guerriers d’Israël, Facta, Paris, 1995, et Jean-Claude
Valla, Le Pacte germano-sioniste (7
août 1933), Editions de la Librairie nationale, Paris, 2001 (Les
Cahiers libres d’histoire, n° 4).
[72] En France, par exemple, plus les hauts dirigeants politiques accordent
de faveurs aux juifs, moins ils sont payés de retour. Les présidents de la
République successifs ont particulièrement choyé les juifs, mais tous, en fin
de mandat, ont été, de la part des organisations juives, l’objet des attaques
les plus viles. On a eu l’illustration de cette « loi » avec,
successivement, Charles de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing
et François Mitterrand. Tirant à son profit la conclusion de ces expériences
malheureuses pour ses prédécesseurs, Jacques Chirac a voulu conjurer le sort en
opérant d’emblée sa totale soumission : d’abord, il a fait serment
d’allégeance au B’naï B’rith ; puis, devenu président de la République, il
a, le 16 juillet 1995, sur la place des Martyrs juifs du Vélodrome d’Hiver,
déclaré la République française, elle-même, coupable de ce que le régime de
l’Etat français, sous occupation allemande, avait fait aux juifs et il s’en est
suivi une avalanche de compensations financières et autres au seul profit des
juifs ; enfin, il a personnellement condamné les « thèses
révisionnistes ». Il est allé si loin dans l’obéissance et la flagornerie
que, lors des présidentielles de 2002, le journaliste Alain Minc a pu dire
qu’il convenait de voter en faveur de J. Chirac pour le
« récompenser » (sic) de sa déclaration du Vél’ d’hiv (Le
Figaro, 2 mai 2002, p. 14). Mais tôt ou tard, les responsables des
organisations juives mordront la main qui leur a été ainsi tendue car, pour
elles, il reste perpétuellement d’un intérêt vital qu’elles puissent se
déclarer insatisfaites : l’antisémitisme est leur fonds de commerce et la
revendication, leur raison d’être.
[73] « Dans la vallée des Justes », Le Figaro, 26 février
2002, p. 12.
[74]
Traduction du Comité français pour Yad Vashem. La Bible Segond à parallèles
(1874) propose : « Je [leur] donnerai dans ma maison et dans mes
murs une place et un nom / Préférables à des fils et à des filles ; / Je
leur donnerai un nom éternel, / Qui ne périra pas ». La Traduction
œcuménique de la Bible (TOB) (8e édition, les
Editions du Cerf et Société biblique française, Paris, 1998)
donne : « A ceux-là je réserverai dans ma Maison, / dans mes
murs, une stèle porteuse du nom ; ce sera mieux que des fils et des
filles ; / j’y mettrai un nom perpétuel, / qui ne sera jamais
retranché ». André Chouraqui (L’Univers de la Bible, Lidis, Paris,
1983) en tient pour : « Je leur donne en ma maison, en mes remparts,
/ la main et le nom, mieux que des fils et des filles. / Je leur donne un nom
de pérennité qui ne sera pas tranché ». Il explique que la
« maison » désigne le sanctuaire de Jérusalem et que l’ensemble
« la main et le nom » est un hébraïsme pour « stèle
commémorative ». Sur le cas de ces eunuques, chers à l’Eternel aussi bien
dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, on consultera également le Livre
de la sagesse (3, 14) et l’Evangile
selon saint Matthieu (19,
12).