Wednesday, August 30, 2000
"Le Monde" une fois de plus en faveur de la censure
Disons-le calmement : il y a là un danger public pour l’intelligence collective. Il faut surveiller les moteurs de recherche, il faut les harceler, les tenir sous contrôle, former une chaîne humaine pour les tester sans relâche comme des machines à laver et claironner partout le résultat de ces tests. Il faut les obliger, comme les cigarettiers, à rappeler sur leurs pages de garde qu’un usage abusif peut causer des maladies graves de la mémoire. «Yahoo ! », cancer de la mémoire.
Tuesday, August 22, 2000
The “Toben Case” as seen by Voltaire
« L’affaire Toben » vue par Voltaire
Pour l’historien, le sociologue ou le juriste, le cas du révisionniste australien Fredrick Toben est des plus simples et des plus instructifs. Il est aussi, à la fois, affligeant et divertissant.
Un jour, mû par la curiosité, cet Australien d’origine allemande quitta les antipodes pour se porter en Europe afin d’y consulter un Français, auteur de la formule : « No holes, no ‘Holocaust’ ». Puis, il se rendit en Pologne, à Auschwitz, où il constata de visu qu’en l’absence effective de ces « holes » (trous, orifices) dans le toit effondré d’une prétendue chambre à gaz homicide il y avait lieu de douter que de tels abattoirs chimiques eussent jamais existé en cet endroit, véritable centre de l’ « Holocauste ». Enfin, pérégrinant en Germanie, il y fit part de ses doutes et demanda des explications, ce qui, incontinent, lui valut de se retrouver en prison.
Voltaire eût aimé cette sorte d’ «affaire Calas » (en moins tragique). Il aurait pu s’en inspirer pour écrire un conte intitulé : Le Roi nu ou l’Imposture. On se plaît à imaginer que, comme dans une pièce classique du théâtre français, le récit se fût développé en cinq temps.
En un premier temps, notre héros, qui habite l’autre hémisphère, s’entend raconter qu’un certain roi d’Europe, cher aux juifs et donc aux Allemands d’aujourd’hui, passe aux yeux de sa cour pour être revêtu d’habits extraordinaires alors qu’en réalité il serait tout simplement nu ; à prix d’or, d’ingénieux filous auraient fait semblant de lui confectionner les habits les plus rares. En un deuxième temps, notre Australien, moderne Huron, se rend donc en Europe et là, muni de quelques conseils sur la façon de mener son enquête, il veut aller y voir de près ; une fois rendu sur place, il a l’impression que ledit roi pourrait bien en effet être nu. En un troisième temps, il se met à poser la question autour de lui, allant jusqu’à souffler aux courtisans : « Votre roi ne serait-il pas nu ? » Faute de réponse satisfaisante, il s’avise, en un quatrième temps, d’aller en Germanie pour y consulter un homme de l’art ; ce dernier, allemand à coup sûr et peut-être juif, avait, par toute la terre, la réputation de si bien connaître la solution de l’énigme qu’il ne souffrait pas qu’on donnât une autre réponse que la sienne. Ce personnage, procureur à la mine tourmentée, invite le sceptique à revenir le voir le lendemain pour obtenir sa réponse. Ce que notre Australien ne manque pas de faire. Là, dans le cabinet du procureur, en présence d’un inconnu, on le prie de répéter sa question. Ce qu’il fait. Et c’est ainsi qu’en un cinquième et dernier temps, l’homme aux questions se retrouve derrière les barreaux d’une geôle allemande.
Dans la réalité de l’affaire Toben, le procureur se nommait Heiko Klein, l’inconnu était un homme de basse police et la geôle fut, pour sept mois, celle de Mannheim.
La suite aurait également inspiré Voltaire. Elle éclaire d’un jour cru le fonctionnement actuel de la justice allemande et le comportement qu’adopte toute une partie des démocraties du monde occidental dès lors que le plus sacré de leurs tabous, celui de l’ « Holocauste », leur semble en péril.
Extrait de sa prison, F. Toben, menottes aux poignets et sous bonne garde, fut conduit dans l’enceinte d’un tribunal. Mais, vu la gravité de son cas, il n’eut droit qu’à un simulacre de procès. Un avocat lui fut certes accordé mais à ce dernier les magistrats firent comprendre qu’il avait intérêt à se taire s’il ne voulait pas rejoindre son client en prison. L’avocat se tut et F. Toben fut condamné à la peine accomplie et à une forte amende, puis, le jour suivant, remis en liberté sous caution.
En Australie, les autorités se gardèrent d’intervenir en faveur de la victime. Elles ne furent pas loin d’applaudir à la décision des juges allemands et, selon toute vraisemblance, envièrent la liberté d’action de ces derniers.
Dans le reste du monde occidental, on se mit peu ou prou au diapason de l’Allemagne et de l’Australie. Les « élites » en place se turent ou approuvèrent. Personne, chez ces gens-là, ne s’avisa de crier au scandale. Nulle pétition en faveur de l’hérétique, nulle manifestation. « Amnesty International » jugea naturel et normal qu’un intellectuel, un universitaire se trouvât ainsi traité. En effet, précisément parce qu’il était un professeur, beaucoup estimaient sans doute que F. Toben aurait dû savoir qu’il est des questions qui heurtent la décence.
Déjà vingt ans auparavant
Vingt ans auparavant, j’avais personnellement vécu une expérience comparable à celle de mon collègue australien. Dans les colonnes du Monde, trente-quatre historiens français – dont certains comme Fernand Braudel jouissaient d’une renommée internationale – s’étaient fendus d’une déclaration commune pour me blâmer d’avoir posé une question que la bienséance aurait dû m’interdire de formuler.
J’avais découvert que l’existence et le fonctionnement des prétendues chambres à gaz nazies étaient radicalement impossibles pour des raisons physiques et chimiques accessibles à l’esprit d’un enfant de huit ans. A la fin des années soixante-dix, j’avais donc demandé aux accusateurs de l’Allemagne comment, pour eux, un tel meurtre de masse avait été techniquement possible. La réponse se fit attendre, puis fusa :
Il ne faut pas se demander comment, techniquement, un tel meurtre de masse a été possible. Il a été possible techniquement puisqu’il a eu lieu. Tel est le point de départ obligé de toute enquête historique sur ce sujet. Cette vérité, il nous appartenait de la rappeler simplement : il n’y a pas, il ne peut y avoir de débat sur l’existence des chambres à gaz (Le Monde, 21 février 1979).
J’eus la mauvaise grâce de penser que je venais de remporter là une victoire décisive. Mes adversaires se dérobaient. Ils se révélaient incapables de répliquer à mon argumentation sinon par une pirouette. Pour moi, le mythe des prétendues chambres à gaz nazies venait d’expirer.
Capitulation de Pressac, triomphe de Spielberg
Sur le plan scientifique, ces chambres à gaz retombaient donc au néant. La suite allait le confirmer. De 1979 à 1995, toutes les tentatives pour en démontrer l’existence allaient avorter : les Rückerl et les Langbein, les Hilberg et les Browning, les Klarsfeld et les Pressac, tous allaient essuyer les plus humiliants échecs. Ce n’est pas moi qui le dis mais l’un de leurs plus fervents apôtres, l’historien Jacques Baynac. En 1996, en deux longs articles particulièrement bien informés, ce farouche adversaire des révisionnistes traça, la mort dans l’âme, le bilan des vaines tentatives faites pour prouver l’existence des chambres à gaz nazies (Le Nouveau Quotidien [de Lausanne], 2 et 3 septembre 1996). Sa conclusion : les historiens avaient totalement échoué et, en conséquence, on s’était tourné vers les juges pour faire taire les révisionnistes. En mars 2000, Jean-Claude Pressac fera connaître en quelque sorte sa propre capitulation ; sur ce point on lira le texte d’un « Entretien avec Jean-Claude Pressac » que reproduit, dans son Histoire du négationnisme en France, Valérie Igounet, docteur en histoire et antirévisionniste convaincue (Paris, Éditions du Seuil, 2000, p. 613-652). Les deux pages finales de cet entretien sont stupéfiantes ; J.‑C. Pressac y promet les « poubelles de l’histoire » ... à l’histoire officielle des camps de concentration ! Censément daté du 15 juin 1995, l’entretien a dû être l’objet de remaniements bien postérieurs à cette date.
Mais, comme on le sait, le plan de la science et celui des grands médias diffèrent sensiblement. Sur ce dernier plan, à défaut du mythe expirant des chambres à gaz nazies, les mythes connexes du génocide et des six millions allaient, eux, bénéficier d’une tonitruante promotion. Hilberg et ses pareils ayant échoué en leur qualité d’historiens, Spielberg, cinéaste à effets spéciaux, a pris la relève et triomphe dans le péplum holocaustique. Aujourd’hui, la version casher de l’histoire de le seconde guerre mondiale a force de loi et d’usage si bien que les méchants « négationnistes » en paraissent anéantis.
Le cas particulier de F. Toben
Pourtant, ces rebelles que sont les révisionnistes restent, pour beaucoup, vivants et bien vivants, en dépit de la répression exercée par la police de la pensée et ses valets de justice ou de presse. Parmi ces révisionnistes figure F. Toben, qui n’a pas eu, à sa sortie de prison, la décence de marquer le moindre repentir ou, comme on dit aujourd’hui, la moindre repentance. Il est à craindre que, pour lui, le roi (des juifs) ne reste définitivement nu. « No holes, no ‘Holocaust’», ira-t-il répétant à tous les échos, ou bien encore par allusion aux faux habits (« clothes » en anglais) : « No clothes, no ‘Holocaust’.»
A commencer par l’indomptable Paul Rassinier, bien d’autres révisionnistes que notre Australien ont souffert ou souffrent encore mille tourments. Récemment, l’un d’eux, en Allemagne, a été acculé au suicide. Professeur à Münster, Werner Pfeifenberger s’est donné la mort le 13 mai 2000 après des années d’un épuisant combat contre ses persécuteurs. Le 25 avril 1995, Reinhold Elstner s’était immolé par le feu sur une place de Munich.
Ce qui distingue l’affaire Toben des autres affaires révisionnistes, c’est la simplicité et la rapidité de son déroulement, et donc sa force démonstrative. On dirait un abrégé, une épure. Ce n’est que l’histoire d’un homme qui, pour avoir fait une banale constatation matérielle, se retrouve en prison. A qui voulait l’entendre, il avait, en fait, tenu le discours suivant : « A Auschwitz-Birkenau, on déversait, paraît-il, jour après jour, par quatre orifices, spécialement aménagés dans un plafond de béton armé, une substance mortelle capable de tuer, à chaque fois, des milliers de personnes confinées dans une pièce située sous ce plafond. Comment une telle opération aurait-elle été possible vu que manifestement, ainsi qu’on le constate aujourd’hui, aucun de ces quatre orifices n’a jamais existé ? Certes, le plafond est maintenant en ruines mais, à la surface, on ne distingue aucun vestige de ces orifices et, si on se glisse sous les ruines, on peut voir que le plafond n’a jamais comporté ne fût-ce qu’un seul de ces orifices. Comment expliquez-vous cela ? » On ne lui avait pas répondu. Alors, il était allé trouver un homme qui, par définition, devait connaître la réponse à cette question (ainsi qu’à quelques autres questions de même calibre, matérielles et rudimentaires). Pour toute réponse, ce personnage crut nécessaire de le jeter en prison. Mais, une fois sorti de prison, que fit notre impertinent ? De plus belle, il répéta sa question, mais, cette fois, urbi et orbi.
Histoire édifiante dans sa brièveté et non dépourvue de sel.
Toben en héros “ingénu” de Voltaire
Je le répète : un Français, lecteur de Voltaire, est tenté de voir dans notre Australien une réincarnation, à sa manière, de Candide ou du Huron. Sous la plume de Voltaire, l’ingénuité, vraie ou feinte, de ces deux héros, forgés de toutes pièces, leur avait valu de vivre bien des épreuves mais elle les avait aussi aidés à surmonter l’adversité non sans nous ouvrir d’intéressantes perspectives sur les croyances et les superstitions qu’on trouve au fondement de nos sociétés et de nos institutions. L’histoire de F. Toben (d’origine allemande comme Candide) eût probablement intéressé Voltaire à un autre titre encore, celui de l’exécrable intolérance des juifs et de leurs grands prêtres (voy. Henri Labroue, Voltaire antijuif, Paris, Les Documents contemporains, 1942).
Aujourd’hui, en France, les rééditions de certaines œuvres du « patriarche de Ferney » sont expurgées par crainte de déplaire aux juifs. Nul doute que, s’il revenait sur terre, Voltaire serait, à l’instar de Toben, embastillé pour l’impertinence de ses questions. Même la Suisse où, de son vivant, il savait pouvoir trouver refuge, ne manquerait pas aujourd’hui de le jeter aux fers.
(Fin)
Deux notes en dernière page.
Note pour le lecteur étranger : Voltaire (1694–1778) a notamment écrit Candide ou l’Optimisme (conte philosophique,1759), Le Huron ou l’Ingénu (conte satirique,1767) ainsi que le Dictionnaire philosophique ou la Raison par alphabet (1764). Voltaire intervint dans une série d’affaires judiciaires, comme celle du calviniste Jean Calas, pour dénoncer ce qu’il appelait les crimes de l’intolérance ou de la superstition. Il vécut les vingt dernières années de sa vie à Ferney, près de la frontière suisse.
Note sur une fausse attribution à Voltaire : C’est par erreur qu’on attribue à Voltaire le propos suivant :« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je défendrai jusqu’à la mort votre droit de le dire. » Parfois le propos s’agrémente d’un « Monsieur l’abbé … ». En réalité, dans un livre publié à Londres en 1906, un auteur anglais écrivait au sujet de l’attitude finalement adoptée par Voltaire en cas de désaccord profond avec l’adversaire : « I disapprove of what you say but I will defend to the death your right to say it was his attitude now. » (Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je défendrai jusqu’à la mort votre droit de le dire était à présent son attitude). L’auteur s’appelait Stephen G. Tallentyre (de son vrai nom, Evelyn B. Hall) et le livre s’intitulait : The Friends of Voltaire. Source : Paul F. Boller Jr & John George, They Never Said It : A Book of Fake Quotes, Misquotes, and Misleading Attributions, NY-Oxford, O.U.P., 1989, p. 124-126. Telles sont, en tout cas, les informations que j’ai puisées dans un article de L’Intermédiaire des chercheurs et curieux (novembre 1993, col.1157) que m’avait, il y a sept ans, aimablement communiqué le révisionniste belge Pierre Moreau auquel j’avais confié que je n’avais pu trouver cette citation dans les œuvres de Voltaire.
22 août 2000
Saturday, August 5, 2000
Le Pro Flacco et la description des juifs par Cicéron
Réponse à Gilles Karmasyn, auteur de :
« Faurisson se compare au politicien pourri Lucius Flaccus » (http://www.phdn.org/negation/faurisson/flaccus.html)
Votre texte (29 juin 2000) contient nombre d’erreurs.
Laissons de côté les erreurs vénielles que vous avez commises soit dans la reproduction de mon propre texte, soit dans vos indications de références, soit dans la rédaction de votre commentaire, soit encore sur le titre exact de L. Flaccus, lequel était propréteur d’Asie mineure.
Ne prenons en considération que les erreurs de fond.
Les erreurs de fond
La plus grave a consisté à présenter de simples accusations comme des crimes ou des délits effectivement commis. D’après André Boulanger, que vous citez par ailleurs, L. Flaccus « fut certainement acquitté » (Cicéron, Discours, tome XII, Les Belles Lettres, 1966, p. 67). Or cela, vous ne le dites pas. Les accusations d’escroqueries, de détournements de fonds et d’extorsions d’argent dont vous accablez L. Flaccus sont celles que portaient contre lui ses accusateurs et, en particulier, les juifs. Vous n’aviez pas le droit d’en faire mention comme s’il s’agissait de faits avérés. Si vous n’approuviez pas la décision des juges, il vous fallait nous donner vos raisons.
En outre, vous affirmez que L. Flaccus avait « détourné à son profit le tribut payé par les Juifs de Rome et envoyé chaque année au temple de Jérusalem ». Mais, résidant en Asie mineure, L. Flaccus n’avait aucun pouvoir sur les juifs de Rome, lesquels, au demeurant, ne versaient aucun « tribut » au temple de Jérusalem. La réalité, pour autant qu’on puisse la reconstituer en la circonstance, semble avoir été la suivante : bravant une loi interdisant les exportations d’or, les juifs de Rome et du reste de l’Empire avaient pris l’habitude de transférer de l’or vers Jérusalem. L. Flaccus, pour sa part, voulut remettre en vigueur, dans sa province, la loi bafouée par ces pratiques. En l’an 62, il s’avisa de saisir l’or que les juifs de sa province voulaient envoyer à Jérusalem et, selon Cicéron, il le versa au Trésor romain. D’où la colère des juifs d’Asie mineure, de Rome et d’ailleurs qui, sans porter plainte personnellement, suscitèrent un procès contre L. Flaccus. Celui-ci se retrouva accusé de toutes sortes de malversations, en particulier au détriment des juifs dont il aurait confisqué l’or à son profit (p. 67, 120).
Vous me reprochez d’avoir passé sous silence le fait que l’accusation d’avoir volé les juifs « était justifiée ». Mais, précisément, ladite accusation n’a pas été «justifiée» par les juges et, par conséquent, je n’avais pas pour obligation de dire le contraire de la simple vérité.
Une autre erreur : sur Cicéron et les juifs
Vous vous trompez en affirmant que Cicéron n’a porté qu’une attention « marginale » aux juifs et en écrivant que, parmi les accusations qu’il a proférées, celle qui visait les juifs était «presque la plus insignifiante». Cicéron donne clairement à entendre que toute l’affaire a été machinée par les juifs, dont le nombre et le pouvoir à Rome étaient, à son jugement, si considérables. Il va jusqu’à dire avec ironie qu’il n’est pas étonnant (« nimirum ») que D. Lélius Balbus, qui menait l’accusation, ait obtenu que la cause fût plaidée dans le quartier juif et que le prétoire fût peuplé d’une tourbe juive (« illa turba quaesita est »). Il ajoute même une observation intéressante : quand ce Lélius parle, il détourne son visage de celui des juges et s’adresse directement à cette tourbe (« turbam ») (p. 120-121).
Vous avez eu raison de mentionner les réserves — toutes empreintes de sagesse classique — qu’A. Boulanger exprime sur l’honnêteté du propréteur ou sur les procédés rhétoriques de Cicéron. Mais vous auriez également dû, par souci d’impartialité et d’équilibre, rappeler comment le même A. Boulanger résume les observations de Cicéron sur le compte du porte-parole des juifs, D. Lélius Balbus. Je cite A. Boulanger :
Au dire de Cicéron, [Lélius, cherchant à réunir des charges contre Flaccus,] parcourut l’Asie [mineure] accompagné d’un cortège plus nombreux sans doute que ne le permettait la loi ; il n’épargna ni peine ni argent pour recueillir des témoignages écrits des particuliers et des cités, les provoquant au besoin par des largesses ou des menaces. Il constitua une véritable armée de témoins à charge ; il fit désigner par maintes cités des délégations qui devaient se rendre à Rome et leur assura de généreux frais de route. A Rome, pour les mieux tenir en mains, il les logea dans sa propre maison et ne cessa de leur souffler leur rôle (p. 61).
En guise de commentaire, malheureusement non accompagné d’éléments de preuves, A. Boulanger se trouve ajouter :
Les accusateurs n’avaient pas eu de peine à trouver dans l’administration de Flaccus de quoi dresser un copieux réquisitoire. Il est fort probable que le discours de Cicéron ne mentionne pas tous les griefs articulés par l’accusation et qu’Hortensius [autre avocat de Flaccus] s’était réservé la réfutation de quelques-uns entre eux.
Vous êtes obnubilé par l’argent des juifs
Bref, en plus de négligences de détail, vous ne semblez pas bien connaître le sujet dont vous traitez, vous portez des accusations non fondées, vous passez sous silence des éléments qui contredisent votre thèse et, enfin, vous formulez vos appréciations en des termes qui font douter de votre capacité de jugement. Voici un échantillon de ces termes : «politicien pourri», « manière frauduleuse », « politicien véreux », «escroqueries, dénis de justice, captation d’héritages», « détourné les fonds », « extorqué de l’argent », « détourné à son profit », « un pourri », « escroc », « voleur de Juifs », « politicien pourri qui a volé les Juifs », « politicien corrompu, escroc et spoliateur de biens juifs ».
L’argent, comme on le voit, occupe une place importante dans le flot de vos accusations, qui, je le rappelle, n’ont pas été retenues par les juges.
Encore une erreur : sur la loi Fabius-Gayssot
En ce qui me concerne personnellement, vous écrivez :
Son laïus sur le « grand rabbinat » qui aurait pris des décisions « entérinées par la République française », outre qu’il s’agit d’un mensonge au premier degré, constitue un délire paranoïaque et antisémite.
Il ne s’agit ni d’un mensonge, ni d’un délire. La loi Fabius-Gayssot, avec sa disposition antirévisionniste, a été publiée au Journal officiel de la République française (Lois et décrets) le 14 juillet 1990. Elle s’inspirait de la loi antirévisionniste de l’Etat d’Israël promulguée en 1986 et réclamée la même année, pour la France, par le Grand-Rabbin René-Samuel Sirat, entouré d’un certain nombre d’intellectuels juifs dont Pierre Vidal-Naquet et Georges Wellers. Sur ce dernier point, vous pourrez vous reporter au Bulletin quotidien de l’Agence télégraphique juive du 2 juin 1986, p. 1, 3.
Je laisse le dernier mot à Bernard Lazare
Vous terminez en mentionnant Paul Rassinier. Vous écrivez que ce dernier avait, avant moi, «utilisé le Pro Flacco de Cicéron, mais pour le falsifier et soutenir un bobard antisémite». Pour vous répondre sur ce point, j’en appellerai à Bernard Lazare qui, en 1894, écrivait au sujet de Cicéron : « Il les redouta, et, par certains passages du Pro Flacco, nous voyons qu’il osait à peine parler d’eux, tant ils étaient nombreux autour de lui et sur la place publique » (L’Antisémitisme, son histoire et ses causes, réédition La Vieille Taupe, 1982, p.27).
En conclusion, je pense que, somme toute, j’étais donc fondé à écrire les lignes dont vous me faites grief et qui se terminaient en ces termes :
La description que fait l’illustre orateur de l’influence, de la puissance et des procédés des juifs de Rome dans le prétoire [en 59 avant notre ère] me donne à penser que s’il revenait sur terre, au XXe siècle, pour y défendre un révisionniste, il n’aurait pour ainsi dire pas un mot à changer sur ce point dans sa plaidoirie du Pro Flacco.
A tort ou à raison, les juifs passent volontiers pour nourrir des haines inexpiables. Dans votre cas, je note que plus de deux mille ans ont passé depuis que L. Flaccus est mort et, pourtant, vous vous exprimez sur son compte avec la même passion vengeresse que si le « crime » que vous lui imputez -- et qu’il n’a, en fait, jamais commis,-- datait tout simplement d’hier.
Vous avancez que je suis antisémite. Puis-je vous demander si vous êtes juif ?
5 août 2000
NB : Pour la suite de cette controverse, on consultera : « Retour sur le Pro Flacco et la description des juifs par Cicéron (Réplique à Gilles Karmasyn) » (19 mars 2003).