En 1971, Robert
Laffont a publié sous la signature de Martin Gray un ouvrage intitulé Au
nom de tous les miens, « Récit recueilli par Max Gallo »
(réédition en Livre de poche, Club France Loisirs, 447 p.). A l’occasion de sa
mort, survenue le 25 avril 2016, à l’avant-veille de ses 94 ans, un hommage a
été rendu à Martin Gray, de son vrai nom Grajewski, dans Le Monde (28 avril, p. 19),
par le journaliste Philippe-Jean Catinchi qui nous décrit l’homme comme un
« inlassable passeur d’énergie et d’espérance » doté d’une
« inextinguible soif de vie et de survie qui reste exceptionnelle » (L’écrivain Martin Gray, auteur d’« Au
nom de tous les miens », est mort). Certes il faut de l’énergie à un homme de
48 ans pour survivre comme il l’a fait à la mort de son épouse et de leurs
quatre enfants dans l’incendie qui, le 3 octobre 1970, a ravagé leur propriété
du Var. Mais pourquoi le journaliste du Monde s’est-il permis de n’évoquer
qu’à demi-mots toute la partie obscure et douteuse de son héros ?
Après la
guerre, après son temps de service à la NKWD comme capitaine, Martin Gray s’était
installé à New York où il avait amassé une fortune considérable en vendant des « antiquités »
fabriquées en Allemagne ; par la suite, il avait gagné des millions en
vendant Au nom de tous les miens, un ouvrage qui, comme on va le voir,
est des plus suspects.
Marchand d’« antiquités »,
fabriquées sur commande
Martin Gray ne nous
cache guère la provenance des « antiquités »
(en italique) qui feront sa fortune. Il nous explique qu’allant voir en
Allemagne un directeur de manufacture de porcelaines, il avait fini par le
convaincre de fabriquer des « antiquités » à vendre aux
Etats-Unis comme authentiques. « J’ai négocié, payé, soudoyé » (p.
384). Soudoyer quelqu’un signifie
l’acheter. Sous la plume de Max Gallo, qui était son nègre et, par le fait, son
receleur, il nous confie que : « Les antiquités que la K.P.M. [Manufacture Royale de Porcelaine, “une
mine d’or” située en Saxe] fabriquait,
étaient authentiques ! » (Les italiques et le point d’exclamation
sont dans le texte.) Il ajoute que grâce à ce commerce, aux Etats-Unis, où il
était venu s’établir après la guerre, « les dollars s’accumulaient et
chaque millier de dollars c’était un mur de ma forteresse qui s’élevait »
(ibid.). Ailleurs, en deux autres endroits d’Allemagne, il avait convaincu deux
directeurs de manufactures de conclure le même type de marché :
« Finalement, nous avons conclu un marché. A Hof [après Moshendorf] aussi
j’ai gagné. Maintenant, je n’étais plus seulement importateur ou fabriquant de
vraies antiquités, mais aussi copiste ! » (p. 385). A New York,
« les commandes affluaient. Bientôt sont arrivées les marchandises
fabriquées à Moshendorf et à Hof. A peine débarquées, elles étaient vendues.
J’entassais les dollars, j’investissais, je plaçais […] maintenant, j’étais
riche, citoyen américain, importateur, fabricant, j’ouvrais une succursale au
Canada, une autre à La Havane. J’étais propriétaire d’immeubles, je plaçais mon
argent en bourse. J’allais de capitale en capitale, mes banlieues s’appelaient
Paris et Berlin […]. Je passais de femme en femme, de lit en lit [sans pouvoir
oublier Treblinka] ».
Pour sa part,
c’est en onze mots que Philippe-Jean Catinchi décrit Martin Gray comme un « antiquaire new-yorkais établi
qui se diversifie dans la copie d’antiques ». On a bien lu. Martin Gray
serait devenu un antiquaire « établi » et il n’aurait fait que « se diversifier
[?] dans la copie d’antiques ». Ni plus, ni moins. Passez muscade !
Même Wikipedia est plus franc qui, références à l’appui, écrit au sujet de
notre homme : « Il s’enrichit en vendant à des antiquaires américains des
porcelaines et des lustres qu’il fait fabriquer en Europe » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Gray).
Marchand d’un faux
Treblinka ?
La publicité qu’on lui fait depuis quarante-cinq ans peut donner
à croire que son livre, publié en 1971, est principalement consacré à
Treblinka, un camp dit « d’extermination » avec ses « chambres à
gaz ». En réalité, sur seize chapitres et quelques compléments, seul le
chapitre V (p. 161-195) est consacré à ce camp. Or le vide de cette trentaine
de pages est vertigineux. Le seul passage où l’on fournit au lecteur quelques
précisions matérielles sur le cœur même du crime « d’extermination des
juifs » se limite à la phrase suivante :
« Et [les Allemands] avaient inventé cette fabrique à tuer, ces chambres à
gaz, ces nouvelles chambres si bien conçues, avec leurs pommeaux [sic] de
douche par où s’échappait le gaz, ces parois carrelées de blanc, ces petites
portes d’entrée puis leur sol en pente qui descendait vers la grande porte que
nous ouvrions et contre laquelle s’étaient enchevêtrés les corps. » (p.
174). Il en résulte que, dans la
totalité d’un ouvrage réputé nous fournir la preuve de l’existence d’un crime
gigantesque perpétré par le moyen de chambres à gaz, ne se trouvent décrits
1) ni la scène de crime 2) ni le
déroulement du crime, 3) ni l’arme du crime et son fonctionnement, 4) ni – et
c’est un comble – la nature du gaz employé ! Pour ne s’en tenir qu’à ce
dernier point, s’agissait-il d’acide cyanhydrique (sous forme ou non de
Zyklon B) ? D’oxyde de carbone ? Ou, comme on l’a dit ici ou là, de gaz
d’échappement de voitures, de camions, d’un moteur de sous-marin
soviétique ? On ne sait. La fausse gare, les « chiens immenses »
(p. 164), « les hauts barbelés » ou « les miradors » (p.
167), « l’Himmelstrasse (rue du ciel) par où disparaissaient les
nôtres » (p. 168), « les portes de bois, faisant presque trois mètres
de haut » : ces pauvretés et quelques autres encore ne suffisent pas
à bâtir devant nos yeux la moindre de ces « chambres à gaz » que
notre homme aurait vu engloutir jour après jour leurs fournées d’hommes, de
femmes et d’enfants. Aucun plan du camp
de Treblinka ne nous est montré. Un seul détail, comme un leitmotiv,
parcourt tout le livre : le bruit de « l’excavatrice » grattant
le sol jaune de Treblinka pour y enfouir les cadavres. On ne sait pas combien
de temps notre héros est censé avoir passé au camp : trois semaines ?
Pour compenser ce néant ou ce vague, il nous fera une confidence, qu’il
répétera dans son livre ainsi qu’à la télévision en montrant ses mains :
« Parmi les corps chauds nous avons trouvé des enfants encore vivants.
Seulement des enfants, contre le corps de leurs mères. Et nous les avons
étranglés de nos mains, avant de les jeter dans la fosse : et nous
risquions notre vie à faire cela car nous perdions du temps » (p. 177 ;
épisode lourdement repris aux pages 186, 211, 228). Ces pages, à l’instar de
toutes les autres pages du livre, respirent le pathos, l’exagération, l’effort
lyrique. Le lecteur baigne dans l’émotion chère à Margot.
Le best-seller d’un auteur
inconnu
Le
livre a d’emblée connu le succès. Mais, deux ans plus tard, publié en
Grande-Bretagne sous le titre de For those I loved (Pour ceux que
j’aimais), l’auteur officiel du best-seller a commencé d’être soupçonné ou
franchement accusé de fraude. Le Sunday Times (25 mars 1973, p. 4-5)
lui consacrait un long article, parfaitement dévastateur, sous le titre de
« Survivors challenge Martin Gray
story of extermination camp » (Des survivants récusent l’histoire,
racontée par Martin Gray, d’un camp d’extermination). Le ton était mesuré et les
précautions oratoires ne manquaient pas mais le résultat était clair : Martin
Gray se révélait incapable de répondre aux arguments qui, un par un, tendaient
à prouver qu’il était un imposteur. Dans une véritable enquête policière à la
Scotland Yard, le journal avait expédié ses limiers « en Europe, en Israël
et en Amérique » à la recherche de survivants du camp de Treblinka et,
spécialement en Allemagne, on avait interrogé des juristes spécialisés dans la
préparation de deux importants procès (1960 et 1970) visant d’anciens
responsables allemands ou gardiens du camp. Sur des détails physiques et sur
des points fondamentaux, le livre était si contestable qu’on était allé interroger
Martin Gray dans sa propriété du Var. « Au cours d’une conversation de
trois heures la seule preuve substantielle de plus qu’il avait offerte au sujet
de sa présence à Treblinka en 1942 avait été le nom d’un survivant de ce camp,
bien connu, qui, disait-il, « se souvient très bien de moi ». – « Nous
avons parlé avec le survivant, qui vit maintenant en Suisse. Il n’avait aucun
souvenir de Gray à Treblinka. Non plus que ces survivants du camp vivant
maintenant en Israël. Non plus également que les survivants avec lesquels nous
avons pris contact à Montréal et à New York. » Ces survivants
s’empressaient d’ajouter qu’ils n’allaient pas jusqu’à prétendre que Martin
Gray n’avait pas été à Treblinka car ils ne concevaient pas qu’on pût inventer
de pareilles souffrances. Cela dit, les divergences entre la mémoire de Gray et
leur propre mémoire les rendaient perplexes (« puzzled them »).
Je
ne résume là que le tout début de l’article du Sunday Times. La suite
est de même nature. En Israël, un survivant déclare qu’il est
« impossible » que Gray ait vu à Treblinka ce qu’il prétend y avoir
vu à l’automne de 1942. Des impossibilités physiques sont énumérées par
d’autres survivants. En 1966, Jean-François Steiner, fils du sioniste révisionniste Isaac
Kadmi Cohen, avait publié son fameux Treblinka (préface de Simone de
Beauvoir, Fayard, 397 p.) ; on allait découvrir que l’ouvrage n’était
qu’un faux, écrit avec la collaboration du romancier Gilles Perrault (voyez mon
article du 30 août 1999, Le “Treblinka” de J.-F. Steiner à nouveau
dénoncé comme un faux). Le
Sunday Times évoque ce faux et note que des incidents et des
observations qu’on trouve chez Gray se trouvaient déjà chez Steiner ; plus
loin, évoquant une rencontre avec Max Gallo, le journal précise que ce dernier
reconnaît avoir lu le livre de Steiner au moment où il interrogeait Gray,
c’est-à-dire à l’époque où il « recueillait » les souvenirs de ce
dernier. Au moment où les journalistes et enquêteurs le quittent, Gray s’est
confondu en remerciements (« he
thanked us profusely ») et leur a dit : « Cette discussion m’a été
très utile. Sur Treblinka vous m’avez dit bien des choses que je ne savais pas.
Avec ce genre de renseignements et avec les souvenirs d’autres survivants je
suis maintenant sûr que mon film sera entièrement exact ».
Six
ans plus tard, en 1979, Gitta Sereny, spécialiste britannique de
« l’Holocauste », formulera contre Martin Gray et Max Gallo les
accusations les plus nettes et les plus graves dans un article intitulé « The men who whitewash Hitler »,
soit « Les hommes qui blanchissent Hitler » (New Statesman, 2 novembre
1979, vol. 98, p. 670-673). Pour elle, ces hommes sont d’abord et avant tout
les révisionnistes, dont Faurisson, mais aussi des auteurs comme Steiner et
Gray qui, par leur activité de faussaires, favorisent en fin de compte l’antisémitisme.
Gitta Sereny ira jusqu’à écrire : « Quand j’ai dit moi-même à Gray, “l’auteur”,
que manifestement il n’avait jamais été à Treblinka ni n’en avait échappé, il
m’a finalement demandé sur un ton désespéré : “Mais quelle
importance ? Ce qui seulement importe n’est-il pas que Treblinka est arrivé, qu’il fallait écrire là-dessus et montrer que des juifs avaient été
héroïques” ». A son tour, en 1983, Pierre
Vidal-Naquet poursuivra dans la même voie en publiant d’abord un article
intitulé « M. Gray, le camp de Treblinka et M. Max Gallo – Roman et
brouillard » (Le Monde, 27-28 novembre 1983, p. 9), puis, en 1984, un article
rectificatif du plus haut intérêt qu’on trouvera ci-dessous en photocopie, « Martin Gray et le camp de
Treblinka » (Le Monde, 29-30 janvier 1984, p. 11).
En 2010,
l’historien Alexandre Prstojevic n’hésitera pas à mettre sur le même plan que
« Misha Defonseca », escroc notoire de l’Holocauste, à la fois
Jean-François Steiner et Martin Gray.
En interrogeant
Wikipedia, on trouvera facilement toute référence nécessaire en ce qui concerne
Gitta Sereny, Pierre Vidal-Naquet et Alexandre Prstojevic.
Autres éléments qui
accablent Martin Gray ou Max Gallo
Parmi les
anciens déportés qui ont cru devoir dénoncer une supercherie il convient de
citer Brigitte Friang, ancienne déportée juive de Ravensbrück. S’adressant à Max
Gallo, paré du titre de « Porte-parole du président François Mitterrand »,
elle publie un article cinglant intitulé : « Parlez, monsieur le
Porte-parole » (Le Figaro, 9 novembre 1983, p. 26).
Le 11 janvier
1984, dans une lettre adressée au directeur du Monde, le révisionniste
Pierre Guillaume écrivait : « Je dispose […] de deux cassettes
d’enregistrement d’une interview de Martin Gray, réalisée devant témoins, lors
de la signature de son livre à la librairie Joseph Gibert, boulevard
Saint-Michel […] ; à une question sur la véracité de la reconstitution de
la chambre à gaz, dans le film de Robert Enrico Au nom de tous les miens,
Martin Gray s’est déclaré incapable de répondre : trop bouleversé, il
avait fermé les yeux pendant toute la scène de chambre à gaz ».
Parmi les
historiens défendant la thèse officielle de « l’extermination des
juifs », Eric Conan a parlé d’« Au nom de tous les miens de
« Martin Gray, connu de tous les historiens de cette période pour être un
texte frauduleux » (« Calvados : le révisionniste sans
masque » [Vincent Reynouard], L’Express, 27 février 1987). Parmi
les journalistes les plus conventionnels, Ariane Chemin, du Monde,
a publié le 24 janvier 2002 un article intitulé : « Max Gallo,
bateleur héroïque » où l’on peut lire : « Max adore fabriquer,
jouer, manipuler. En 1971, “Martin Gray n’a pas écrit une ligne d’Au
nom de tous les miens”, rappelle ainsi Robert Laffont, son ami et
premier éditeur. Max a la même capacité à se glisser dans le malheur d’un autre
que de prendre l’habit de Napoléon ». Depuis, l’écrivain aux quatre-vingt
livres reste “ghostwriter” [un nègre] pour quelques autres dont il tait
farouchement les noms ».
Pour ma part,
je retrouve dans mes archives personnelles deux notes relatant des
conversations que j’ai eues sur Martin Gray, à Paris, au Centre de
documentation juive contemporaine, d’une part, avec Adam Rutkowski, le 21 juin
1974, et, d’autre part, avec Georges Wellers, le 8 octobre 1975. Le premier m’a
dit de Martin Gray qu’il n’était qu’un James Bond : « Il est venu me
trouver en me montrant les photos de sa famille et en pleurant. J’ai eu pitié
de lui et je lui ai donné des documents. Mais il a écrit, avec Max Gallo qui
est un bon historien, un roman. Moi, je n’ai pas voulu démentir, même quand une
journaliste [de Der Spiegel ?] a voulu avoir un entretien parce qu’elle
trouvait qu’il y avait des choses qui n’allaient pas ». Quant à Georges
Wellers, il m’a déclaré que Martin Gray n’avait pas pu être à Treblinka car, en
1961, quand on recherchait partout des témoins [pour le procès d’Eichmann à
Jérusalem] il se serait signalé. Des appels avaient été lancés des Etats-Unis
urbi et orbi. « Il a été comme un James Bond. Son évasion sous un camion
est rocambolesque ».
Le 25 avril
1988, le malheureux Ivan Demjanjuk a été condamné à mort par un tribunal de
Jérusalem. Martin Gray avait fait partie des quatorze témoins qui avaient osé
attester de ce que Demjanjuk avait été cet Ivan le Terrible qui, arpentant le
camp du matin au soir, tuait les détenus à coups de barre de fer. Après des
années de prison où presque chaque matin Demjanjuk s’attendait à être pendu, un
miracle s’était produit : l’effondrement du régime communiste en Russie,
un régime qui avait fourni une preuve accablante mais fausse. On s’était alors
rendu compte qu’Ivan le Terrible avait été le surnom d’un certain Ivan Marchenko,
d’ailleurs mort. La justice israélienne se voyait alors contrainte de casser le
jugement de condamnation d’Ivan Demjanjuk et de remettre ce dernier en liberté.
Cependant, comme on le sait, le malheureux allait être à nouveau poursuivi mais
cette fois-ci pour avoir tué des foules de juifs à … Sobibor et non plus à
Treblinka. En 2011, il était livré par les Etats-Unis à la justice
allemande ; obligé, à la fin, de comparaître allongé sur une civière, avec
un goutte-à-goutte, il était condamné sans preuves et sans témoins. Peu de
temps après sa condamnation, il expirait enfin dans un asile de vieillards, en
Allemagne.
L’insolent privilège des
menteurs de « l’Holocauste »
Elie
Wiesel et ses pareils jouissent d’un insolent privilège. On a beau les
démasquer, ils continuent de parader. Là où d’autres escrocs, une fois
confondus, se retireraient de la vie publique, ils trouvent le moyen de jouir
d’une aura qui fait qu’on les sollicite. Ils reviennent sous le feu des
caméras. On montre à leur égard tant de sollicitude que le grand public leur
accorde autant d’attention et de crédit que s’ils étaient de « belles
consciences ». Et l’argent rentre à nouveau. On va jusqu’à invoquer leur « témoignage »
en justice. En 1980, alors que depuis beau temps on savait à quoi s’en tenir
sur le caractère pour le moins fallacieux d’Au nom de tous les miens,
la LICRA n’hésitait pas à invoquer contre moi ce témoignage de Martin Gray.
Lors du procès qui, à Paris, m’était à cette époque intenté par neuf
associations pour « dommage à autrui par falsification de
l’histoire », la SCP Lévy et Korman poussait la shutzpah jusqu’à déposer,
le 10 septembre 1980, à l’intention de mon avocat, Me Eric Delcroix,
un « Bordereau des pièces communiquées » où figuraient en bonne place
le nom de Martin Gray et le titre de son chef-d’œuvre.
En
1990, dans sa livraison du 29 novembre, La Vie, Hebdomadaire Chrétien d’Actualité,
porte en couverture une photo de notre homme et titre : « Le
Retour de Martin Gray au nom de tous les jeunes ». L’article qui lui est
consacré (p. 54-56) est dithyrambique. L’homme est décrit comme « un
émigré américain sans histoires » venu s’établir il y a vingt-cinq ans
au-dessus de la baie de Cannes. Il a été un « enfant juif de Varsovie,
rescapé du ghetto de Varsovie et du camp de la mort de Treblinka ». Sa
femme et ses quatre enfants ont péri dans l’incendie du Tanneron. « Martin
survit. Mieux, du fond de sa douleur, un livre surgit qui rayonnera de par le
monde. Au nom de tous les miens est un best-seller, des millions de
gens y puiseront comme à une source, il sera traduit en vingt-trois langues et
adapté pour le cinéma et la télévision […] aucune formule magique dans ces pages,
rien que l’accent de la vérité […]. Mystérieux pouvoir des mots vrais … ».
Quant à l’avenir et aux projets pharaoniques de Martin qui nécessiteront des flots
d’argent, l’auteure de l’article, transie d’admiration, en perd son souffle.
En 1993, l’UEJF
(Union des étudiants juifs de France) organise « Le tour de France de la
mémoire » (du dimanche 21 au dimanche 28 février) où sont invités
vingt-huit « historiens » et « universitaires » ;
parmi eux figure Martin Gray. Pour la circonstance, notre homme se voit donc
gratifié d’une flatteuse promotion : il est devenu un historien ou un
universitaire. En 2014, Le Figaro du 9 juin consacre une
page entière (p. 14) à Martin Gray et à Boris Cyrulnik qui, jeune juif de
Bordeaux, en 1944 « a échappé à la déportation et accompli son rêve de
devenir psychiatre ». Il faut voir et entendre comme les deux hommes
s’entendent à évoquer leur souffrance, leur « résilience » ou
capacité de rebondir, leur courage exceptionnel et, il faut le dire, leur
supériorité sur le commun des mortels. Martin Gray se plaint amèrement d’avoir
rencontré beaucoup de scepticisme : « On me prenait pour un
mythomane ». Boris Cyrulnik dénonce le « négationnisme » et le
« déni ». Martin s’admire grandement et Boris ne s’épate pas moins.
Le journaliste leur dit : « Les survivants de la Shoah ont une
espérance de vie supérieure plus longue que la moyenne. Ils ont une réussite
intellectuelle et professionnelle supérieure. Pourquoi ? ». Savourons
la réponse de Boris : « Les survivants des génocides ont reçu une
dose de stress supérieure à la moyenne, et cela a “surstimulé” leur organisme.
La réussite socio-professionnelle de ceux qui ont survécu aux génocides est
aussi un sujet d’étude, car elle est très au-dessus de la moyenne. Ils sont
contraints à l’intensité émotionnelle et ont un courage presque pathologique.
Moi, par exemple, j’avais un courage morbide ». Et Martin, à son tour,
donnera un exemple de ses prouesses. Sur quoi Boris conclura :
« C’est une belle image de la résilience ». Comprenons que les deux
compères juifs appartiennent tous deux à une espèce humaine exceptionnelle !
Patatras ! A Treblinka
il n’y avait pas de chambres à gaz mais des chambres à vapeur !
Au grand procès de Nuremberg a été produit le document
PS-3311 qui établit formellement que, selon les sources de la Résistance
polonaise, à Treblinka, les Allemands exterminaient leurs victimes dans des
chambres à vapeur (steam chambers).
Il y avait un puits (well), une
chaudière (boiler), des conduits (pipes) et de la vapeur d’eau (steam). Le sol était de terre cuite (terracotta) et très glissant (very slippery). En 1945-1946, ce
document allait prendre valeur de « preuve authentique » en vertu de
l’article 21 du Statut du TMI (Tribunal militaire international). A son tour, la
loi Gayssot du 13 juillet 1990 allait déclarer incontestable ce type de vérité
établie par les Commissions des vainqueurs, se présentant comme « Commissions
des Nations unies », chargées des enquêtes sur les crimes du vaincu. Lors
des débats, le 27 février 1946, le témoin Samuel Rajzmann s’avisera de parler
de « chambres à gaz » à Treblinka mais très vite on lui enlèvera
toute envie de développer.
On
se trouve là devant une constatation que tout historien devrait honnêtement faire
mais que la terreur ambiante l’oblige trop souvent à taire : vers la fin
de la guerre, les futurs vainqueurs étaient bien d’accord pour charger le futur
vaincu de tous les crimes possibles et imaginables mais, impatients de se
venger, ils allaient manquer de temps pour accorder leurs violons. D’où une
remarquable cacophonie dans les accusations dont le vaincu allait se
trouver accablé. Prenant modèle sur les mensonges forgés pendant la Première
Guerre mondiale sur le compte des Teutons ou des Huns, les
vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale allaient reprendre les pires calomnies
et les recycler tout en les modernisant. Longtemps Buchenwald (ou parfois
Dachau) allait passer pour le pire des camps avant de laisser la place à
Auschwitz. Un nombre considérable de camps étaient supposés avoir possédé une ou
plusieurs chambres à gaz qu’à partir de 1960 il leur a fallu abandonner. Le
savon juif a été rangé au rayon des mythes tout comme les abat-jour en peaux
humaines tatouées. Les Soviétiques n’ont pas insisté pour maintenir le mensonge
lancé par la Pravda du 2 février 1945 selon lequel les Allemands, à
Auschwitz, tuaient leurs victimes non pas au gaz mais à l’électricité :
ces victimes électrocutées tombaient sur un tapis roulant qui les déversait dans
un haut-fourneau. L’histoire des juifs tués dans des wagons enduits de chaux
vive ou d’une autre substance mortelle a fait long feu. N’a pas rencontré
trop grand succès non plus la version d’Elie Wiesel selon laquelle, à
Auschwitz, les Allemands utilisaient non des chambres à gaz mais des fournaises
en plein air. A partir de la fin des années 1970 il a fallu, sur le plan
historique et scientifique, multiplier les concessions aux révisionnistes à telle
enseigne que le plus prestigieux des historiens de
l’« Holocauste », Raul Hilberg, a piteusement rendu les
armes : il a dû concéder qu’il n’existait aucun des prétendus documents
qui auraient prouvé que le IIIe Reich avait conçu, ordonné, organisé
une politique d’extermination physique des juifs d’Europe. Selon sa nouvelle
thèse des années 1983 à 1985, le gigantesque crime avait été perpétré secrètement par la vaste bureaucratie
allemande sans laisser la moindre trace
écrite ; tous ces bureaucrates
avaient décidé de renoncer à l’écrit pour l’oral et d’agir « par une
incroyable rencontre des esprits, une transmission de pensée consensuelle »
(an
incredible meeting of minds, a consensus-mind reading).
Normalement
une telle capitulation, suivie d’autres capitulations comme celles d’un
Jean-Claude Pressac ou d’un Robert-Jan van Pelt, aurait dû susciter de vifs
débats publics qui aurait peut-être fini par entamer la croyance générale en
l’existence de l’« Holocauste ». Les lois bâillons aidant, c’est le
contraire qui s’est produit. Année après année on a vu se constituer un
commerce, une industrie et même une religion de l’« Holocauste » qui,
à force de battage publicitaire et médiatique, a réussi à imposer au grand
public l’idée qu’il avait bel et bien existé 1) une politique d’extermination
physique des juifs, que n’atteste pourtant aucun
document, 2) une arme spécifique : la magique chambre à gaz, que pourtant personne n’a vue, 3) des victimes au nombre de cinq à
six millions, chiffres dont il a été établi qu’ils étaient régulièrement invoqués
déjà bien avant l’an 1900 dans des articles et des encarts publicitaires de la
presse américaine pour évoquer de prétendues pertes juives dues à de prétendus
ou réels massacres en Europe orientale ou en Russie ; cette presse en
appelait à la générosité des lecteurs pour venir en aide aux organisations
juives. Depuis 1945, de gigantesques opérations
financières (réparations, indemnisations, chantages) ont contribué au
renforcement de toutes sortes de mesures permettant d’inculquer, notamment aux
jeunes générations, une Croyance qui, en France et en bien d’autres pays, allait
être renforcée par une répression judiciaire implacable contre le
« négationnisme ».
C’est
en ce sens que, pour utiliser un adjectif à la mode, le cas de Martin Gray est
devenu « emblématique ». Quand, en un premier temps, Au
nom de tous les miens s’est révélé être un livre hautement suspect,
Martin Gray aurait dû se faire discret. Rien de tel n’est advenu. En un second
temps, il s’est contenté de revêtir d’autres habits et de lancer d’autres
entreprises aux accents philanthropiques. A la fin de son existence, il est
réapparu, comme on le voit, au côté de Boris Cyrulnik, « revêtu »
sinon « de lin blanc », du moins « de probité candide ». A
sa mort, la presse a rendu hommage à « un grand monsieur » (La
Montagne, 26 avril 2016, p. 40, sous le titre de « Mémoire tragique
du XXe siècle ») et à un « inlassable passeur d’énergie et
d’espérance » (Le Monde, loc. cit.).
En 2016,
« l’Holocauste » ne repose plus que sur des « témoignages »
Sur
le plan historique et scientifique il ne reste plus rien de
« l’Holocauste », c’est-à-dire qu’indépendamment des réelles
souffrances des juifs d’Europe durant la Seconde Guerre mondiale, il ne reste plus
rien de la thèse selon laquelle il aurait existé 1) une politique
d’extermination physique des juifs, 2) des chambres à gaz homicides pour mener
à bien cette politique, 3) cinq à six millions de victimes. Il ne reste à vrai
dire que des « témoignages » ou des « aveux ». Des
« aveux » sont bien trop fragiles quand ils sont obtenus de vaincus
qui sont totalement à la merci de leurs vainqueurs. Quant aux témoignages,
celui de Martin Gray, qui a pourtant connu un extraordinaire succès mondial,
nous offre l’exemple même du témoignage dont la fragilité est telle qu’on ne
peut que le récuser. Ce qu’on peut dire de son témoignage s’applique à tous les autres témoignages.
Aucun ne nous apporte la preuve que les Allemands auraient usé de la moindre
chambre à gaz homicide. Ajoutons qu’à propos d’un seul et même camp il peut
régner, sur le moyen d’y tuer les juifs en masse, une étonnante cacophonie. On
l’a vu pour Treblinka mais prenons le cas d’Auschwitz. Selon Elie Wiesel, l’arme
de destruction massive des victimes consistait en des brasiers de plein air. Selon la Pravda du 2 février 1945,
cette arme était l’électricité.
Selon la voix finalement dominante, cette arme était le gaz. Mais selon Simone Jacob, future Simone Veil, et selon sa
mère et ses sœurs avec qui elle était internée à Birkenau, à proximité d’un
crématoire censé être doté d’une chambre à gaz, on pouvait ne rien voir ni ne rien soupçonner d’un formidable crime
quotidien (voyez mon article du 20 mars 2015, Simone Jacob, future Simone Veil, sa
mère et sa sœur Milou ont vécu plusieurs mois à Auschwitz-Birkenau à “quelques
dizaines de mètres” de ce qui aurait été une usine d’extermination des juifs).
Eau ? Electricité ? Gaz ? Ou Rien ? Que sommes-nous censés admettre et
croire ? Pour répondre à ces questions, il aurait fallu pouvoir disposer
des conclusions d’une enquête médico-légale. Or, les magistrats se sont
soigneusement abstenus de procéder à une telle enquête, pourtant élémentaire et
obligatoire dans tout cas d’homicide. En fin de compte, on ne voit vraiment
plus sur quoi un honnête homme peut se fonder pour continuer, de nos jours,
plus de soixante-dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, à porter
contre l’Allemagne l’accusation d’avoir perpétré l’un des crimes les plus
atroces qu’on puisse IMAGINER.