En 2012, l’universitaire Valérie
Igounet, dite « Zigounette », publiait sur ma personne un ouvrage
passablement malhonnête : Robert Faurisson : portrait d’un
négationniste. Aussi Paul-Eric Blanrue décidait-il de lui river son
clou. Allait-t-il, pour autant, se lancer dans une analyse critique de l’ouvrage
tout entier ?
Non ! Il y avait trop à dire.
C’est alors que lui venait l’idée de ne
titiller Zigounette que sur un seul point de son ouvrage, mais un point essentiel
: le portrait que, par petites touches, elle y dessinait de Jean-Claude
Pressac. Ce pharmacien de banlieue, nazi de carton-pâte (on admire la force
parce qu’on est faible) et peureux en diable, avait d’abord brièvement tenté de
s’engager dans la voie du révisionnisme historique aux côtés de Pierre
Guillaume et de Faurisson. Il avait vite fait de comprendre que l’aventure
était ingrate et surtout périlleuse. Il était alors allé proposer ses services
au couple Klarsfeld ! Bien joué ! Une véritable « assurance-nougat »
(Céline) ! D’un coup, d’un seul, notre potard découvrait l’argent et la gloire.
Jusqu’au jour où, soudain, il était rattrapé au tournant. En 1995, lors d’un
procès à la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris, sous
les questions préparées par Faurisson et posées par Me Eric
Delcroix, il s’effondrait en plein prétoire, les larmes lui venant aux yeux (« Procès Faurisson : Compte rendu de
l’audience du 9 mai 1995 – Trois mois de prison pour le professeur Faurisson –
les embarras du témoin Pressac », 14 mai 1995). Rentré chez lui et encore sous le coup de l’humiliation, il
rédigeait un long texte qui se terminait sur une amère constatation : pour
l’essentiel, la version obligée de l’histoire des camps de concentration est
décidément « pourrie » et elle est vouée « aux poubelles de l’histoire ».
En 2000, à la toute fin de son Histoire du négationnisme en France,
Zigounette décidait de reproduire ce texte, qui était tenu caché depuis cinq
ans. Trois ans plus tard, Pressac mourait. Un impressionnant silence
accueillait son décès. Ni les Klarsfeld ni aucun des thuriféraires qui avaient
autrefois salué en notre homme le génie qui avait, paraît-il, sauvé les
magiques chambres à gaz et ainsi terrassé le révisionnisme, ne trouvaient alors
un mot pour signaler la disparition de leur idole.
En juin 2015, P.-E. Blanrue vient de
publier à nouveau son analyse de 2012. Il le fait au « Clan des
Vénitiens » (blanrue.blogspot.fr) et nous l’annonce
en ces termes :
Son texte est reproduit ci-après.
Pages 29-30 : "À
la fin des années quatre-vingt-dix, Jean-Claude Pressac est considéré comme un des spécialistes
d'une 'histoire technique' du génocide des Juifs. Il participe à
des colloques scientifiques portant sur l'histoire de l'extermination des
Juifs. Il collabore à des revues historiques de grande qualité."
Page 259 : "À la
fin des années cinquante, Jean-Claude Pressac montre 'un très grand
intérêt pour la langue allemande et pour tout ce qui touche de près au nazisme
et aux camps de la mort.' Le jeune homme, âgé de seize ans, lit des
romans très orientés. Il est le seul, parmi ses camarades, à avoir cette attirance pour l'Allemagne
nazie et l'armée allemande."
Page 262 : "(...)
en seconde année de pharmacie (...), son 'glissement vers l'extrême
droite' s'opère à ce moment. Jean-Claude Pressac collectionne alors les
casques de la Seconde Guerre mondiale, les insignes nazis et tout ce qui se
rapporte à l'univers du Troisième Reich."
Page 263 : "[Pressac] se reconnaît, un bref moment, dans le groupuscule d'extrême droite de
Pierre Sidos, l'Œuvre française, qui diffuse Six millions de morts
le sont-ils réellement ? (...) Jean-Claude Pressac reste quelques mois
à Ordre
nouveau (...) Ensuite, il intègre le Front national (...)."
Page 265 : "Fin
octobre 1979 (...), il se rend au musée d'Auschwitz et travaille directement
avec le conservateur des archives du musée d'Auschwitz, Tadeusz Iwasko ; une
rencontre capitale pour le pharmacien. À ce moment, Jean-Claude Pressac doute
de l'existence même des crématoires."
Page
269 : "Pour les négationnistes, le ralliement de Jean-Claude Pressac est
ressenti comme une "bénédiction", "en dépit des bizarreries du
personnage". "Dès ces premières
rencontres, Jean-Claude Pressac prévient Faurisson et Pierre Guillaume : jamais
il ne prendra une position susceptible de lui valoir un quelconque ennui."
Page 279 :
"Parallèlement, Jean-Claude Pressac poursuit ses propres recherches sur
les crématoires et trouve de plus en plus de 'traces criminelles'.
Les relations avec le professeur deviennent complexes et pesantes."
Page
281 : "Jean-Claude Pressac téléphone à Pierre Vidal-Naquet et lui propose
ses quarante pages, son 'second mémoire' sur Auschwitz. L'historien
le lit et l'accepte. (...) Pierre Vidal-Naquet demande à Jean-Claude Pressac de
préparer une intervention pour un colloque – imminent – sur l'Allemagne nazie
et le génocide juif. Il doit se tenir à la Sorbonne, quelques jours plus tard.
(...) Jean-Claude Pressac a hésité jusqu'au
dernier moment, à évoquer la 'qualité' et 'l'honnêteté' des
travaux de Robert Faurisson comme le lui
avait expressément demandé Pierre Guillaume. Jean-Claude Pressac ne l'a pas fait au moins pour une raison. Il savait que
sa carrière d'historien, à peine commencée, serait compromise à jamais. Il
choisit de faire profil bas."
Page 284 :
"Jean-Claude Pressac se montre 'tout aussi réservé que R.F. sur
certains récits' mais ne les 'rejette pas comme lui et les accepte
comme ayant valeur
de symboles'."
Page 285 : "Son
passé (à Pressac) révèle un lourd héritage antisémite. Le paradoxe est là :
suite
à sa rupture avec Faurisson, Jean-Claude Pressac gagne ses galons d'historien. Les motivations qui
le poussent à entamer cette nouvelle carrière restent ambiguës." (...)
Page 286 : "(Pour
Anne Freyer-Mauthner), directrice éditoriale pour la littérature étrangère aux
Éditions du Seuil, le chercheur désirait 'marquer l'histoire'. L'historien
Robert Van Pelt parle de véritable musée de guerre au second étage de sa
pharmacie et considère Jean-Claude Pressac comme un 'fervent admirateur
des SS', un homme 'tyrannique', un 'antisémite
viscéral', adepte du mythe de la conspiration juive mondiale. (...) Son ami Jacques
Zylbermine se souvient de cette 'grande bibliothèque au-dessus de sa
pharmacie'. Y étaient entreposées des objets SS. Tout un ensemble de
choses relevant de la mythologie nazie : le buste d'Hitler et la
tête d'Hitler." (?)
Page 291 : "Les
écrits de Jean-Claude Pressac, malgré les ambiguïtés de l'auteur, doivent être
considérées comme
une réponse au négationnisme."
Page 327 : "Les
dernières lignes d'une note de plusieurs pages, intitulée 'Les crématoires
d'Auschwitz' et datée d'octobre 1994, montrent un discours à maturation.
La conclusion de l'histoire technique d'Auschwitz selon Jean-Claude Pressac,
est celle-ci : '(...) Sur les 750 000 Juifs déportés au camp, 550
000 déclarés inadaptés, furent gazés (...)'."
Page 329-330 :
"Jean-Claude Pressac se trouve dans une situation équivoque : il travaille
pour la recherche scientifique française et, parallèlement, évolue de nouveau vers le
négationnisme. (...) Il écrit dans des revues et ouvrages scientifiques et, en
parallèle, sous pseudonyme, signe des
papiers l'engageant,
de nouveau, vers le négationnisme. (...) Jean-Claude Pressac décède
brutalement le 23 juillet 2003. (....) Peu de temps avant son décès, (...) il
avait fait passer (à Pierre Guillaume) une étude qu'il avait rédigée sur le
massacre d'Oradour-sur-Glane, qu'il jugeait 'explosive'. 'Vous
en faites ce que vous voulez, Guillaume, mais quand je serai mort, Guillaume,
pas avant.' Monique Pressac confirme le caractère peu
conformiste de cette histoire d'Oradour-sur-Glane."
(mis en rouge et
souligné par Le Clan des Vénitiens)
BILAN SUR JEAN-CLAUDE
PRESSAC,
L'HOMME QUI DEVAIT EXTERMINER FAURISSON
L'HOMME QUI DEVAIT EXTERMINER FAURISSON
Bien que non diplômé
d'histoire, Jean-Claude Pressac passa longtemps pour l'historien qui avait
rivé son clou au professeur Faurisson. Pour la jouer fine, il affirmait à qui
voulait l'entendre qu'il en avait été le proche collaborateur. Le détail était
inexact ; ce petit mensonge eut pour conséquence de lui permettre d'acquérir
une légitimité dans le camp des ennemis du professeur, qui ne perdaient pas de
vue l'effet médiatique possible à retirer de l'exploitation d'un
"ex", rallié à leur cause, langue pendante, avide d'une success
story. C'est le genre de lapin qu'on aime sortir du chapeau ; le public en
redemande.
Pharmacien de son
état, Pressac fut révisionniste amateur. Pendant son temps libre, comme
d'autres assemblent des maquettes de Junkers Ju 87 ou font de la
randonnée dans le GR20, lui partait chercher de la documentation au musée
d'Auschwitz, lieu sacré où Faurisson était grillé depuis longtemps. Pressac
désirait se rendre utile et avait l'ambition d'écrire un roman sur la Seconde
Guerre mondiale, lyrique à ses yeux. Ce qui le caractérisait c'était sa
fascination sans borne, son attrait passionnel pour le Troisième Reich, dont il
collectionnait les reliques avec la dévotion d'une Mamma napolitaine
pour le sang de saint Janvier. C'était le temps où certains se damnaient pour
une dague SS authentique. Ce n'est pas diffamer Pressac que de dire qu'il était
hitlérien de cœur, farouche antisémite, avec un carafon prédisposé aux théories
complotistes. Ses opinions baroques n'eurent pas l'air de gêner ses nouveaux
amis, d'habitude vigilants, puisqu'ils l'embauchèrent aussi sec sans lui
demander de camoufler le buste d'Adolf qui trônait à son domicile sous un
portrait de Golda Meir. Quand on peut tout se permettre, on se le permet.
Désireux de marquer
l'histoire comme un grand homme qu'il n'était pas puisque affligé d'une
couardise qu'il avait peine à cacher, il prit soin, toute sa carrière
durant, de ne pas ternir sa réputation en faisant des remarques
intempestives sur des témoignages douteux des survivants ou en prenant des
initiatives à la façon de Germar Rudolf qui auraient pu déplaire à ses
richissimes mécènes, lesquels l'eussent renvoyé aussitôt, avec pertes et
fracas, rejoindre le décor saumâtre de sa pharmacie de banlieue où il se
morfondait en attendant le prochain arrivage de disques des chansons de la
Wehrmacht qu'il écoutait dans une pièce insonorisée à cet effet.
Après sa rupture
brutale avec Faurisson, qu'il considérait pourtant comme honnête
homme à l'heure même où il était embauché par Pierre Vidal-Naquet pour
mettre le professeur au tapis lors d'un colloque en Sorbonne, il a frayé avec
des historiens juifs mondialement célèbres, a écrit des livres et participé à
des réunions académiques sur le génocide juif, se forgeant la petite célébrité
universitaire dont il avait toujours rêvé, en prétendant avoir relevé des "indices" ou découvert des "traces" (et non des preuves) du
gazage des juifs par les nazis. Il était l'homme inespéré, le Messie que
Serge et Beate Klarsfeld n'osaient plus attendre.
Peu parmi ses
relations de l'époque surent qu'en réalité, le Sauveur était tourmenté et
demeurait toujours en contact étroit avec le révisionniste Pierre Guillaume,
fondateur de la Vieille Taupe, organe majeur de contestation de l'orthodoxie
shoatique. Mais après tout, qu'importe, Pressac "faisait le job",
comme on dit, et c'était bien l'essentiel.
À la veille de sa
mort, chose qui ne saurait surprendre quand on connaît la nature humaine,
Pressac fit un retour discret vers ses premières amours révisionnistes, usant à
ce titre de divers pseudonymes prudents qui ne pouvaient attenter à sa
réputation ni à celle de sa famille. Mais c'était trop tard, il avait joué la
partition qu'on attendait de lui. Elle avait comme un air d'Hatikvah :
Tant qu’au fond du
cœur l’âme juive vibre, et dirigé vers les confins de l'Orient
un œil sur Sion observe...
un œil sur Sion observe...
On ne sut jamais
vraiment s'il avait bluffé toute sa vie comme un joueur de
poker ; s'il avait parfois joué double jeu (un coup révisionniste, un coup
exterminationniste, je t'embrouille) ; s'il avait un jour été convaincu
lui-même par ses propres théories ; ou encore s'il n'avait été qu'un
petit notable d'extrême droite en quête de respectabilité sociale mais désirant
faire un coup.
Il reste certain qu'il
avait un compte personnel à régler avec Faurisson, les deux hommes n'ayant
jamais réussi à s'apprivoiser. L'intransigeant Faurisson, qui sait être féroce,
lui reprochait de n'avoir pas le caractère pour oser conclure avec franchise et
logique un raisonnement élémentaire. On sait, car Pressac l'a déclaré, que le
courage n'était point chez lui vertu cardinale. Faut-il en dire plus ? Je ne
m'en mêlerai pas, je n'étais pas là pour témoigner.
On retiendra des
travaux de Pressac qu'il a considérablement abaissé le nombre de juifs
morts à Auschwitz avec l'aval des historiens officiels qui l'ont produit,
choyé, entouré et édité au CNRS. La prouesse n'est pas mince. Mais sa révision sur
ce point qui n'est pas de détail n'a guère franchi la porte des écoles ni des
universités, où son nom reste inconnu. On peut attendre longtemps, à la
Sorbonne, l'amphithéâtre Pressac.
Plus personne ne parle
de Pressac aujourd'hui, à part Valérie Igounet (même le quotidien Le
Monde n'a pas annoncé sa mort) ; chacun aura désormais sa petite idée
sur la cause de ce silence gêné.
Le pire n'est-il pas,
comme l'écrit Valérie Igounet page 291 de son dernier livre, que "les
écrits de Jean-Claude Pressac, malgré les ambiguïtés de l'auteur, doivent être
considérés comme une réponse au négationnisme", la seule alternative à
celle-ci étant la censure de la loi Gayssot , avec la prison ferme qui
l'accompagne ? Méditez sur ce point, belles âmes, car il en va de votre liberté
de pensée, c'est-à-dire de votre Paradis !
Je terminerai par la question qui tue : pourquoi Igounet ne cite-t-elle pas dans son dernier livre sur Faurisson les propos de Jean-Claude Pressac qu'elle retranscrivait dans son Histoire du négationnisme en France (Seuil, 2000) ? Pressac y affirmait que le "dossier du système concentrationnaire", tel que nous le connaissons aujourd’hui, est "pourri". Il ajoutait que "la forme actuelle, pourtant triomphante, de la présentation de l'univers des camps est condamnée". Et il concluait enfin que la majeure partie de cette histoire est promise aux "POUBELLES DE L’HISTOIRE" !
Je terminerai par la question qui tue : pourquoi Igounet ne cite-t-elle pas dans son dernier livre sur Faurisson les propos de Jean-Claude Pressac qu'elle retranscrivait dans son Histoire du négationnisme en France (Seuil, 2000) ? Pressac y affirmait que le "dossier du système concentrationnaire", tel que nous le connaissons aujourd’hui, est "pourri". Il ajoutait que "la forme actuelle, pourtant triomphante, de la présentation de l'univers des camps est condamnée". Et il concluait enfin que la majeure partie de cette histoire est promise aux "POUBELLES DE L’HISTOIRE" !
Une réponse à cette
interrogation, Mme Igounet ?
Paul-Éric Blanrue (texte de 2012 repris en
2015)