Dieudonné
vient enfin de remporter une victoire amplement méritée. Quant à notre Premier
ministre, Manuel Valls, il aura, en ce 6 février 2015, connu l’humiliation de
sa vie. Notre bon socialiste en est, pour le moment, rose de confusion et ne
pipe mot de sa mésaventure. Il est vrai qu’il lui reste l’éternité pour se
refaire. Car il est « éternel ». Du moins s’en est-il vanté le 17
juin 2011 sur Radio Judaica lorsqu’il a lancé : « Par ma femme, je
suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël ». C’est
en ces termes qu’un républicain (sic) attaché aux valeurs laïques (sic) s’est
proclamé éternel et a protesté de son attachement à une entité politique de
nature confessionnelle.
Vers
le 10 janvier 2015, tirant le bilan de l’année 2014 tout au long de laquelle il
avait sans répit combattu Dieudonné, Manuel Valls avait osé dire : « Il y a un an, face à Dieudonné, je me
suis senti un peu seul ».
En réalité, il avait eu tout un monde à ses côtés. Le président de la
République l’avait personnellement soutenu avec ses ministres à commencer par
ceux de la Justice (Dame Taubira), de l’Intérieur (Bernard Cazeneuve) et de
l’Education (Dame Vallaud-Belkacem). Le Parlement lui avait apporté son soutien.
S’étaient joints à l’hallali qu’il avait sonné contre Dieudonné tous les médias
vivant aux dépens du contribuable ainsi que le ban et l’arrière-ban de l’Etablissement.
En tête et menant la curée, les plus puissantes ligues de vertu à commencer par
le CRIF et la LICRA se signalaient par leur fièvre de châtier notre génie
comique au nom même, bien entendu, de la liberté d’expression. Les grandes
« démocraties » du monde occidental y allaient, elles aussi, de leur
condamnation du pelé, du galeux, du nègre marron Dieudonné M’bala M’bala.
Dans
la matinée du 6 février 2015, en ce soixante-dixième anniversaire de
l’assassinat judiciaire de Robert Brasillach, nous pouvions craindre d’assister,
avec l’élimination de Dieudonné par le Conseil d’Etat, à l’une de ces « exécutions »
dont nos justiciers ont la nostalgie depuis les belles heures de l’Epuration. Accablé
de plus de quatre-vingts procédures, notre plus grand auteur et acteur comique
de France allait vraisemblablement échouer dans son ultime tentative auprès des
juges pour obtenir le droit d’exercer sa vocation et d’assurer son gagne-pain.
Son métier est l’un des plus difficiles qui soient au monde : faire rire
et, circonstance aggravante, le faire aux dépens des puissants de ce monde.
Titre de son spectacle : La Bête
immonde. Cette bête parfaitement immonde n’était autre que lui-même. Sans
nulle vanité. Il l’avait annoncé urbi et orbi et sur tous les tons.
Coulibaly,
ce « nègre » qui, à ce moment-là, défrayait la chronique par ses
crimes, c’était un peu lui. Aussi Dieudonné avait-il dit : « Je me sens Coulibaly » et non
pas : « Je suis Coulibaly ». Il s’était senti pourchassé comme une « bête immonde », à deux
doigts de connaître un sort fatal. Et puis, pour commencer, il s’était aussi
« senti »
« Charlie » : comme les auteurs assassinés de Charlie-Hebdo ;
à l’instar de ses confrères en rire et en satire, il entrevoyait la fin possible
de sa carrière avec toutes les conséquences imaginables pour sa femme et ses
enfants. A-t-il alors songé à Molière ? Sous les coups que lui portait la
Cabale, l’auteur de Tartuffe ou L’imposteur avait un cœur, un cœur souffrant. Par
moments, il lui arrivait de penser : « Comment puis-je inspirer tant
de haine ? Comment mes ennemis, si riches et si influents, peuvent-ils
pousser la méchanceté et l’hypocrisie à ce degré ? Dans un combat si
inégal, quelles chances me reste-t-il de l’emporter ? Ne vais-je pas à ma
perte ? »
La
veille du 6 février, le maire socialiste de Cournon, un certain Bernard Pasciuto,
avait annoncé sa décision d’interdire le
spectacle que Dieudonné s’apprêtait à donner au Zénith local. Commençait alors
une course contre la montre. Selon un article du journal La Montagne signé de
Stéphane Barnoin (6 février 2015), « l’arrêté municipal d’interdiction
visait trois passages du spectacle, décrits comme “antisémites” et “portant
atteinte à la personne humaine” ». L’avocate de la commune de Cournon allait faire valoir devant le Tribunal administratif
de Clermont-Ferrand que ces passages étaient « de nature à alimenter une
haine grandissante à l’égard de la communauté juive ». Laissons ici la
parole au journaliste de La
Montagne :
Réponse du tribunal quatre heures plus tard : ces
extraits sont « particulièrement regrettables », mais ils « ne
représentent que quelques courts instants et ne peuvent être regardés comme
caractérisant pour l’essentiel le contenu de ce spectacle. Autre motif central
invoqué par Bernard Pasciuto, l’édile socialiste, pour justifier l’interdiction
de la prestation : le risque de trouble important à l’ordre public.
« Chimérique et illusoire », avait rétorqué Me Jacques
Verdier [l’avocat de Dieudonné]. « Disproportionné et infondé », avait
surenchéri Me Joly, l’autre avocate de Dieudonné » […]. Là encore,
la voix de la défense a été entendue par le tribunal. […] Conclusion cinglante
du magistrat : « Le maire de Cournon a porté une atteinte grave et
manifestement illégale à la liberté d’expression et à la liberté de réunion. »
Le
maire socialiste, se rappelant alors le précédent créé en 2014 par Bernard
Stirn, arrière-petit-neveu d’Alfred Dreyfus et conseiller d’Etat, dépose une
requête à Paris auprès du Conseil d’Etat en espérant que celle-ci sera examinée
par un magistrat aussi complaisant que l’avait été B. Stirn. Surprise !
Nicolas Boulouis, juge des référés au Conseil d’Etat, confirme le jugement de
Clermont-Ferrand. Sa décision, prise à Paris, tombe à 18h. Or le spectacle est
prévu pour commencer à 20h, près de Clermont-Ferrand.
Vers
19h15, nous parvenons, mes amis et moi, au Zénith. Nous apprenons avec
soulagement que le spectacle est autorisé et qu’il commencera à l’heure prévue.
Nous pénétrons dans une vaste salle à demi pleine de spectateurs. Dieudonné
va-t-il jouer devant une audience aussi réduite, lui qui ne connaît que des
salles bondées de spectateurs enthousiastes ? Apparemment, ce soir-là,
beaucoup ont peut-être renoncé à venir, estimant que le spectacle serait
interdit ou que le Conseil d’Etat rendrait trop tard sa décision. Ce que
certains savent, c’est que Manuel Valls a été vu, dans la journée, sortant … du
Conseil d’Etat ! Si la nouvelle se confirmait, les avocats de Dieudonné
seraient en droit de porter plainte contre une telle intrusion du pouvoir
exécutif dans ce haut-lieu du pouvoir judiciaire.
A
20h précises, le spectacle commence. La salle est maintenant comble. La « bête
immonde » fait irruption dans l’arène. 1 500 personnes sont émues comme
jamais par l’héroïsme d’un prodige de la scène qui, au terme d’une pleine année
d’incessants combats et à la fin d’une journée exténuante, a trouvé la force de
tenir parole et de venir « jouer la comédie ». Si jamais le Conseil
d’Etat avait confirmé l’interdiction tant redoutée, Dieudonné aurait
probablement été contraint de quitter la scène, du moins en France. Aurait-il
pu continuer de jouer, tout près de la place de la Bastille, au Théâtre de la
Main d’Or ? J’en doute. Les propriétaires des lieux, des Israéliens,
auraient eu beau jeu de se voir confirmer par une quelconque instance
judiciaire le droit de l’expulser. Après le spectacle, le plus souvent hilarant
et quelquefois poignant, je rends visite à Dieudonné dans sa loge ; Mérée
Drante m’accompagne ainsi que Dimitri.
Champagne ! Notre héros nous le confirme : la date du 6 février 2015
restera dans les annales de sa geste comme celle d’un nouvel envol de Dieudonné
vers toujours plus d’audace et d’énergie en faveur de la liberté et contre la
censure *.
La
presse qui se qualifie de « grande » en est quitte pour prendre le
deuil, sans ostentation et en silence. 6 février 2015
* A ce titre, je
recommande, de Maître Zohra Mahi, Dieudonné, « La parole est à la
défense », Collection dirigée par Alain Soral, Kontre Kulture,
2014, 149 p., 13€.
NB du 9 février 2015 : Rien de plaisant et de significatif comme la discrétion de
notre « grande » presse quant à la décision rendue en faveur de
Dieudonné par le juge des référés en Conseil d’Etat. Pour sa part, le journal La
Montagne a eu l’honnêteté de consacrer deux articles aux péripéties de
l’affaire et à sa conclusion : d’abord, celui,
susmentionné, du 6 février ; surtitré : « Puy-de-Dôme : Le
tribunal administratif de Clermont-Ferrand a tranché hier », il est
titré : « Portes ouvertes pour Dieudonné » ; puis, celui du
7 février ; surtitré : « Dieudonné : Son spectacle au
Zénith autorisé par le Conseil d’Etat », il est titré :
« Contraint à la version allégée ». Dans ce dernier article, deux
passages retiennent l’attention :
1) Par ailleurs, les avocats de Dieudonné
ont rappelé que le spectacle prévu à Cournon était une « version light »,
c’est-à-dire expurgée des propos qualifiés de « regrettables », à
savoir les mots : juif, Shoah, camp de concentration, Auschwitz-Birkenau
et même ananas ;
2) Dieudonné, une fois sur scène, s’est
largement installé dans le rôle de victime, affichant sans subtilité son mépris
pour le maire de Cournon ou le Conseil d’Etat. Il a pris soin de ne pas
respecter les réserves sémantiques pourtant avancées par ses avocats.
NB du 11 février 2015 : Dans sa chronique « Vu du Web », le
journal La Montagne ouvre ses colonnes au pour et au contre :
Le
spectacle de Dieudonné a eu lieu au Zénith d’Auvergne
1) « Très bon spectacle, très bon moment. Au moins il a le
courage de dire tout haut ce que les gens pensent tout bas. Son spectacle n’a
rien d’antisémite. Il est préférable de voir un humoriste tel que lui plutôt
que des rappeurs qui ont des textes bien plus vulgaires et qu’on laisse
s’exprimer à tout va, même s’il y a souvent débordement. Au moins là tout s’est
parfaitement déroulé sans aucun incident. Bravo encore Dieudo ! » soleil3349 (via
lamontagne.fr)
2) « Le maire n’a fait que son devoir là où certains ne
brandissent que des droits grâce à la tolérance des institutions. Aucune
commune mesure avec Charlie où le meurtre par les armes a été utilisé par une
puissance terroriste, aucun rapport. C’est le blasphème interdit en droit
français qui a assassiné Charlie. Ici nous sommes dans un Etat de droit qui n’a
vraiment pas de leçons à recevoir sur les libertés, et qui doit chercher à
protéger des personnes influençables contre le négationnisme ». Jary (via lamontagne.fr)