Le 17 juillet 1977, Jacqueline Piatier,
journaliste du Monde, m’adressait une lettre manuscrite dont, jusqu’à présent,
j’ai tu l’existence. Cette lettre est antérieure d’un an et demi à la publication dans Le Monde, le 29 décembre 1978, de ma tribune sur « ‘Le problème des chambres à gaz’ ou ‘la rumeur d’Auschwitz’ », un texte qui
mettra le feu aux poudres de la Shoah. Les temps ont bien changé. Dans la
propagande shoatique la magique chambre à gaz s’est effacée à tel point que les
historiens, en France et à l’étranger, ne la mentionnent plus que du bout de la
plume. Aussi la rétrospective du 21 août 2012, intitulée « 29 décembre
1978 / Le jour où Le Monde a publié la tribune de Faurisson »,
ressemble-t-elle à un faire-part d’enterrement des chambres à gaz. Cette
rétrospective est rédigée par une journaliste people qui, totalement ignorante
du sujet, en est réduite à l’imprécation. Mais Yahweh entendra-t-il les cris de
vengeance qu’elle pousse ainsi à la fois contre Faurisson et contre les
journalistes qui, en 1978, lui ont ouvert les portes du Monde ?
Faurisson et ses quarante
imperfections ou péchés
Ariane Chemin (à ne pas confondre avec sa
collègue Anne Chemin) est le nom de la dame qui m’a trouvé au moins quarante
imperfections ou péchés qu’elle dénonce dans les passages où figurent les mots
suivants: 1) « mégalomane », 2) « thèses délirantes », 3)
« prétendant », 4) « comédie », 5)
« pétaradant », 6) « abreuve », 7)
« autoritaire », 8) « sans succès », 9) « atterrissent
à la poubelle », 10) « Les redresseurs de morts » [Nadine
Fresco], 11) « marginalité », 12) « l’énormité des thèses »
[Bruno Frappat], 13) « inanité de son propos », 14)
« quinquagénaire fluet », 15) « ce nostalgique de Pétain »,
16) « non issu de la gauche, comme il le prétend », 17) « est un
menteur professionnel », 18) « a déjà eu maille à partir avec
l’éducation nationale et la justice », 19) « un provocateur
né », 20) « adore se victimiser », 21) « monstre
idéologique », 22) « une mauvaise odeur de ‘mensonge’», 23) « Le mensonge » de ses pareils,
« Tout cela paraît si stupide, si fantastique, si monstrueux de bêtise
autant que d’ignorance qu’on est tenté de jeter cette soi-disant brochure (…)
et de n’y plus penser. Eh bien ! On aurait tort ! » [Pierre Viansson-Ponté en 1977 au sujet d’une brochure révisionniste], 24) « procédurier
tatillon », 25) « obsessionnel et hypermnésique », 26)
« graphomane », 27) « son fatras pseudo-scientifique », 28)
« est publié presque par effraction », 29)
« falsificateur », 30) « dialecticien retors », 31) [Pierre
Vidal-Naquet dans] Les Assassins de la Mémoire, 32) « négationnisme »,
33) « monomaniaque », 34) « avançait masqué » [Laurent
Joly], 35) « [Les historiens] ont réduit à néant les fantasmagories de
Faurisson et de son fan-club antisémite », 36) « ce ‘faussaire de
l’Histoire’, comme l’a appelé Robert Badinter », 37) « n’est plus
qu’un protagoniste de la rubrique Justice », 38) « un bouffon qui se
produit sur les estrades avec Dieudonné », 39) « l’invité de marque
du président Ahmadinejad à Téhéran », 40) « Plus jamais un
‘professeur’ ».
Une lettre, révisionniste,
de J. Piatier
J. Piatier (1922-2001) est entrée au Monde
en 1945. En 1967, elle fonde Le Monde des livres. Le 17 juin
1972, elle assiste à ma soutenance de thèse dans l’amphithéâtre Richelieu de la
Sorbonne sur « la Bouffonnerie de Lautréamont », c’est-à-dire sur la
bouffonnerie d’Isidore Ducasse (1846-1870), auteur des Chants de Maldoror par le Comte de Lautréamont. Le 23 juin, elle
signe un compte rendu élogieux à la fois de la thèse et de la soutenance. Cinq
ans plus tard, je lui envoie un texte résumant la conclusion de mes recherches
sur les prétendues chambres à gaz nazies. On trouvera ci-après sa réponse que je ne
pouvais pas divulguer de son vivant sans lui faire courir de graves risques
aussi bien professionnels que personnels et physiques. J’en souligne les deux
passages sacrilèges.
La Rédaction Paris 17 juillet 1977
Cher Monsieur,
Votre
texte est arrivé pendant mes vacances ce qui vous explique mon retard à vous
répondre. Je connaissais déjà votre thèse sur les Chambres à gaz. Elle est
virulente. Il se peut qu’elle soit vraie et aille un jour rejoindre au pays des
légendes ces histoires d’enfants aux mains coupées par les Allemands qui couraient
après la guerre de 14.
A
moins qu’il ne paraisse un ouvrage sur la question (comme le livre américain
que vous me signalez – mais il est déjà ancien [1])
le Monde des livres n’est pas le lieu pour ouvrir une telle
polémique et surtout pendant les vacances, où l’on peut difficilement se procurer
les références nécessaires.
Mais
je garde votre note. Un jour ou l’autre, peut-être, j’y aurai recours. C’est
un fameux lièvre que vous levez.
Croyez
à mon bon souvenir. Jacqueline Piatier
Le piquant de l’affaire est qu’A. Chemin,
dans son libelle de 2012, fait compliment à J. Piatier, décrite sous les traits
d’une femme « énergique et audacieuse », de m’avoir traité de
« professeur pétaradant » comme s’il s’agissait d’un défaut de plus
de l’ignoble et nul Faurisson. En réalité, comme le montre le contexte, J.
Piatier trouvait la soutenance comparable à un « pétaradant » feu
d’artifice ! Elle concluait : « On ne peut nier que [M.
Faurisson] ait mis le doigt sur quelques-uns de nos maux et qu’il fasse régner,
là où il passe, une bonne santé mentale et verbale que la jeunesse trouve à son
goût » (« Maldoror entre M. Prudhomme et M. Fenouillard » (23
juin 1972, p. 13, 15) [2].
Au journal Le Monde mes découvertes
sur le mythe des chambres à gaz nazies rencontraient alors – et, pour certains
qui sont toujours parmi nous, rencontrent encore
aujourd’hui – un
vif intérêt auprès d’autres journalistes que J. Piatier. Je me réserve de
fournir des noms ainsi que de révéler un certain document en possession du Monde
dont la publication riverait leur clou à ceux et à celles qui, sachant que j’ai
été la victime de dix agressions physiques en raison de mes travaux révisionnistes, ont l’aplomb soit d’écrire, soit de
clamer : « [Faurisson] adore se victimiser ». J’ai la faiblesse
de croire que ce document ferait honte aussi bien à certains de ceux qui
traquent et chassent les révisionnistes qu’à ceux qui, par leur couardise,
laissent le champ libre à la meute. En
attendant, chez les historiens, la magique chambre à gaz ressemble de plus en
plus à ce qui nous reste d’Ariel Sharon depuis six ans, à Jérusalem, dans une
chambre d’hôpital : elle se meurt, elle est morte. Qu’on s’en avise enfin
et qu’on se le dise, au Monde et
ailleurs ! [3]
27 août 2012
[1] Arthur
Robert Butz, The Hoax of the Twentieth Century (La Mystification du vingtième siècle), GB, Historical Review
Press, 1976.